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    Berlin 2003 : ouverture de rideau

    Le 53e Festival de Berlin s'ouvre ce 6 février avec "Chicago". AlloCiné a interrogé son directeur Dieter Kosslick. Plongée au coeur de la "Berlinale".

    Directeur du Festival de Berlin depuis 2001, Dieter Kosslick confie ses projets et ses aspirations à l'aube de la 53e Berlinale, qui s'ouvre ce 6 février sur la comédie musicale événement Chicago. Des vedettes attendues à la mission de tolérance de la manifestation, retour en sa compagnie sur cette édition 2003...

    AlloCiné : Comment le Festival de Berlin se situe-t-il par rapport aux autres grands festivals internationaux, notamment Cannes et Venise ?

    Dieter Kosslick : Avec le Festival de Cannes, nous sommes les deux plus grands festivals du monde. Cannes arrive en première place, nul n'en doute, surtout pas moi ! Mais Berlin se caractérise par un profil bien spécifique : il apparaît comme une manifestation importante pour les néophytes et les spectateurs, aspect qui diffère des autres festivals, et environ 150 000 billets sont destinés au public chaque année ; en outre, nous proposons diverses catégories, cinéma indépendant, le Kinderfilmfest réservé aux enfants, le Marché du film européen, ainsi que des catégories plus récentes, telles que le Berlinale Talent Campus, le Panorama et le Forum... C'est un immense festival qui revêt de multiples fonctions. En somme, Berlin est un festival professionnel qui combine glamour, divertissement, ainsi qu'un programme engagé.

    Berlin semble plus ouvert au cinéma américain que son homologue de Cannes. Est-ce une vraie volonté ?

    Cette année, nous allons présenter un très grand nombre de films américains. L'an passé, nous en avons montré sept... Cela s'explique tout simplement par le fait que les films soumis pour le Festival de Berlin nous ont beaucoup plu. Le cinéma américain est actuellement très intelligent. Nous avons réussi à établir une sélection de premier choix, alors pourquoi s'en priver ? C'est en effet parfaitement volontaire, et si je n'en étais pas convaincu, nous en aurions présenté moins. Nous avons exactement la même approche avec le cinéma allemand, français... Je ne sais pas s'il est possible d'exercer une pression sur un directeur de festival quant à la sélection d'un film. En tout cas, je suis très heureux de la sélection de cette édition. Une majorité de ces films ont été récompensés aux : c'est véritablement du divertissement intelligent.

    Depuis 2000, le Festival se déroule sur la Potsdamer Platz, au coeur de la ville. Pourquoi ce changement ? Comment les Berlinois se situent-ils par rapport au Festival ?

    C'est mon prédécesseur, Moritz De Hadeln, qui a organisé le déplacement de l'ancien siège du Zoo-Palast à la Potsdamer Platz, nouveau centre de Berlin. À l'origine, c'était une décision du gouvernement allemand dans le cadre de la restructuration du centre de la ville après la chute du Mur, avec l'idée de trouver un tout nouvel endroit, qui se situe à présent en plein centre-ville : l'endroit idéal pour un festival. Tout est réuni dans un même lieu : les salles de cinéma, les salles d'exposition, les restaurants, les hôtels... On peut tout faire à pied. Ce fut une excellente idée ! Quant aux Berlinois, ils trouvent ça formidable. Ils adorent se rendre sur Potsdamer Platz. Après trois ans, tout le monde s'est parfaitement accoutumé à ce nouvel emplacement... Un tel déménagement est en principe très difficile à réaliser quand il s'agit d'un festival de cinéma, et il faut que le public prenne de nouveaux repères. Nous sommes ravis de ce changement.

    Vous êtes directeur du Festival de Berlin depuis 2001. Quels sont les changements que vous avez apportés et ceux que vous voulez apporter à l'avenir ?

    Le plus gros changement apporté l'année dernière a été la création d'une nouvelle catégorie : Perspektive Deutsches Kino. C'était ce que tout le monde attendait de moi, dans le but de promouvoir davantage le cinéma allemand. Cette nouveauté a remporté un vif succès : plus de 20 000 jeunes spectateurs sont venus découvrir les nouveaux réalisateurs du cinéma allemand. En plus des quatre films allemands en compétition, cette catégorie était la nouveauté la plus flagrante. Cette année, nous avons créé le Talent Campus international pour les jeunes cinéastes. 500 personnes du monde entier y sont conviées, alors que plus de 2 000 personnes ont demandé à y participer. Le Berlinale Talent Campus se déroulera sur un durée de cinq jours. Seront présents des professionnels du cinéma, tels que Wim Wenders, Stephen Frears, Mike Figgis et d'autres réalisateurs, qui pourront discuter de cinéma avec les jeunes cinéastes et leur apporter leur vision personnelle de cet univers. C'est le changement majeur apporté à l'édition 2003 du Festival.

    Quels sont vos attentes et vos objectifs pour l'édition 2003 du Festival de Berlin?

    Nous voulons que le Festival soit un événement annuel ayant pour but de présenter des films de différents pays, avec leurs artistes et leurs cultures, dans un contexte de compétition pacifique. Notre devise l'an passé était : "Accepter la diversité". Cette année, ce sera : "Enseigner la tolérance". Nous ne sommes pas un simple festival de divertissement, nous visons également à évoquer la réalité dans laquelle nous vivons. Ce que le Festival de Berlin cherche à accomplir est de réunir plus de 80 pays, ainsi que des milliers de spectateurs dans les salles de cinéma, dans le cadre d'une compétition pacifique. Nous voulons communiquer les points de vue de différents pays, avec leurs populations, leurs cultures, leurs religions, leurs milieux sociaux. Nous sommes, en premier lieu, un festival du film qui cherche à présenter différents talents artistiques. Mais nous voulons également transmettre un message de paix dans le monde, et non de guerre. Voilà donc ce que nous cherchons à accomplir avec notre programme cette année, ainsi qu'avec notre devise et le Talent Campus. Nous voulons transmettre aux jeunes les métiers du cinéma, tout en leur faisant prendre conscience de leurs responsabilités en tant qu'artistes et cinéastes.

    Quels sont les films et les vedettes attendus cette année ?

    Commençons avec le film d'ouverture Chicago : Richard Gere, Renée Zellweger, Catherine Zeta-Jones et le metteur en scène Rob Marshall ont annoncé leur présence. Nous présenterons également The Hours, avec Nicole Kidman, ou encore Adaptation, avec Nicolas Cage. Nous recevrons aussi Alan Parker, George Clooney, Kevin Spacey, Gong Li, Daniel Auteuil, Nathalie Baye, Dustin Hoffman tout comme de nombreuses vedettes allemandes.

    Propos recueillis et traduits par Camille Joubert

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