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    In Memoriam... A qui sont adressées les dédicaces en début ou fin de film et pourquoi ?
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Apparaissant au début ou en fin de film, sur fond noir ou une image, les dédicaces sont adressées à des parents, amis, enfants, hommage à un disparu...Quelles significations ont-elles ? Voici 20 exemples.

    Warner Bros.

    Les Evadés (1994) de Frank Darabont

    À la fin du film de apparaît le message "in memory of Allen Greene". Ce dernier était l'agent et ami du réalisateur Frank Darabont; il mourut du sida peu de temps avant la sortie du film.

    Entretien avec un vampire (1994) de Neil Jordan

    Le film est dédié à l'acteur River Phoenix, décédé en 1993 à l'âge de 23 ans d'une crise cardiaque par overdose. Il aurait dû incarner le journaliste Daniel Malloy, rôle repris par Christian Slater après sa mort.

    Rock de Michael Bay (1996)

    Le film est dédié au producteur du film Don Simpson qui, le 19 janvier 1996, en plein tournage, décéda d'une crise cardiaque, des suites de ses abus de drogue. L'addiction aux drogues était telle chez l'inventeur du High Concept que, excédé, Jerry Bruckheimer, son partenaire, avait décidé fin 1995 de se séparer de lui. Rock devait être leur dernier projet commun.

    A.I. Intelligence artificielle de Steven Spielberg (2001)

    Stanley Kubrick travaillait sur le projet d'une adaptation de la nouvelle de Brian Aldiss Supertoys last all summer long depuis des années, lorsqu'il prit finalement la décision de confier le projet à son ami Steven Spielberg en 1995. Les avancées technologiques et le décès de Kubrick en 1999 poussèrent Spielberg à reprendre le travail mené par Kubrick, jusqu'à sa sortie en 2001.

    Impitoyable (1993) de Clint Eastwood

    "Dedicated to Sergio and Don" révèle la dédicace de fin du chef-d'oeuvre crépusculaire de Clint Eastwood. Deux des meilleurs réalisateurs avec lesquels Clint a travaillé, et qui ont marqué sa carrière. Don Siegel en lui offrant le rôle de Dirty Harry; l'autre, l'immense Sergio Leone, qui lui confia le rôle culte de l'homme sans nom dans la trilogie du dollar.

    Gladiator (2000) de Ridley scott

    Ridley Scott dédie son film à Oliver Reed. Oliver Reed, qui joue Proximo, est mort trois semaines avant la fin du tournage. Une clause dans le contrat d'assurance permettait à Ridley Scott de réaliser les scènes manquantes de Reed avec un autre acteur. Mais comme le reste de la distribution était épuisé du fait de réajustements permanents d'emplois du temps, le cinéaste a eu recours à des effets visuels pour le remplacer. Il a ainsi greffé numériquement son visage sur le corps d’une doublure. Selon le site IMDB, le coût de ces retouches aurait été estimé à 3 millions de dollars.

    Il était une fois le Bronx (1994) De Robert de Niro

    Robert de Niro dédit sa première réalisation à la mémoire de son père, Robert de Niro Senior, qui est mort d’un cancer en 1993, un an avant la sortie d’Il était une fois le Bronx au cinéma.

    Adaptation de Spike Jonze (2003)

    Le brillant film de Spike Jonze se termine avec cette mention : "In Loving Memory Of Donald Kaufman". Mais ne vous épuisez pas à chercher de qui il peut bien s'agir. Car c'est le personnage fictif du film, au contraire de Charlie Kaufman, le scénariste, bien réel !

    Tess (1979) de Roman Polanski

    Tess est le premier film de Roman Polanski réalisé après l'assassinat de sa femme, Sharon Tate, en 1969. Quelques mois avant de mourir, elle avait transmis à son mari le livre qui a servi de base au scénario, un roman de Thomas Hardy écrit en 1891. Le film lui est dédié.

    Edith et Marcel (1983) de Claude Lelouch

    Le rôle de Marcel Cerdan devait être joué au départ par Patrick Dewaere, qui avait de vrais talents de boxeur et avait commencé à s'entraîner pour le rôle que lui avait confié Claude Lelouch. Mais l'acteur s'est suicidé le 16 juillet 1982, quelques jours avant le tournage.

    Only God Forgives (2013) de Nicolas Winding Refn

    Une dédicace hommage au maître cinéaste mexicain Alejandro Jodorowsky, que le réalisateur danois vénère. Leur amitié a démarrée lors de l’édition 2010 de l’Etrange Festival à Paris, où ils étaient tous deux invités. Jodorowsky a surpris Winding Refn, en lui faisant part de son admiration pour ses oeuvres. Pour l'anecdote, les deux cinéastes étaient au festival de Cannes en 2013. Jodorowsky pour la Danse de la réalité, autobiographie présentée à la Quinzaine des réalisateurs, et Winding Refn pour Only God Forgives. Le premier est resté plus longtemps à Cannes "uniquement pour voir le film" du second qui, lui, est venu quelques jours plus tôt, en secret, pour faire la surprise à son modèle.

    Exodus (2014) de Ridley Scott

    Ridley scott a dédicacé plusieurs de ses films à la mémoire de membres de sa famille disparus. Son film Blade Runner est dédicacé à son frère aîné Frank, décédé en 1980. La Chute du faucon noir est dédicacé à sa mère, décédée en 2001. Son Thriller Cartel (2013) et son péplum Exodus : Gods & Kings, sorti en 2014, sont dédicacés à son frère Tony, qui s'est suicidé à 68 ans en 2012, après avoir longtemps lutté contre un cancer.

    Abyss (1989) de James Cameron

    La version longue d'Abyss comporte une dédicace adressée au capitaine Pierce Oliver Kidd Brewer Jr. Plongeur professionnel, il décéda en 1990 à l'âge de 41 ans, d'un suicide. Des années auparavant, il avait travaillé aux côtés de Cameron sur le tournage de Piranha 2 - Les Tueurs volants, et étaient devenus amis.

    Les frères Sisters (2018) de Jacques Audiard

    Jacques Audiard dédicace son western -et premier film qu'il tourne en langue anglaise- à son frère aîné François Audiard. Lui aussi voulait être réalisateur et sera assistant sur la plupart des films de son père, ainsi que sur Le Pacha (1968) de Georges Lautner. Il est décédé prématurément dans un accident de voiture en 1975, à l'âge de 26 ans.

    Pacific Rim (2013) de Guillermo del Toro

    Avec Pacific RimGuillermo del Toro a cherché à rendre hommage aux films de monstres géants japonais ("kaijū eiga"), un genre qu’il affectionne particulièrement. De là, on comprend mieux la dédicace au papa du mythique Godzilla, Ishiro Honda, ainsi que Ray Harryhausen, dont les créations en Stop Motion ont bercées la jeunesse et la cinéphilie de millions de personnes.

    Fast & Furious 7 (2015) de James Wan

    Le tournage de Fast & Furious 7 s’est brusquement interrompu en décembre 2013 suite à la mort tragique de l’acteur Paul Walker dans un accident de voiture. Une réécriture du scénario fut nécessaire et les frères de Paul Walker furent notamment appelés en renfort pour servir de doublures. Le film qui devait sortir à l’origine durant l’été 2014 sort finalement en avril 2015 dans l’Hexagone.

    The Crow (1994) d'Alex Proyas

    Le film est dédié à Brandon Lee, décédé accidentellement sur le tournage en mars 1993, après avoir reçu par erreur une balle réelle au lieu d'une balle à blanc. Quant à Eliza, il s'agit d'Eliza Hutton, la fiancée du comédien. Les deux devaient en effet se marier peu après la fin du tournage du film, en avril 1993...

    Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese

    Le chef-d'oeuvre de Martin Scorsese s'achève sur cette dédicace à l'immense compositeur Bernard Herrmann. Ce grand fidèle à Alfred Hitchcock décéda le soir de Noël 1975, quelques heures après avoir terminé la bande originale de Taxi driver. En plus de lui faire cette dédicace, Martin Scorsese lui rendra hommage en reprenant le thème musical des Nerfs à vif pour son remake en 1991.

    Nikita (1990) de Luc Besson

    Le film est dédié à Jean Bouise. Véritable gueule du cinéma français ayant souvent joué de très solides seconds couteaux, le comédien était l'un des acteurs fétiches de Luc Besson depuis Le Dernier combat. Il meurt le 6 juillet 1989 à l'Hôpital Léon-Bérard de Lyon d'un cancer du poumon. "On arrivait tellement à le croire, qu'il a disparu sans qu'on s'en aperçoive" déclara le cinéaste dans son hommage.

    Camping (2006) de Fabien Onteniente

    Il y a une jolie anecdote à propos de la dédicace faite au regretté Jacques Villeret. Le réalisateur Fabien Onteniente dédie Camping à l'acteur, disparu en janvier 2005 et pour qui il avait écrit le personnage de Jacky Pic, joué par Claude Brasseur. Il raconte : "On s'était rencontré chez Bofinger autour d'une table gourmande. Il nous avait parlé de la "couillette" (accessoire indispensable du campeur). Et puis un jour, on apprend sa mort. J'ai continué l'écriture en pensant à lui. Il a été difficile d'imaginer un autre visage. Par l'intermédiaire de mon agent, je rencontre un matin pluvieux Claude Brasseur. Je lui dis qu'il m'est difficile de remplacer Jacques. Il comprend, et me dit de sa grosse voix : "Je jouerai le film pour lui, là-haut. On lui dédicacera". Top là !"

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