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    Anecdotes... Of the Dead : saviez-vous que La Nuit des morts-vivants était dans le domaine public ?
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    "La Nuit des morts-vivants", un des films iconiques de la Pop Culture, oeuvre fondatrice d'un genre qui a bercé toute une génération de cinéphiles et dont l'influence est plus que jamais d'actualité. Retour sur un film culte en 10 anecdotes.

    Genèse du projet

    George A. Romero et ses amis d'université ont toujours eu le désir de réaliser un long-métrage. Malheureusement, les démarches auprès des financiers se sont révélées catastrophiques. C'est ainsi qu'ils décident de fonder ensemble leur propre société de production : Image Ten, en la finançant par leurs propres moyens. Chaque actionnaire s'engage à rapporter 600 dollars à la société. Le capital obtenu sera alors quintuplé en étant vendu cher à des tiers.

    Hommage à un classique du genre

    Si nombres de cinéastes n'ont pas manqué de rendre hommage au film de Romero et s'en sont plus que largement inspiré -pour ne pas dire pillé-, Romero fait lui aussi avec son film un bel hommage à un petit classique du film d'épouvante : Le Carnaval des âmes de Herk Harvey, réalisé en 1962. Réalisé pour à peine 30.000 $ et tourné en trois semaines, le film devait être, selon les propres termes de Herk Harvey, "un mélange du style de Bergman avec l'influence d'un Cocteau". Par sa réalisation soignée, sa musique obsédante et inquiétante, intégralement composée sur un orgue (si si  !), le film a non seulement biberonné toute une génération de cinéphiles, et a aussi influencé nombre de metteurs en scène, à commencer par un certain George A. Romero donc. Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait un hasard si  l'héroïne de sa Nuit des morts-vivants fait furieusement penser à l'actrice vedette du film de Harvey, Candace Hilligoss.

    Un genre lucratif avant tout

    Si George A. Romero est passé maître du cinéma d'horreur, il n'était pas spécialement amateur du genre lorsqu'il a commencé à tourner La Nuit des Morts-Vivants. Si le réalisateur et ses amis ont décidé de se tourner vers le genre pour leur premier long-métrage, c'est avant tout pour espérer rentabiliser les capitaux investis. En effet, à une époque où la télévision avait fait chuter les taux de fréquentation des salles de cinéma, il fallait surtout s'assurer que le film allait être lucratif tout en restant une oeuvre de qualité comme le confirme l'un des producteurs du film Russel Streiner : "Sans doute, nous aurions préféré réaliser un grand film dramatique. Mais une fois que nous avons opté pour un film d'horreur, nous nous sommes efforcés de le rendre le plus réaliste possible avec le budget dont nous disposions."

    Modeste budget

    Le budget du film s'est élevé à 114.000 $. Dans cette perspective, c'est pour des raisons d'économie que le film a été tourné en noir et blanc, et non pas pour atténuer -comme on a pu le lire- les effets de gore. Par ailleurs, La plupart des personnages sont interprétés par des amateurs, de simples habitants de Pittsburgh, amis ou clients de la maison de production.  Russell Streiner et Karl Hardman, les producteurs eux-mêmes, jouent respectivement Johnny et Harry dans le film. Le succès du film fut très important, et près de 30 millions de $ au Box Office. Pour son malheur, et en raison de son inexpérience, Romero n'a pratiquement pas vu la couleur des billets... Il avait en effet mal négocié les droits avec le distributeur US de son film, The Walter Reade Organization, qui lui siphonna une bonne partie des recettes...

    Ca s'en vient et ca repart pour Tom Savini

    Initialement, Tom Savini fut engagé pour réaliser les maquillages sur le film. Les deux se sont rencontrés lorsque Savini débarqua un jour pour passer des auditions sur un film qui ne s'est finalement jamais concrétisé. Se souvenant que Savini était doué pour le maquillage (il avait apporté son book de photos montrant son travail aux auditions), Romero le contacte donc pour lui proposer de faire ceux de La Nuit des morts-vivants. Malheureusement, ce dernier ne pourra pas rejoindre l'équipe du film : il est appelé pour faire son service au Viêtnam, en tant que photographe de guerre.

    Accident de voiture

    Dans la scène du cimetière au début du film, tournée en deux jours séparés, un accident a obligé Romero à sensiblement modifier le script du film. La voiture conduite par Barbara (Judith O'Dea) et Johnny (Russell Streiner) appartenait en fait à la mère du comédien. Entre les deux journées de tournage de la scène du cimetière, un automobiliste rentra en collision avec le véhicule; collision dont les traces sont visibles dans le film. C'est pour cela que Romero a modifié la fin de la séquence, lorsque la voiture conduite par Barbara termine sa course contre un arbre.

    Domaine public

    L'une des plus fameuses anecdotes concernant le chef-d'oeuvre de Romero est que le film est tombé aux Etats-Unis dans le domaine public. Le copyright fut bien apposé par le distributeur The Walter Reade Organization, mais lorsque le film s'appelait encore La Nuit des mangeurs de chair. Mais le copyright passa à la trappe du côté du distributeur lorsque le film changea de titre, pour devenir La Nuit des morts-vivants.

    Maison à vendre

    La maison servant de refuge au groupe de survivants fut louée à l'équipe du film par un propriétaire qui envisageait de toute façon de la raser ! Il leur donna du coup sa bénédiction pour que l'équipe fasse absolument ce qu'elle voulait dedans durant le tournage. Du pain béni pour la production, qui cherchait à rationaliser au maximum les coûts.

    Charcutage / hérésie en règle pour les 30 ans du film

    En 1998, tout juste 30 ans après la sortie du film, John A. Russo, coscénariste sur La Nuit des morts-vivants avec Romero, a rendu un drôle d'hommage au classique de 1968 : il a en effet tourné 16 min de métrage en plus, en noir et blanc, qu'il a inséré dans l'oeuvre originale, sans en parler à Romero.  Une séquence où figure notamment S. William Hinzman, le fameux zombie des premières minutes du film original, et dont le maquillage devait être raccord avec le film sorti en 1968. On a connu des hommages plus respectueux face à un tel caviardage.

    Ci-dessous, une Featurette d'époque, sur le tournage de ces scènes supplémentaires...

    Le négatif original perdu

    Le négatif original, ainsi que tous les éléments originaux du film, ont malheureusement été définitivement perdus. Conséquence d'une inondation survenue dans le sous-sol de la maison où ils étaient stockés. Il s'agit de la même maison, propriété de Latent Image Inc., où furent tournées les scènes situées au sous-sol. Quoi qu'il en soit, cela n'a pas empêché la Bibliothèque du Congrès américain de faire entrer le film de Romero dans son prestigieux catalogue, en novembre 1999, eut égard à l'importance "culturelle, historique et esthétique" de cette oeuvre dans l'Histoire du cinéma.

    Et en bonus, ci-dessous : le film en version intégrale (mais réservé aux plus anglophones d'entre vous !)...

     

    Judith O'Dea et Russell Streiner

    Judith O'Dea et Russell Streiner

    Judith O'Dea, alias "Barbara"

    Les zombies passent à l'attaque

    George A. Romero discute avec Duane Jones.

    Judith O'Dea, Duane Jones et Keith Wayne, à droite.

    Les parents veille sur la petite Karen... Qui se réveillera bientôt en zombie !

    Feu de joie (ou Barbecue ?) pour zombies sans cervelles

    Chair fraîche au menu pour les zombies de "La Nuit des morts-vivants"

    La plupart des personnages du film sont joués par des amateurs, comme de simples habitants de Pittsburgh.

    Duane Jones aux prises avec les zombies essayant de rentrer dans la maison

    "La Nuit des morts-vivants", Walking Dead avant l'heure.

    Les zombies cernant la maison-refuge des survivants

    Duane Jones en pleine discussion avec Judith O'Dea.

    Séquence choc du film, réalisée à l'aide de ce bon vieux sirop au chocolat, pour simuler le sang.

    Les coulisses du tournage.

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