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    100 ans de Kirk Douglas : les plus grands rôles de la légende d'Hollywood

    Un des derniers monstres sacrés de l'âge d'or d'Hollywood encore en vie, l'immense Kirk Douglas souffle ses 100 bougies ce 9 décembre ! Hommage à une authentique légende du 7e Art.

    Kirk Douglas -Yssur Danielovitch Demsky de son vrai nom-  est né de parents russes juifs immigrés aux États-Unis en 1910. Les souvenirs de son enfance sont douloureux pour lui : il la passe dans une grande pauvreté. "Je viens d'un milieu d'une pauvreté abjecte, il n'y avait nulle part où aller si ce n'était d'avancer" dira-t-il des années plus tard. Parcours exemplaire de mérite et d'humilité de celui qui est un des tous derniers géants de l'âge d'or d'Hollywood encore en vie, alors qu'il célèbre ce 9 décembre ses 100 ans. Son apport au cinéma, immense, fut notamment couronné internationalement d'un César d'honneur en 1980, d'un Oscar d'honneur pour l'ensemble sa carrière en 1996, et d'un Ours d'Or d'honneur au Festival de Berlin en 2001. Lui qui tourna avec le Who's Who des metteurs en scène à Hollywood. La liste en donne même le tournis : Otto Preminger, Howard Hawks, Richard Fleischer, Elia Kazan, Vincente Minnelli, Anthony Mann, John Frankenheimer, Stanley Kubrick, Robert Aldrich, John Sturges, Jacques Tourneur, et tant d'autres encore... Retour sur une immense carrière.

    Ascension d'un futur géant

    Kirk Douglas parvient à financer ses études à l'American Academy of Dramatic Art en étant lutteur de foire. Il débute au théâtre en 1941, et connaît son premier rôle au cinéma dans le film noir L' Emprise du crime (1946) de Lewis Milestone. C'est grâce à son amie Lauren Bacall qu'il a pu passer un essai, qui s'est révélé concluant. Douglas tourne ensuite avec elle La Femme aux chimères (1950) de Michael Curtiz, mais son premier rôle important est celui d'un boxeur qui refuse de se laisser corrompre dans Le Champion (1949) dirigé par Mark Robson, qui lui vaut sa première nomination à l'Oscar du meilleur acteur.

    Cette nomination sera suivie de deux autres, toutes deux pour des films de Vincente Minnelli (Les Ensorcelés en 1952 et La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, où il tient le rôle-titre, en 1955). Pour le rôle du célèbre peintre, il obtient le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique.

    Assez tôt dans sa carrière, Kirk Douglas rencontre Burt Lancaster, avec qui il partagera l'affiche dans sept longs métrages. C'est le film noir L'Homme aux abois qui les réunit pour la première fois pour en 1948. Lancaster y campe un ancien taulard qui veut retrouver son ancien complice (joué par Douglas). Ensemble, les deux acteurs aborderont tous les genres : le western, avec le succès Règlement de comptes à O.K. Corral qui voit Kirk interpréter un Doc Holliday autodestructeur, la comédie d'aventures comme Au fil de l'épée (1959) ou la comédie policière (Le Dernier de la liste, John Huston). Après un film d'espionnage (Sept jours en mai, 1964), ils se retrouveront en 1976 pour un téléfilm sur une prise d'otages en avion, Victoire à Entebbe, puis revisitent au théâtre Tom Sawyer et Huckleberry Finn dans la pièce The boys of autumn (1981). Leur dernière collaboration se fait en 1986 pour Coup double, une production Disney qui voit Kirk Douglas courir lui-même sur le toit d'un train en marche... à 69 ans !

    MGM

    Tout comme son camarade Lancaster, Douglas a un physique reconnaissable entre mille qui l’orientent parfois vers des rôles de personnages abjects (Le Gouffre aux chimères de Billy Wilder, 1951) ou marqués par la vie (Première victoire, Otto Preminger, 1965) et pas seulement à cause de la fossette qu'il arbore au menton. Douglas est un athlète et choisit ses rôles en conséquence : il est tour à tour le trappeur pris dans un duel amoureux pour une belle Indienne dans La Captive aux yeux clairs (Howard Hawks, 1952), le harponneur canadien Ned Land de 20.000 lieues sous les mers (Richard Fleischer, 1954), un héros mythologique (Ulysse de Mario Camerini en 1954), ou encore un "méchant" à l'œil crevé (Les Vikings de Fleischer encore en 1958). Tous ces rôles rencontrent l'adhésion du public. Fort de ces succès en salles, il fonde en 1954 sa propre maison de production, Bryna productions, qui deviendra Joel Production (respectivement les prénoms de sa mère et de son fils). Il produit ainsi deux films de Stanley Kubrick dont il tient la vedette : le pamphlet anti-militariste Les Sentiers de la gloire et le péplum Spartacus, récompensé par quatre Oscars. L’acteur aura fait jouer de son autorité pour évincer de ce film Anthony Mann au profit d’un Kubrick qu’il imaginait « plus conciliant ». Les deux hommes retravailleront pourtant ensemble cinq ans plus tard sur le film Les Héros de Télémark.

    Ci-dessous, pour le plaisir et le souvenir, la fabuleuse séquence du travelling dans les tranchées avant l'attaque de la Fourmilière, dans Les Sentiers de la gloire...

    En 1960, il va à l'encontre de la fameuse blacklist hollywoodienne en insistant pour que le scénariste Dalton Trumbo soit crédité au générique de Spartacus (il utilisait un pseudonyme depuis 1947). Il engagera à nouveau les années suivantes Trumbo pour deux de ses productions, El Perdido de Robert Aldrich et Seuls sont les indomptés de David Miller. Dans ce second film, Douglas joue un des derniers cowboys, qui refuse d'accepter que les temps changent. Dans son autobiographie, Le Fils du chiffonnier, l'acteur admettra que ce personnage est son rôle préféré. Toujours dans les années 60, il participe à la fresque Paris brûle-t-il ? en interprétant le général Patton, et inaugure l'année 1970 en retrouvant Joseph L. Mankiewicz (après Chaînes conjugales, 1949) pour Le Reptile, western pessimiste sur la nature humaine, et en tournant pour la première fois avec Elia Kazan dans L'Arrangement dans lequel il joue un homme qui balaie sa vie confortable pour redonner un sens à son existence.

    Éclectique, Kirk Douglas conserve un grand intérêt pour le théâtre. Il est ainsi le premier à interpréter le rôle principal de Vol au-dessus d'un nid de coucou, en 1963. Il acquiert les droits de la pièce mais ne pouvant la produire à l'époque, les cède à son fils Michael, qui produira en 1975 l'adaptation cinématographique signée Milos Forman. Il passe également à la réalisation pour Scalawag (1973), un échec commercial, puis le solide western La Brigade du Texas (1975).

    Walt Disney Pictures

    Comme de nombreuses stars de l’âge d’or, sa carrière pâtit de la révolution de l’industrie qui a lieu avec les années 1970, même s’il marque sa sympathie pour le « nouvel Hollywood » en jouant le premier rôle de deux films de Brian De Palma, Furie (1978) puis Home movies (1980). Malgré un rôle marquant dans le succès Nimitz, retour vers l'enfer de Don Taylor, la même année, sa carrière est moins flamboyante pendant la décennie suivante. Après de nombreux téléfilms et quelques longs métrages passés inaperçus, Kirk Douglas se fait plus rare. Une tendance qui est accentuée pendant les années 1990 par des évènements tragiques. Il réchappe en effet de justesse en 1991 à un accident d'hélicoptère qui fait deux morts et fait une attaque cérébrale trois ans plus tard. Malgré une deuxième attaque (cardiaque cette fois) en 2001, l'acteur lutte pour jouer avec son fils Michael et son petit-fils Cameron dans Une si belle famille en 2003.

    Parvenu au crépuscule de sa vie, Kirk Douglas résume ainsi son existence et son immense carrière, non sans malice : "je suis trop vieux pour changer. Comme Popeye, je suis ce que je suis. Aime-moi ou déteste-moi, mais ne sois pas indifférent". Qu'il se rassure : il est loin d'avoir laissé indifférent des générations entières de cinéphiles bercés par ses incarnations à l'écran, au cours d'une carrière hors du commun. Merci l'artiste !

    Kirk Douglas dans "L'emprise du crime" (1946)

    Première apparition au cinéma de Kirk Douglas à l'âge de 30 ans dans ce film noir signé Lewis Milestone, et dans lequel il donne la réplique à la grande Barbara Stanwyck.

    Kirk Douglas dans "L'homme aux abois" (1948)

    Dans ce film noir signé Byron HaskinKirk Douglas incarne Noll Turner, vieux complice du malfrat Frankie Madison (Burt Lancaster), qui sort de 14 ans de prison pour traffic d'alcool prohibé. Première rencontre entre les deux acteurs, sur les sept films qu'ils feront ensemble.

    Kirk Douglas dans "The Champion" (1949)

    Le Champion ou l'ascension sans état d'âme d'un boxeur du nom de Michael "Midge" Kelly, incarné par Kirk Douglas, devant la caméra de Mark Robson.

    Kirk Douglas donnant la réplique à Ann Sothern dans "Chaînes conjugales" (1949) de Joseph L. Mankiewicz

    Kirk Douglas dans "Le gouffre aux chimères" (1951)

    Dans ce chef-d'oeuvre absolu signé Billy Wilder, Kirk Douglas campe un extraordinaire Charles Tatum, journaliste cynique, hypocrite, manipulateur et sans aucun scrupule, prêt à tout pour la recherche du scoop. Incontournable.

    Kirk Douglas dans "La Captive aux yeux clairs" (1952)

    Chef-d'oeuvre absolu du western réalisé par le grand Howard Hawks, La Captive aux yeux clairs est l'un des nombreux classiques du genre que Kirk Douglas a tourné, parmi lesquels El Perdido, L'homme qui n'a pas d'étoile, Règlement de comptes à OK Corral, Le Dernier train de Gun Hill, Seuls sont les indomptés...

    Sur le tournage de "La Vallée des géants" (1952)

    Kirk Douglas et Lana Turner dans "Les Ensorcelés" de Vincente Minnelli (1953)

    Bien sûr, Billy Wilder est déjà passé par là avec son Boulevard du crépuscule, trois ans auparavant. Reste que ce grand film de Vincente Minnelli est plus que recommandé. Ne serait-ce déjà que pour voir un Kirk Douglas absolument génial dans un de ses rôles d'authentique salaud. Celui d'un producteur tyrannique, égoïste, vil et odieux, sordide et sans scrupule, manipulateur. Pour Minnelli, il s'agit d'une histoire cynique et cruelle, auréolée d'un certain romantisme.

    Brève incursion dans le Péplum pour Kirk Douglas avec "Ulysse" (1954)

    Kirk Douglas alias le marin Ned Leland dans "20 000 lieues sous les mers" (1954)

    Kirk Douglas dans un grand classique du western, "L'homme qui n'a pas d'étoile" (1955)

    Kirk Douglas dans "La vie passionnée de Vincent Van Gogh" (1957)

    Bien des années avant Maurice Pialat, Vincente Minnelli se penchait déjà sur le destin tragique du peintre maudit, auquel Kirk Douglas prête ses traits.

    Burt Lancaster et Kirk Douglas dans "Règlement de comptes à OK Corral" (1957)

    Admirable western signé John Sturges qui retrace une des plus fameuses légendes de l'Ouest américain, porté par deux acteurs exceptionnels au sommet de leur forme, Règlement de compte à OK Corral est en outre célèbre pour sa chanson, interprétée par Frankie Laine, sur une musique inoubliable composée par Dimitri Tiomkin.

    Kirk Douglas alias le Colonel Dax dans "Les Sentiers de la gloire" (1957)

    Considéré comme un des plus grands films de guerre jamais réalisé 57 ans après sa sortie, qui plus est par Stanley Kubrick, Les Sentiers de la gloire comporte notamment un des plus extraordinaires travelling latéral et arrière du cinéma dont est extrait cette photo : c'est avant que Kirk Douglas ne monte à l'assaut de la Fourmilière avec ses hommes hors des tranchées.

    Kirk Douglas en visite sur le tournage de Ben-Hur (1959)

    De gauche à droite : Charlton Heston, William Wyler et Jack Hawkins.

    Kirk Douglas, extraordinaire dans "Les Vikings" (1958)

    Kirk Douglas alias le shérif Matt Morgan dans "Le Dernier train de Gun Hill" (1959)

    Moment de complicité entre Kirk Douglas, Tony Curtis et Jean Simmons sur le tournage de "Spartacus" (1960)

    Stanley Kubrick dirigeant Kirk Douglas et Woody Strode dans "Spartacus" (1960)

    Kirk Douglas face au grand comédien Walter Matthau dans "Liaisons secrètes", en 1960

    Kirk Douglas et Dorothy Malone dans un grand classique du western, "El Perdido" (1961)

    Kirk Douglas dans le drame "Quinze jours ailleurs" (1962) de Vincente Minnelli

    Kirk Douglas face à Burt Lancaster dans un puissant Thriller uchronique, "Sept jours en mai", de John Frankenheimer (1964)

    Kirk Douglas sur le tournage du film de guerre "Première victoire" d'Otto Preminger, en 1965

    Kirk Douglas sur le tournage des "Héros de Telemark" d'Anthony Mann (1965)

    Dans "Paris brûle-t-il ?" et son casting de luxe, Kirk Douglas campe le général US George Patton

    Kirk Douglas et Faye Dunaway dans le puissant drame d'Elia Kazan, "L'arrangement" (1969)

    Kirk Douglas, géniale crapule dans le western amoral "Le Reptile", aux côtés d'Henri Fonda (1970)

    Kirk Douglas revisite l'île au trésor pour son premier film en tant que réalisateur, "Scalawag" (1973)

    L'acteur n'a réalisé que deux films dans sa carrière : celui-ci, dans lequel il incarne une version revisitée du fameux pirate Long John Silver et sa jambe de bois; et le western La Brigade du Texas, en 1975.

    Kirk Douglas chez Brian de Palma dans le Thriller "Furie", en 1978

    Douglas et Lancaster, vieux complices réunis une dernière fois dans la comédie policière "Coup double" en 1986

    Jeanne Moreau et Kirk Douglas, président du Jury du Festival de Cannes en 1980

    Kirk Douglas, César d'honneur en 1980, aux côtés de Roman Polanski et Claude Brasseur

    Kirk Douglas à la 25e édition du festival international du film américain de Deauville, venu présenter "Diamonds", en 1999

    Kirk Douglas et sa femme lors d'un hommage rendu au comédien par le Festival du Film de Santa Barbara le 30 juillet 2006

    Douglas père et fils, déjeunant à Beverly Hills le 25 février 2014

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