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    Deauville 2014 - Jour 5 : Ray Liotta, un Affranchi honoré
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Après John McTiernan, Deauville a rendu hommage à une autre grande figure du cinéma américain des années 90 : Ray Liotta. Dans le même temps, le public semble avoir trouvé son chouchou, et Freddie Highmore a répondu à nos questions.

    Olivier Borde / Bestimage

    Après son week-end culinaire, le 40ème Festival de Deauville digère un peu en ce mardi 9 septembre. Une journée qui aura toutefois été marquée par deux icônes du cinéma : l'Affranchi Ray Liotta, à qui un hommage a été rendu, et le jeune Norman Bates Freddie Highmore, membre du Jury Révélation Cartier.

    Le film du jour

    Droits réservés

    Alex of Venice de et avec Chris Messina - Avec aussi Mary Elizabeth Winstead, Don Johnson… - Avant-première

    "Regarde ta vie Alex. C'est un véritable foutoir." Difficile de mieux résumer les soucis de l'héroïne du premier long métrage de Chris Messina, vu notamment dans Away We Go, Argo et la série The Mindy Project : alors qu'elle lutte pour s'imposer en tant qu'avocate environnementaliste, son père est malade, sa sœur irresponsable, son fils trop peu sociable en classe et son mari veut aller voir ailleurs. Ce qui fait beaucoup pour une seule personne et même un seul film, qui ne marque pas de points en terme d'originalité, tant la famille dysfonctionnelle est presque devenue un cliché du ciné indé américain.

    Chris Messina a heureusement la bonne idée de ne pas charger la barque pour signer un film sobre et aussi lumineux que sa photo ensoleillée, dans lequel chacun tente de refaire surface. Assez pour le rendre agréable mais pas inoubliable, même si Alex of Venice peut s'appuyer sur ses interprètes : Mary Elizabeth Winstead, Katie Nehra (également co-scénariste) et Don Johnson, l'une des stars de ce Festival après sa prestation remarquée dans Cold in July.

    Étaient également présentés : 

    UGC Distribution

    The Better Angels (Compétition) - Abraham Lincoln feat. Terrence Malick : voici ce que les festivaliers ont pu découvrir avec ce long métrage, produit par le cinéaste et réalisé par le monteur de The Tree of Life, À la merveille et Knight of Cups. L'influence du metteur en scène de La Ligne Rouge se fait d'ailleurs sentir dans le récit en noir et blanc de trois des années de l'enfance du président selon les retours du public, plus emballé par la forme que le fond.

    The Good Lie (Compétition) - Après Toronto, c'est sur les planches de Deauville que s'est dévoilé The Good Lie, nouveau film du Québecois Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar). Soit l'histoire de quatre réfugiés soudanais, vainqueurs d'un tirage au sort pour s'envoler vers les États-Unis, et de leur rencontre avec une Américaine jouée par Reese Witherspoon. Un long métrage qui pourrait bien s'offrir le prix du public, vu le nombre de fois où "coup de cœur" ressort dans les avis des spectateurs.

    La star du jour

    Olivier Borde / Bestimage

    Les Affranchis, Copland, Narc. Mais aussi Hannibal, Mi$e à prix ou le récent Cogan - Killing Them Softly. Sans oublier sa participation à Sin City 2, en salles le 17 septembre. Dire que Ray Liotta a marqué l'histoire du cinéma par sa présence et sa "gueule" depuis ses débuts en 1980 relève un peu de l'éuphémisme, et les spectateurs présents lors de l'hommage qui lui a été rendu par le Festival ont pu le constater.

    Alors qu'il nous avait assuré, pendant l'interview qu'il nous a accordée quelques heures auparavant, qu'il serait "bref et concis", dans la mesure où il n'aime pas se "lever pour parler devant des gens", l'acteur n'a heureusement pas tenu parole. Après avoir été honoré comme il se doit par Vincent Lindon, auteur d'un discours plein de respect, d'admiration, de cinéphilie et d'auto-dérision, l'ex-Henry Hill de Martin Scorsese s'est même payé la phrase du jour lorsqu'il a remercié le maire et les organisateurs pour sa cabine de plage et invité "tout le monde à se mettre nu dedans."

    Je me sens mieux entre "Moteur" et "Coupez"

    "Je ne suis pas très à l'aise dans ce type de situation", a-t-il expliqué un peu avant. "Et je n'ai jamais vraiment voulu devenir acteur. Ce qui m'y a poussé, c'est qu'à la fac, en plus des activités culturelles, il fallait choisir des cours de maths et d'histoire. Je ne voulais pas en faire et j'ai vu qu'il y avait des cours de théâtre à côté, donc je me suis dit que j'allais être acteur.

    Comme l'a dit Vincent [Lindon, pendant son discours, ndlr] là où je me sens le mieux, c'est entre "Moteur" et "Coupez". J'aime jouer et tout ce qui va avec (...) Vous avez pu voir [dans le montage composé à partir d'extraits de ses films, ndlr] que j'ai joué beaucoup de gros durs, alors que je ne me suis jamais battu de ma vie." Un faux dur donc, doublé d'un acteur par accident, qui a conclu en souhaitant un joyeux 40ème anniversaire au Festival et fait part de son envie d'y revenir autant que possible.

    Au micro

    Maximilien Pierrette / AlloCiné

    S'il ne s'est pas non plus éternisé sur la scène du C.I.D., Ray Liotta a toutefois été un peu plus bavard en interview, où il est revenu sur quelques-uns des aspects de sa carrière.

    Des premiers aux seconds rôles

    "Une carrière connaît des hauts et des bas. Vous jouez des gentils, des méchants, vous avez des gros rôles, des petits aussi. Moi j'aime jouer à faire semblant, et ma carrière a été fluctuante. Et on vous écrit moins de rôles lorsque vous vieillissez. Les scénaristes sont davantage tournés vers le jeunes, et c'est pour cela que beaucoup d'acteurs se tournent vers le câble, car de grandes histoires y sont racontées actuellement. Donc ça va et ça vient."

    L'évolution du cinéma

    "L'industrie a beaucoup changé et les studios recherchent davantage les gros blockbusters que les films indépendants personnels. Il y en a vraiment moins qu'auparavant, et leurs auteurs se tournent vers la télévision car ils y ont la possibilité de raconter une histoire complexe et intéressante sur treize épisodes. Les choses sont ainsi maintenant : les studios dépensent quelques 200 millions de dollars pour un film, sans compter la publicité, ce qui est énorme.

    L'été a toutefois montré que, si le système n'est peut-être pas mort, les gens commencent à en avoir marre de voir les mêmes choses. Il y a tellement d'argent en jeu que cela devient une formule, qu'ils réutilisent à l'infini, si bien que l'on sait exactement comment les choses vont se terminer. La seule différence réside dans leur façon de créer un monstre.

    Les studios se foutent que ce soit artistique, bon ou mauvais

    J'espère que le système va finir par exploser [comme l'avaient prédit Steven Spielberg et George Lucas l'an dernier, ndlr], comme ça nous reviendrons à des histoires plus captivantes. Cet été, la vente de tickets de cinéma a baissé de 15% : ça doit vraiment faire mal aux studios d'investir autant dans des films qui ne leur rapportent pas autant.

    Peut-être que les choses vont changer et qu'il vaut mieux produire plusieurs de films à moyen budget qu'un seul gros, mais tout le monde chercher à atteindre le milliard de dollars de recettes dans le monde, pour que les éxécutifs puissent garder leur travail. Ils ont là pour répondre à leurs supérieurs qui ne sont là que pour se faire de l'argent. Ils s'en foutent que se soit artistique, bon ou mauvais, tant que ça rapporte. Donc j'espère que [Steven Spielberg et George Lucas] ont raison, pour être honnête."

    C'est une industrie assez dingue

    Sa méthode de travail

    "Je travaille beaucoup à la maison, car je sais quelles sont les demandes et les intentions de l'histoire. Peut-être que d'autres acteurs ne font pas la même chose et arrivent sur le plateau sans préparation, auquel cas il faut qu'on leur dise quoi faire. Mais il est important d'être autonome, car un bon réalisateur ne l'est pas forcément avec les acteurs. Ça peut causer quelques soucis car certains sont bons, d'autres nettement moins." 

    Un rôle moins connu qui lui tient à cœur

    "Il y a le film The Identical, basé sur la foi et qui n'a pas très bien démarré aux États-Unis [où il est sorti le 5 septembre], et dans lequel je joue un prêtre, ce qui m'a beaucoup plu. Il y a aussi mon rôle dans Narc de Joe Carnahan. Ou la comédie Beautés empoisonnées avec Gene Hackman et Sigourney Weaver. J'en ai encore quelques autres, dans des films qui ont plus ou moins bien marché. C'est une industrie assez dingue."

    Ray Liotta a également démenti le fait d'avoir refusé le rôle principal des Soprano, mais a confirmé qu'il avait bien été approché pour jouer l'un des personnages et qu'il n'avait pas voulu s'enfermer dans les rôles de méchants : "Même quand vous jouez des gentils et des méchants, les gens ne retiendront que les méchants", nous dit-il.

    Parole de juré

    Maximilien Pierrette / AlloCiné

    On l'a découvert en source d'inspiration de l'auteur de Peter Pan dans Neverland, puis vu dans les couloirs de la Chocolaterie de Tim Burton, avant de le voir prêter ses traits au futur tueur en série de Psychose dans la série Bates Motel. Malgré son jeune âge (22 ans), Freddie Highmore possède donc une expérience plutôt solide, qu'il enrichit aujourd'hui en temps que seul membre anglophone du Jury Révélation Cartier de ce Festival de Deauville.

    "Oui, je pense que ça aide", répond-il dans un très bon français lorsqu'on lui demande si le fait d'être dans le milieu dès son plus jeune âge est un plus quand il s'agit d'être membre d'un jury. "Après je n'ai pas étudié les films, mais en avoir fait ma sans doute aidé un petit peu", termine-t-il après quelques éloges puis railleries au sujet de sa présidente Audrey Dana qui passe une tête par la fenêtre pour lui demander, en riant, de parler moins fort.

    L'état du cinéma américain

    "Le cinéma américain ne va effectivement pas très bien. Mais quand on regarde ici, on avait un film en farsi [A Girl Walks Home Alone at Night, ndlr] et un autre qui se passe au Soudan [The Good Lie, ndlr], donc c'est un tout, c'est très international en fait. Après je crois qu'il y a toujours cette différence entre les séries américaines et les films, mais il y a de moins en moins de distinction en ce qui concerne les acteurs, les projets et le niveau de qualité.

    Je crois qu'on a plus de temps sur les séries pour faire de grandes choses. Mais c'est le cinéma indépendant qui nous a montré que l'on peut tourner un film super en 20 jours ou un mois, chose que les séries ont répliqué jusqu'à un certain point : sur Bates Motel, il nous faut sept à huit jours par épisode, avec la même qualité qu'un film indépendant."

    Le cinéma américain est très international

    Ses projets

    "J'ai fait équipe avec l'un des scénaristes de Bates Motel pour écrire et produire une série l'année prochaine, mais nous n'en sommes qu'au stade de l'idée pour le pilote, donc on verra. Ensuite nous tournons la saison 3 jusqu'au mois de février, et je ne sais pas lequel des projets que j'ai je vais faire après."

    Des envies de réalisation ?

    "Oui. Réaliser et écrire un peu plus, c'est ce que je veux faire maintenant. Avant je n'étais qu'acteur et je faisais mes études en parallèle, mais maintenant j'aimerais faire autre chose et être impliqué dans un projet du début à la fin, en ayant l'idée et en étant présent pendant tout le processus."

    Freddie Highmore nous a également révélé qu'il aimerait tourner avec Jean-Pierre Jeunet, donc il apprécie particulièrement Delicatessen, et retrouver Tim Burton pour poursuivre sa collaboration avec lui, de la même façon que ce qu'il avait fait avec Johnny Depp sur Neverland et Charlie et la Chocolaterie. Sans oublier un désir de tourner en français ou en espagnol.

    Ça tweete sur les planches

    Et sinon…

    • Ray Liotta dans un clip de David Guetta, c'est l'association improbable offerte par "Lovers on the Sun" au mois d'août. Une participation que l'acteur nous a dit avoir acceptée pour faire plaisir à sa fille, alors qu'il ne connaissait pas le chanteur français, et qui a été rendue possible par le fait qu'il tournait déjà un western (la mini-série Texas Rising) et avait déjà le look nécessaire pour le clip, hommage au Bon, la Brute et le Truand.
    • L'ombre de Terrence Malick planait à plus d'un titre sur Deauville en ce mardi : grâce à A.J. Edwards, réalisateur de The Better Angels (produit par le metteur en scène du Nouveau monde) et à qui l'on doit les montages de The Tree of Life, À la merveille et Knight of Cups, et Saar Klein, nommé à l'Oscar pour celui de La Ligne Rouge, avant de diriger Things People Do.
    • Même s'il ne fait pas partie des hommages de cette année, Pierce Brosnan aura quand même droit à son inauguration de cabine jeudi.

    Mais avant cela, c'est Will Ferrell qui inaugurera la sienne demain mercredi, jour de son hommage, tandis que Gregg Araki fera son entrée dans la Compétition avec White Bird.

    La bande-annonce de "The Good Lie" :

    L'hommage frappe à la porte

    Ray Liotta

    Main sur le drapeau

    Ray Liotta

    Vérification de l'orthographe

    Ray Liotta

    En haut…

    Ray Liotta

    … en bas

    Ray Liotta

    Photo auto-légendée, épisode 3

    Ray Liotta

    Ray charme

    Ray Liotta

    L'affranchi du tapis rouge

    Ray Liotta

    L'un et les autres

    Claude Lelouch

    Grand écart in progress

    Vincent Lindon

    L'autre star du soir

    Katie Nehra, actrice et co-scénariste d'Alex of Venice

    L'honoré et l'orateur

    Ray Liotta & Vincent Lindon

    Hommage rendu

    Ray Liotta

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