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    Roschdy Zem & Pierre Jolivet : une grande histoire d'amitié et de cinéma

    En salles cette semaine, "Les Hommes du feu" marque la sixième collaboration entre le cinéaste Pierre Jolivet et l'acteur Roschdy Zem. Amitié, complicité, nouveaux défis... Les deux hommes évoquent pour nous leur duo qui dure depuis plus de 20 ans...

    Pierre Perusseau / Bestimage

    Les histoires entre les réalisateurs et leurs acteurs sont parfois comme des histoires d'amour qui se réécrivent au fil du temps. Si tous les réalisateurs n'ont pas d'acteur fétiche et si tous les acteurs n'ont pas rencontré "leur" réalisateur, certains se sont trouvés pour la vie.

    Comme Roschdy Zem et Pierre Jolivet, qui forment aujourd'hui encore l'un des plus beaux et fidèles duos du cinéma français. En salles cette semaine, Les Hommes du feu, qui dépeint le quotidien d'une caserne de pompiers, marque d'ailleurs leur sixième collaboration. Entre les deux hommes, c'est une véritable histoire d'amitié qui s'est forgée au fil du temps. Mais pas seulement, comme nous l'explique Pierre Jolivet :

    "C’est aussi l’histoire d’une connivence. En dehors de notre amitié et de la vie courante qui nous lie, je crois que c'est une question de longueur d'onde tout simplement. Roschdy fait un cinéma qui m'intéresse, il est passé à la mise en scène pour faire des sujets forts qui m'intéressait. Son cinéma a du sens, j'essaie de donner du sens à mon cinéma. C'est une trajectoire commune qui n'est pas seulement liée au fait que c'est un bon acteur et réalisateur. Il y a des choses qui nous lie sur le monde tel qu'on le regarde, sur notre enfance. Il a grandi à Drancy, j'ai grandi à Maisons-Alfort. On n'est pas issus de milieux bourgeois et, en même temps, on cherche à faire un cinéma populaire. Je crois qu'il y a beaucoup de terminaisons nerveuses."

    C'est en 1997 que leur collaboration démarre avec Fred, polar avec Vincent Lindon (autre fidèle du cinéma de Jolivet tout comme l'est François Berléand) sur un grutier au chômage qui va plonger dans un engrenage infernal. Le début d'une longue et belle association et, pour Roschdy Zem, une vraie chance dans la vie d'un acteur :

    "Etre suivi depuis 25 ans par un metteur en scène chez qui vous provoquez un désir, honnêtement, c'est hyper grisant pour un acteur. [Il m'a suivi du] gamin que j'étais à 25 ans [jusqu'à] l'homme que je suis à 50 ans, avec des rôles qui permettent de suivre cette évolution (...) J'ai commencé comme jeune premier, inspecteur dans un film avec Lindon. Pouvoir évoluer aussi bien dans son travail que dans sa vie, et que quelqu'un soit le témoin de ça et vous donne des rôles à la mesure de votre envie et de la sienne (...), c'est une valeur ajoutée à une carrière qui me satisfait déjà."

    Bac Films

    Après Fred, c'est à l'occasion de la comédie sociale Ma petite entreprise (1999) qu'ils se retrouvent. Roschdy Zem y campe un ami de Vincent Lindon, dont l'entreprise est ravagée, déjà, par un incendie. "Comme quoi, c'est un thème qui m'a travaillé", sourit Pierre Jolivet en évoquant ses Hommes du feu.

    Vinrent ensuite Filles uniques, porté par Sandrine Kiberlain et Sylvie Testud (2002), La Très très grande entreprise (2008) puis le retour en 2011 au film policier avec Mains Armées dans lequel le réalisateur offrait toute la lumière à son acteur.

    Des sujets vastes donc et des rôles qui changent, ce qui a évidemment permis aux deux talents de mûrir ensemble et de ne jamais s'ennuyer. Pour Pierre Jolivet, c'est d'ailleurs les nouveaux défis qu'ils s'offrent mutuellement qui continuent d'alimenter leur désir de travailler ensemble. Comme ce film sur les pompiers, qui est, selon Jolivet, "une nouvelle page qui s'ouvre" dans son cinéma. Un film sur un univers jamais exploré par le cinéma français, dans lequel Zem incarne le Capitaine d'équipe, représentation de l'autorité et de la maturité.

    "Le travail avec Roschdy, je ne le pense pas en termes de plaisir mais beaucoup plus en termes de challenge. Qu'est-ce qu'on va pouvoir faire de plus ? Je ne me dis pas : 'Peinard, c'est Roschdy, il me connaît bien, j'irai boire un verre à la cafétéria quand ce sera sa scène'. C'est tout à fait passionnant d'amener Roschdy à faire des choses qu'il n'a pas forcément faites ailleurs.

    StudioCanal

    Au final, leur histoire est un peu comme une histoire d'amour où l'on écrit ensemble de nouveaux projets et qui doit être nourrie au fur et à mesure du temps :

    "C'est exactement ça", poursuit l'acteur. "Quand on est avec la même personne depuis 20 ans, comment on fait aujourd'hui pour mettre encore du piment dans son couple ? C'est beaucoup plus dur que lorsqu'on est ensemble depuis deux jours. C'est le même cas de figure. [Mais], il ne faut pas tenir les choses comme acquises. Ce n'est pas parce que Pierre me propose un film que je vais l'accepter. Et ce n'est pas parce que je suis acteur qu'il va me proposer un rôle. Vraiment, on doit chacun y trouver son compte, ça remet à chaque fois la barre un peu plus haute. Quand j'arrive sur le plateau, évidemment, il connaît mes béquilles, et je sais que je ne pourrais pas les utiliser avec lui.".

    D'ailleurs, depuis leur première collaboration dans les années 90, beaucoup de choses ont changé. Ainsi, entre leurs multiples tournages, communs ou réalisés séparément, Roschdy Zem est, lui aussi, devenu réalisateur. En 2006, il a posé son regard derrière la caméra pour la première fois avec Mauvaise foi avant de poursuivre avec Omar m'a tuer, Bodybuilder et, dernièrement, Chocolat. Une passion et de nouvelles compétences qui ont forcément eu un impact sur son approche d'acteur et sur sa carrière :

    "Je crois - et ça Pierre le confirmera ou pas après - que le fait que je sois passé à la réalisation lui met une pression supplémentaire (rires). Une pression saine, je veux dire. On a envie de s'impressionner l'un et l'autre."

    En toute humilité, le réalisateur des Hommes du feu explique d'ailleurs comment il s'est parfois tourné vers son acteur principal pour dénouer une situation bloquante, au cours d'un film très compliqué à mettre en place et où il devait voguer par monts et par vaux :

    "Plusieurs fois, j'ai dit à Roschdy : 'Là, pendant que je vais faire ça, est-ce que tu peux m'arranger le coup parce que je ne sais vraiment pas comment faire. Ca, c'est vraiment le luxe parce que vous avez un acteur qui est un très bon metteur en scène qui essaie de trouver un truc et, lorsque vous revenez, il a trouvé comment faire : 'Si tu mets la caméra là, ça va le faire.' On a réussi, c'est vrai, à trouver un équilibre où je ne me vexe pas en lui disant : 'Non, mais, Roschdy, c'est mon film ! Ce n'est pas à toi de [faire ça!]'. On s'en fiche. On n'a jamais eu ça. On n'est pas dans un rapport d'ego de cette nature."

    Profond respect mutuel, entraide, complicité, amitié... Si ces deux-là ne se sont pas trouvés pour la vie, on ne sait pas ce que c'est ! "C'est une situation que je qualifierai même d'idéale, parce que c'est constructif", déclare même Roschdy Zem. A quand la prochaine collaboration ?

    Les Hommes du feu est en salles :

     

    "Les Hommes du feu" (2017)

    "Mains armées" (2011)

    "La très très grande entreprise" (2008)

    "Filles uniques" (2002)

    "Ma petite entreprise" (1999)

    "Fred" (1997)

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