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    Jean-Luc Godard en 5 films incontournables

    A l'occasion de la sortie de "Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma", inédit en salle jusqu'alors, retour sur 5 films de Jean-Luc Godard qu'il faut absolument avoir vus, ou qu'il faut absolument voir, ou revoir.

    Ciné Classic / DR

    À bout de souffle (1960) : la première secousse

    L'itinéraire d'un jeune délinquant (Jean-Paul Belmondo) qui, après avoir volé une voiture et tué un policier, est traqué par la police...

    Pourquoi il faut voir A bout de souffle

    Inspiré par un fait divers, sur une idée de François Truffaut, À bout de souffle conte le destin de ses personnages et raconte Paris d'une manière nouvelle et unique. La fuite en avant de Belmondo et Seberg, effervescente et haletante, résonne de la mise en scène au montage. Avec ce film, Jean-Luc Godard chamboule les codes de la narration et réinvente le thriller classique américain. Il abat le quatrième mur et fait souffler un vent de modernité sur le cinéma français : la Nouvelle Vague est née. 

    Le saviez-vous ?

    Après une carrière de critique entamée à le revue Cahiers du Cinéma et cinq courts métrages réalisés dans les années 1950, Jean-Luc Godard signe ici son premier long métrage. Le film est couronné par le Prix Jean Vigo, ainsi que le prix de la mise en scène lors du Festival de Berlin en 1960. La même année, sort également le premier film de son ami Truffaut, Les Quatre cents coups. 

    Le Mépris (1963) : le chef-d'oeuvre

    Paul Javal (Michel Piccoli), scénariste, et sa jeune femme (Brigitte Bardot) semblent former un couple uni. Un incident apparemment anodin avec un producteur (Jack Palance) va conduire la jeune femme à mépriser profondément son mari.

    Pourquoi il faut voir Le Mépris

    Tiré du roman d’Alberto Moravia, Le Mépris est sans doute le film de Godard le plus célèbre, le plus cité, car tout y est : la splendeur du cinéma classique en Cinémascope, ses grande figures (Brigitte Bardot, Jack Palance, Fritz Lang, Michel Piccoli), mais aussi en contrepoint des expérimentations formelles et narratives incroyables, la musique éternelle de George Delerue, les répliques inoubliables (« Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ? »), la majesté solaire de Capri, la tragédie amoureuse mêlée à la tragédie grecque, les plus belles réflexions sur le cinéma. Tout, dans Le Mépris, resplendit de beauté. 

    Le saviez-vous ? 

    Le générique du Mépris a la particularité d'être lu et non écrit. C'est la voix de Jean-Luc Godard qui énonce le nom des interprètes du film que celui de l'équipe technique ou des entreprises qui ont prêté du matériel au cinéaste. La scène se termine par une citation : "Le cinéma, disait André Bazin, substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs. Le Mépris est l'histoire de ce monde." 

    Pierrot le fou (1965) : le film anar

    L'odyssée à travers la France de Ferdinand (Jean-Paul Belmondo) dit Pierrot le Fou et de son amie Marianne (Anna Karina), poursuivis par des gangsters à la mine patibulaire.

    Pourquoi il faut voir Pierrot le fou

    A sa sortie, Pierrot le fou fut vivement critiqué et même interdit aux moins de dix-huit ans en raison de son "anarchisme intellectuel et moral". Pourtant, c'est son anarchisme total qui en fait un film essentiel, sa liberté formelle absolue qui répond de manière brillante à la nécessité pour Godard de respecter le caractère profondément anarchique, justement, de Ferdinand, son héros. 

    Le saviez-vous ?

    Alors qu'Anna Karina doit marcher sur la plage pour les besoins d'une scène, l'actrice est intimidée à l'idée de n'avoir aucune réplique sur laquelle se reposer. Elle demande alors à Jean-Luc Godard : "Qu'est-ce que j'peux faire ? J'sais pas quoi faire !" Complètement improvisée, la phrase plaît tellement au réalisateur qu'il décide de la garder. Aujourd'hui, elle est devenue culte.

    La Chinoise (1967) : le tournant politique

    Dans un appartement dont les murs sont recouverts de petits livres rouges, des jeunes gens étudient la pensée marxiste-léniniste. Leur leader, Véronique (Anne Wiazemsky), propose au groupe l'assassinat d'une personnalité. 

    Pourquoi il faut voir La Chinoise

    La Chinoise, c’est d’abord un film terriblement actuel : sa lumineuse interprète Anne Wiazemsky, dont les mémoires ont servi au Redoutable, vient de mourir. Muse du cinéaste, elle a aussi brillé devant la caméra de Bresson et Pasolini et c’est donc une actrice à (re)découvrir absolument. Ensuite, il faut voir dans ce manifeste politique où cinq jeunes gens essaient d’appliquer les principes du maoïsme un tournant politique majeur qui irriguera tout le cinéma de Godard jusqu’à aujourd’hui, ainsi que l’annonciation quasi prophétique des évènements de Mai 68. Mais s'il y démontre toute sa tendresse pour cette jeunesse et ses engagements, le constat est plus amer et ambigu qu’on ne pourrait le croire.

    Le saviez-vous ?

    "Il faut confronter des idées vagues avec des images claires", lit-on sur un mur dans le film. Dans La Chinoise, on voit à plusieurs reprises le film en train de se faire, Godard y met les formes et l’éclat vivace des couleurs qu’on lui connait, mais également des images mêmes de l'équipe en train de tourner. 

    Adieu au Langage (2014) : le génie expérimental

    "Le propos est simple. Une femme mariée et un homme libre se rencontrent. Ils s'aiment, se disputent, les coups pleuvent. Un chien erre entre ville et campagne. Les saisons passent. L'homme et la femme se retrouvent. Le chien se trouve entre eux. L'autre est dans l'un. L'un est dans l'autre. Et ce sont les trois personnes. L'ancien mari fait tout exploser. Un deuxième film commence. Le même que le premier. Et pourtant pas. De l'espèce humaine on passe à la métaphore. Ca finira par des aboiements. Et des cris de bébé."

    Pourquoi il faut voir Adieu au Langage (au cinéma et en 3D)

    Plus qu'un "film simple sur un couple et un chien" comme le dit Godard, Adieu au Langage est un film sur la difficulté du langage et de l’amour, et surtout d’un chef-d’œuvre d’une modernité rare. L’occasion de découvrir, peut-être, la vraie naissance du cinéma en 3D ; qu’un film moderne n’est pas un film qui copie la modernité, mais un film qui renvoie les cinéastes modernes à l’académisme et la vieillerie de leur narration. 

    Le saviez-vous ?

    Après avoir mis en perspective le phénomène de la 3D dans le segment "3- Désastres" de l'énigmatique 3X3D, le cinéaste octogénaire a donc tourné Adieu au Langage en 3D. C'est son premier long-métrage filmé en relief.

     

    À bout de souffle (1960)

    Le Mépris (1963)

    Pierrot le fou (1965)

    La Chinoise (1967)

    Adieu au Langage (2014)

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