La réalisatrice de documentaires Yamina Benguigui, s'est attaquée à sa première oeuvre de fiction Inch'allah Dimanche. Après cinq semaines et demi à Saint-Quentin, en Picardie, et une semaine en Algérie, le tournage vient de se terminer. Le film est désormais en post-production et le montage devrait être achevé à la fin du mois.
La réalisatrice a voulu parler du regroupement familial de 1974. "C'est un film sur le choc des cultures mais aussi un hommage aux femmes algériennes qui ont quitté leur pays pour rejoindre leur mari. C'est grâce à elles qu'on a aujourd'hui toute une composante de la société française qu'on appelle les beurs et dont je fais partie", a-t-elle confié à AlloCiné.
Le film raconte les péripéties de Zouina, belle jeune femme brune d'une trentaine d'années, qui arrive de son Algérie natale avec ses trois enfants en Picardie. Elle vient rejoindre Ahmed, son mari, dont elle vit séparée depuis dix ans et qui est presque un inconnu pour elle. Il travaille comme ouvrier spécialisé dans une usine textile.
Pour les deux rôles principaux, l'auteur-réalisatrice s'est adressée à Fejria Deliba (Marie-Line de Mehdi Charef , La Bande des quatre de Jacques Rivette) et à Zinedine Soualem (Chacun Cherche son Chat de Cédric Klapisch, Banqueroute de Antoine Desrosieres). A leurs côtés, Jalil Lespert (Ressources Humaines de Laurent Cantet), lauréat en novembre 2000 de l'Hippomène du Meilleur jeune comédien au Festival de Béziers pour son interprétation dans Un Dérangement Considérable de Bernard Stora, joue le rôle d'un chauffeur de bus. France Darry et Roger Dumas (Chouans ! de Philippe De Broca) interprètent un couple de retraités, voisins d'Ahmed, perturbés par l'arrivée de Zouina et de ses enfants. Marie-France Pisier (Marion de Manuel Poirier), l'humoriste Fellag et Mathilde Seigner (Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll) sont également présents. "J'avais très envie de travailler avec Mathilde or c'est quelqu'un de très pris actuellement. Elle a accepté car elle a eu un véritable coup de coeur pour le scénario", raconte Yamina Benguigui. "C'est extraordinaire ce qui s'est passé avec le film, tous les acteurs et les techniciens étaient enthousiastes."
Auteur pour la première fois d'une oeuvre de fiction, elle avait déjà réalisé une série de documentaires pour la télévision française en 1994 et 1995 (Femmes d'Islam ; La Maison de Kate, un lieu d'espoir). Dotée de plusieurs cordes à son arc, c'est elle qui avait produit le clip de George Michael Too Funky réalisé par Thierry Mugler et qui était à l'initiative des défilés de mode live de Paris Première. Mais Yamina Benguigui est surtout connue pour Mémoires d'Immigrés, l'Héritage Maghrébin, une approche de l'immigration à travers les témoignages émouvants de trois générations. Un documentaire en trois volets qui a suscité des centaines de débats dans toute la France. Le film, diffusé sur Canal + en 1997, puis en salle en 1998, a reçu le Sept d'Or du Meilleur documentaire. La réalisatrice a ensuite présenté brièvement avec Gilles Schneider l'émission Place de la République sur France 2.
Avant de se lancer dans Inch'allah Dimanche, elle a d'abord réalisé un court-métrage. Pimprenelle a été tourné dans le cadre de Pas d'histoires - Douze regards sur le racisme au quotidien. Une initiative à laquelle a également participé Yves Angelo, Philippe Jullien, Catherine Corsini ou Vincent Lindon. Pimprenelle raconte l'histoire d'une mère qui invite une fée à la fête d'anniversaire de sa fille. Or la fée, d'origine marocaine, a du mal à être acceptée. "Je suis tout de suite tombée amoureuse du scénario car il montrait le côté pernicieux du racisme", explique la réalisatrice. Tout comme pour ses précédents documentaires et Inch'allah Dimanche, elle a fait appel à Bandits Longs, producteur spécialisé dans les films de société.
M-C.H.
