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    Karyn Kusama

    Cette année, elle a mis KO Sundance et Deauville. Un méchant uppercut signé Karyn Kusama, cette jeune réalisatrice qui a mis son coeur et ses poings pour "Girlfight".

    AlloCiné : Si vous n'aviez pas été réalisatrice, qu'auriez-vous fait ?

    Karyn Kusama : Si je n'avais pas été réalisatrice, je pense que j'aurais essayé d'être "a chaff" ou d'écrire de petites histoires.

    Le premier film que vous ayez vu sur grand écran

    Celui dont je me souviens et dont j'étais excitée à l'idée de le voir sur grand écran, était le remake de King Kong [film de John Guillermin - 1976 NDLR] avec Jessica Lange et Jeff Bridges.

    Votre réalisateur de référence

    C'est vraiment très difficile de choisir mon réalisateur préféré... En ce moment, je pense qu'en fait, il s'agit de Claire Denis. Elle est très audacieuse, et fait des films très personnels, ce qui est très intéressant, car elle a une qualité obsessive que j'apprécie.

    Votre plus grand regret professionnel

    Professionnellement, j'essaie de ne pas avoir de regrets. Mais, je crois que mon plus grand regret, honnêtement, est d'avoir subi toute cette pression pour faire la bande-originale de mon film, avec toutes ces chansons pop... On ne me reprendra plus à faire des choses aussi stupides.

    Votre meilleur souvenir professionnel

    Waow... je crois que l'un de mes meilleurs souvenirs est d'avoir été à Cannes cette année pour présenter mon film à la "Quinzaine des Réalisateurs". Etre entourée des acteurs, de l'équipe technique, être là à voir ce que ressent le public et sentir qu'il y avait vraiment un engouement international. C'était vraiment très émouvant.

    Votre film de chevet

    Je ne pourrais pas vraiment vous répondre... En ce moment, c'est peut-être Safe de Todd Haynes [drame psychologique de 1984 avec Julianne Moore NDLR], ou Le Conformiste de Bertolucci.

    Votre plus grand désir

    Ma mission dans la vie est maintenant de vivre honnêtement et de trouver une voie authentique, de travailler, d'atteindre les objectifs, d'être engagée dans le monde, et d'essayer de ne pas être happée par la célébrité ou la gloire.

    La rencontre déterminante dans votre carrière

    Je pense qu'en fait, l'une des personnes les plus importantes que j'ai jamais rencontrée dans ma carrière, aussi courte soit elle, est John Sayles, un réalisateur américain indépendant ["Limbo" 1999 - "Men with Guns" 1997 - "Lone Star" 1996 NDLR]. Il est probablement la personne qui m'a le plus influencé. Il est en quelque sorte mon mentor. Lui et sa partenaire Maggie Renzy ont financé Girlfight. Donc, sans lui, je ne pense pas que je serais là à vous parler.

    En résumé, "Girlfight"...

    Je crois que Girlfight est l'histoire d'une fille de tous les jours, qui se bat pour se comprendre elle-même et de trouver le respect, la tendresse et l'amour.

    Comment est née l'idée du film ?

    Elle est venue du fait que j'adore la boxe. J'ai moi-même pratiquer la boxe, il y a quelque temps. J'ai trouvé que sur le ring, c'est un endroit tout à fait différent, où émergent des idées. J'ai juste pensé qu'il serait intéressant de raconter une histoire sur une femme très forte et très compliquée, et de la voir tomber amoureuse qui va devenir son adversaire.

    La performance de Michelle Rodriguez, l'héroïne de "Girlfight" est impressionnante et ahurissante de justesse. Elle crève l'écran...

    Michelle Rodriguez est, je crois, l'une des nouvelles figures très intéressantes dans la catégorie des actrices. Je crois qu'elle peut vraiment être très, très douée. Elle a un vrai don de la mimique, et est un peu fofolle sur un plateau de tournage. Je me souviens que si vous connaissiez "Southpark", elle n'arrêtait pas de hurler les chansons de ce dessin-animé.

    C'est vraiment incroyable de travailler avec elle. Elle est très disciplinée, un peu plus déterminée que ce que j'avais envisagé. J'espère que si elle fait des bons choix de projets, elle va devenir une énorme star.

    Michelle Rodiguez n'était pas chaude pour passer l'audition. Elle n'avait aucune expérience, ni devant la caméra, ni sur un ring de boxe...

    C'est exact. Michelle est quelqu'un de naturel. Elle était à même d'interpréter le personnage de Diana Guzman, cette adolescente rebelle et sauvage. Elle s'est alors entraînée pendant quatre mois et demi pour le rôle. Un entraînement physique assez dur.

    Comment définir "Girlfight" ?

    Je pense que jusqu'à un certain degré, c'est quelque chose de fénministe, naturaliste. Une histoire mélodramatique en quelque sorte, mais qui est très simple, directe, satisfaisant émotionnellement pour le public.

    Que représente pour vous ce "Girlfight" ?

    Cela représente tout simplement ma première sortie, mon premier essai de faire un film, d'attirer le public. C'est juste le début. Enfin, je l'espère.

    Vos réactions après avoir reçu deux prix au dernier Sundance 2000 ["Grand Prix du Jury - Prix de la mise en scène"] ?

    Les gens étaient si réceptifs sur le film. J'étais un peu choquée. C'était vraiment génial de recevoir des prix, et d'être reconnue. Et ce n'était que le début d'une longue route avec ce film.

    Une anecdote de tournage

    Il y en a tant... A un moment, on discutait de l'idée qu'aucune fille de la taille de Michelle ne pourrait frapper quelqu'un d'aussi grand que celui qui joue son père, Paul Calderon [Copland, La Firme, Girl 6... NDLR]. Dans le film, quand ils se battent, quand ils se confrontent physiquement, à la première prise, Michelle l'a frappée. Elle a raté ses marques, et l'a touché, lui déboitant se mâchoire. Personne ne sait que c'est arrivé, mais quelques jours après, Paul a du aller à l'hôpital. A ce moment là, on a réalisé que Michelle était vraiment très forte.

    Etre une femme et faire un film sur la boxe est "risquée". Pourquoi avoir voulu aborder le thème de la boxe ?

    J'aime beaucoup la boxe, car c'est une belle confrontation entre vous et votre adversaire. Mais, aussi, entre vous et vous-même. Vous regardez en vous pour trouver le meilleur moyen de vous sortir du trou, de trouver la meilleure stratégie. D'avoir une maîtrise de soi. Je crois que la boxe est très proche de la vie, en fait.

    J'utilise le monde de la boxe comme une métaphore, une sorte de parallèle entre le combat sur le ring et celui qu'on mène dans la vie. Je cherche à utiliser cette violence physique pour la canaliser et en faire une énergie créative.

    Quel est votre boxeur préféré ?

    J'adore beaucoup de boxeurs. Mais, je crois que mon préféré quand on parle de ce film et qui m'a beaucoup influencé est Roberto Duran [boxeur panaméen 49 ans - 5 titres de Champion du Monde super-moyen - 103 victoires, 15 défaites NDLR].

    Vous avez toujours voulu être réalisatrice ?

    Je pense que j'ai voulu faire des films depuis un très jeune âge, vers les 12-13 ans.

    Vous avez triomphé à Sundance. Que pensez-vous de la situation actuelle du cinéma indépendant US ?

    Il semble que le cinéma indépendant est un terme assez générique. Il semble donc que là-dessous, il y ait plus d'endroits où faire des films intéressants. Ils ne sont toujours pas réalisés, mais au moins, on a l'opportunité d'être plus personnel, excentrique mais aussi plus défiant envers le public.

    Et le cinéma français, vous aimez ?

    Comme je l'ai dit, j'adore Claire Denis. Récemment, j'ai vu et adoré Les Roseaux Sauvages de Téchiné, mais aussi Gouttes d'eau sur pierre brûlante de François Ozon. Je l'ai trouvé très intéressant. J'ai beaucoup aimé L'eau froide d'Olivier Assayas avec la belle Virginie Ledoyen.

    Vos prochains projets

    Mon prochain projet est un peu différent de Girlfight. Je réfléchis à un mélange d'horreur et de science fiction. je n'ai pas encore de titre. Je le coécris avec un ami, et c'est une histoire très sauvage que je ne peux pas encore raconter.

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