Nikita Mikhalkov projette d'ajouter un nouveau chapitre au film Soleil trompeur, Grand Prix du Jury à Cannes en 1994. Ce drame évoquait la terreur des purges staliniennes de 1936 par l'entremise d'un ancien colonel de l'Armée Rouge victime du pouvoir totalitaire. Mikhalkov reprendrait l'intrigue au moment où la fille de cet homme, Nadia, atteint l'âge adulte et s'engage comme infirmière au secours des soldats soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale. Nadezhada Mikhalkova, la propre fille du réalisateur, interprèterait à nouveau le rôle de Nadia qu'elle jouait petite dans Soleil trompeur.
L'héroïne s'aventurant sur les lieux des affrontements, une reconstitution de bataillons entiers avec force explosions et multiples figurants est envisagée. En habitué des grosses co-productions, Mikhalkov a déjà fait appel à Steven Spielberg pour soutenir un budget qui s'élèverait à 25 millions de dollars. Les compétences des Américains seraient également mises à contribution pour surmonter les difficultés techniques des scènes de combats.
Autrefois en lutte contre les poncifs du réalisme socialiste, Nikita Mikhalkov fait aujourd'hui figure de réalisateur classique et conservateur. Depuis la désagrégation de l'URSS, chaque nouveau film du cinéaste russe est un retour sur le passé de son pays. Mu par une profonde nostalgie de la Grande et Sainte-Russie, il tient des positions politiques proches de l'extrême-droite.
En entreprenant un longmétrage sur la Seconde Guerre Mondiale, Mikhalkov va se heurter au mythe soviétique de "la Grande Guerre patriotique" entretenu aujourd'hui par des communistes récalcitrants. Le peuple russe qui paya un lourd tribu à la victoire de l'URSS sur les Nazis reste encore profondément attaché à cet épisode glorieux de son Histoire.
Si la version qu'en donnera Mikhalkov ne correspond pas à la représentation populaire, ce prochain film risque de créer la polémique.A.C. avec l'AFP
