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    César 2019 : on ne comprend pas qu'ils ne soient pas nommés !

    "Plaire, aimer et courir vite", "Mektoub My Love", Catherine Corsini, Félix Maritaud... On ne comprend pas qu'ils ne soient pas nommés ou qu'ils n'aient pas davantage de nominations alors qu'on les a adorés.

    Jean-Louis Fernandez / LFP- Les Films Pelléas - Gaumont - France 3

    Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré (Meilleur film)

    La photo, les comédiens, la mise en scène... On ne compte pas les catégories dans lesquelles Plaire, aimer et courir vite aurait pu être nommé. Au final il ne l'est qu'une seule fois, grâce à Denis Podalydès, en lice pour le trophée du Meilleur acteur dans un second rôle. Ce qui est trop peu pour le très beau film de Christophe Honoré, toujours snobé par les César, alors qu'il signe ici une très belle histoire d'amour en même temps qu'il jette un regard nostalgique sur l'époque révolue de sa jeunesse. Pour le couple qu'ils forment et la façon dont le second dévoile une facette plus tendre de son talent, Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste auraient plus que mérité une citation.

    Mektoub my love d'Abdellatif Kechiche (Meilleur film, Meilleur acteur, Meilleure photographie)

    Un gros coup de coeur pour Mektoub my love d'Abdellatif Kechiche  qui aurait mérité bien plus qu'une seule nomination, amplement décernée cela dit à l'incandescente révélation Ophélie Bau. Car au centre de ce film de jeunes gens affamés d'amour et de liberté, il y a Ophélie mais aussi et surtout Shain Boumedine, dont le talent brut et la sensualité ont fait l'unanimité. La lumière estivale, le cadre au plus près des corps, le rythme parfait... Il y avait, en matière de prix, de quoi nommer le véritable chef d'oeuvre d'un réalisateur au sommet de son art.

    Catherine Corsini pour Un amour impossible (Meilleure réalisatrice)

    Heureusement nommée dans la catégorie Meilleure adaptation, Catherine Corsini (qui a reçu le prix Alice Guy pour 2019) manque à celle de Meilleur réalisateur/Meilleure réalisatrice. Elégant dans sa mise en scène, poignant dans ce qu'il dit et fluide dans ce qu'il suggère, emmené par des acteurs romanesques (sublime Virginie Efira) échappant à toute sensiblerie, cet Amour impossible  aussi riche que pudique est de ces rares films qui ont profondément bouleversé notre année. Et plus encore.

    Félix Maritaud dans Sauvage (Meilleur acteur)

    Absence difficile à comprendre car, pour nous, Félix Maritaud était le favori de la catégorie Révélation masculine aux César 2019. Incandescent et magnétique dans Sauvage, premier long métrage de Camille Vidal Nacquet, Félix Maritaud porte le film de bout en bout, opérant une véritable transformation au fil du film.

    L'Île au trésor de Guillaume Brac (Meilleur documentaire)

    Réalisateur de deux longs métrages sortis en 2018, la fiction Contes de juillet et le documentaire L'Ile au trésorGuillaume Brac aurait sans hésitation mérité une nomination dans la catégorie documentaire. L'Ile au trésor nous emmenait à la base de loisirs de Cergy, à la rencontre de "personnages" étonnants et filmant ce lieu avec un regard empreint de politique. Guillaume Brac nous avait déjà séduit il y a quelques années avec l'un de ses premiers films, le moyen métrage Un monde sans femmes, révélant Vincent Macaigne et Laure Calamy.

    Souad Arsane dans A Genoux les Gars (Meilleur espoir féminin)

    Retenez bien ce visage, car Souad Arsane risque de faire du bruit dans le cinéma français. Présélectionnée dans la catégorie révélations féminines des César pour A genoux les Gars d'Antoine Desrosières aux côtés de sa soeur à l'écran, Inas Chanti, on aurait aimé voir cette comédienne prometteuse figurer dans la liste des prétendants à la statuette. Dotée d'un véritable don pour la comédie (elle a été repérée lors d'un casting sauvage), Souad Arsane s'impose dans cette comédie sur le slut-shaming aux dialogues qui doivent leur modernité à ses jeunes comédiens, tous co-crédités au scénario.

    Pierre Deladonchamps dans Plaire, aimer et courir vite et dans Les Chatouilles (Meilleur acteur, Meilleur acteur dans un second rôle)

    Il y a quand même des oublis qui choquent plus que d'autres. En 2018, Pierre Deladonchamps, ce n'était pas qu'une interprétation magistrale, subtile et bouleversante dans Plaire, aimer et courir vite, qui aurait dû lui valoir une nomination au César du Meilleur acteur. Deladonchamps, en 2018, c'était aussi le rôle glaçant du pédophile dans Les Chatouilles. Un personnage à deux facettes : l'ami ordinaire à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession et le dangereux violeur de petite fille, et une performance qui aurait dû lui valoir quant à elle une nomination au César du Meilleur acteur dans un second rôle.

    Première année de Thomas Lilti (Meilleur film)

    Il y a bien la nomination de William Lebghil en tant que Meilleur espoir masculin, ce qui est la moindre des choses. Et un éventuel César du Meilleur acteur remis à Vincent Lacoste pour Amanda viendrait aussi couronner une année formidable. Mais cela suffirait-il à faire passer l'absence de Première année parmi les candidats pour le trophée suprême ? Pas sûr, car Thomas Lilti aurait plus que mérité de concourir avec cette comédie dramatique juste, sincère et qui parvient à sortir du cadre de l'école de médecine pour devenir plus universelle et se muer en réponse à l'individualisme grandissant de la société.

    Climax de Gaspar Noé (Meilleure photographie)

    Tourné en secret et en très peu de temps, Climax est arrivé tel un happening à Cannes 2018, dans une section parallèle que l'on affectionne beaucoup, la Quinzaine des réalisateurs. On ne savait pas ce qu'on allait voir, qui on allait voir, mais avoir rendez-vous avec Gaspar Noé, c'est l'assurance d'un grand huit émotionnel et cinématographique. Ne serait-ce que pour sa scène d'ouverture complètement dingue et sa photo magique, Climax aurait mérité ne serait-ce qu'une nomination, non ?

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