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    Interview : Mike Leigh pour "All or nothing"

    Après six ans d'absence, Mike Leigh revient avec "All or nothing", un beau film réaliste, regard profond sur une détresse et un espoir (en salles depuis le 13 novembre). Confidences...

    L'humour pour s'échapper

    Mike Leigh : Je ne trouve pas que l'humour serve particulièrement d'échappatoire ou de véhicule d'expression. À mes yeux, la vie peut être tragique tout comme elle peut être comique. La vie est composée de tranches tragi-comiques, où le tragique et le comique s'entrelacent. La vie est ainsi. Alors, quand je réalise un film, tout naturellement, il y aura des choses drôles et des choses tristes. C'est comme ça.J'essaye de faire des films qui paraissent réalistes à l'écran. Et, qui dit réaliste, dit tragique et comique.

    Des personnages en mal d'amour

    Ce n'est pas forcément lié. Le besoin d'amour, la violence et le besoin de contact entre personnes ne sont pas exclusivement propres au milieu ouvrier, pas plus qu'à l'Angleterre, la Grande Bretagne ou l'Europe. C'est propre à la nature humaine dans le monde entier. Ceci dit, il est vrai que All or nothing est l'histoire de personnes dont la vie est très difficile parce qu'elles appartiennent à une des classes sociales les plus pauvres. Elles ont des difficultés sociales et financières. Et, c'est sûr que cela ne facilite en rien leur existence. Or, ce serait absurde de supposer que ce genre de problèmes émotionnels sont propres à la classe ouvrière, car c'est loin d'en être le cas.

    Des enfants victimes

    Certes, les adolescents que l'on découvre dans le film sont agressifs, ayant été victimes de violence et d'agression dans la rue. Mais, cela n'empêche qu'ils ont tout de même besoin d'amour, d'affection, besoin d'être compris.

    Adhérer aux personnages

    C'est fort possible. Il y a certaines personnes misanthropes et mesquines qui n'arrivent pas à aimer les personnages. Mais, je dirais que ces mêmes personnes sont incapables d'aimer qui que ce soit (rires). Mais, j'aime à penser que dans l'ensemble, un public ouvert et sensible, ou du moins un spectateur ouvert et sensible, pourra s'identifier aux personnages, s'attacher à eux et les aimer. C'est l'effet que je recherche. Le cinéma rend ce genre d'entente possible. C'est donc ce que j'essaye d'accomplir.

    Tous égaux ?

    Je crois en la société, en la démocratie. Je crois que les hommes sont réellement égaux. Je ne suis pas un romantique. Je ne cherche pas non plus à installer un régime pseudo-hitlérien ou pseudo-maoïste, où la société serait démantelée et ré-ordonnée de façon stricte, pour synthétiquement créer des situations sociales qui ne sont pas vraiment naturelles. Autrement dit, les hommes sont comme ils sont. Voilà de quoi parle le film.

    Propos traduits par Camille Joubert

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