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    Deauville 2021 : on a vu une plongée choc dans le monde du porno, Matt Damon à Marseille...
    Maximilien Pierrette
    Un feel-good movie avec une BO aux petits oignons, un drame situé dans l’Amérique rurale, une pépite qui prend le pouls des États-Unis, il aime se pencher sur la dernière sensation venue de l’autre côté de l’Atlantique.

    Deauville 2021 : jours 1 et 2 ! Au programme : l'humanité de "Stillwater", le choc "Pleasure", l'émotion "Blue Bayou", le mystère "JFK", l'énergie de "La Fracture", les frissons de "Ogre" et la révélation Dylan Penn dans "Flag Day".

    The Jokers

    Le 47ème Festival du Cinéma Américain de Deauville est lancé ! Et en beauté, avec déjà une grosse poignée de films. Après l'ouverture Stillwater, la compétition a débuté avec deux films solides, tandis qu'Oliver Stone a poursuivi son enquête sur l'assassinat de John F. Kennedy et Dylan Penn reçu le Prix Nouvel Hollywood avant la projection de Flag Day en avant-première.

    Stillwater
    Stillwater
    Sortie : 22 septembre 2021 | 2h 20min
    De Tom McCarthy
    Avec Matt Damon, Camille Cottin, Abigail Breslin
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,6
    louer ou acheter

    Stillwater de Tom McCarthy (Première - L'Heure de la Croisette - Ouverture)

    "Son seul espoir, un homme en qui elle n'a pas confiance. Son père", nous dit l'affiche du film d'ouverture de Deauville 2021, alors que la bande-annonce laisse augurer un Taken avec Matt Damon dans le rôle de Liam Neeson. Mais non. S'il est question d'un homme qui tente de prouver l'innocence de sa fille, emprisonnée pour un meurtre qu'elle dit ne pas avoir commis, Stillwater emprunte la voie du drame aux accents policiers. Co-écrit par Thomas Bidegain et Noé Debré avec le réalisateur Tom McCarthy (Spotlight), le long métrage évite les écueils du film étranger tourné en France, et nous offre moins de clichés sur Marseille que bon nombre d'opus français qui se déroulent dans la cité phocéene. Face à Matt Damon, Camille Cottin est impeccable alors que la barrière de la langue est une composante de leur duo. Et qu'importent les longueurs (certes justifiées) ou le fait que la résolution repose sur un hasard : le résultat est solide et carré, tant dans sa caractérisation des personnages et le regard qu'il porte sur les États-Unis via celui de Matt Damon, que dans sa manière de faire preuve de noirceur jusqu'au bout. Qu'il lance cette édition d'un festival français consacré au cinéma américain semble donc logique.

    Pleasure de Ninja Thyberg (Compétition)

    Un choc, un vrai ! Premier long métrage signé Ninja ThybergPleasure ne manquera pas de faire parler. Et pas seulement parce que la séance de sa présentation officielle à Deauville était interdite aux moins de 18 ans. Cru et engagé, il ne tombe jamais dans le misérabilisme ni la complaisance pour raconter l'histoire d'une jeune femme, Linnéa (Sofia Kappel), bien décidée à devenir star du porno sous le nom de Bella Cherry. Des rêves qui se heurtent vite à la réalité d'un milieu toxique et misogyne. Pleasure revêt ainsi l'allure d'un conte de fées trash qui nous dévoile les coulisses de l'industrie et questionne le regard masculin qui la régit trop souvent, ce qui l'ancre parfaitement dans l'air du temps. A mi-chemin entre le documentaire et la fiction et sans tomber dans la caricature, avec un point de vue féministe et une mise en scène d'une grande précision quant à ce qu'il faut montrer ou non, le long métrage allie le fond et la forme avec brio, et il serait étonnant de ne pas le voir figurer au palmarès.

    Blue Bayou de Justin Chon (Compétition)

    Tout est parti d'un constat alarmant : de plus en plus d'enfants immigrés, adoptés par des parents américains, sont menacés d'expulsion aux États-Unis. Comme Antonio, d'origine coréenne, qu'incarne Justin Chon (Eric dans Twilight) dans ce long métrage qu'il écrit et met en scène. Aux côtés d'Alicia Vikander, elle aussi impeccable, il signe un drame émouvant dans lequel il questionne les notions de famille et d'identité. Entre autres, car c'est là le principal défaut de Blue Bayou (avec sa fin déchirante mais qui ne lésine pas sur les violons) : son envie d'aborder trop de sujets à la fois. Cela n'empêche pas le film d'être une jolie réussite, qui vous arrachera sans doute quelques larmes. Et peut postuler à une place au palmarès.

    Flag Day de Sean Penn (Première - L'Heure de la Croisette)

    C'est une histoire de famille. Devant et derrière la caméra. Pour son sixième long métrage en tant que réalisateur, Sean Penn met sa fille Dylan en scène dans ce récit tiré d'une histoire vraie. Et la comédienne crève l'écran dans ce qui apparaît comme une belle lettre d'amour qui lui est tout autant destinée qu'à la culture américaine, au sein d'un récit que l'acteur et cinéaste embrasse sans retenue, en parlant également de lui-même et de ses failles. Avec un sentimentalisme et des envolées mélo qui risquent de diviser le public de Flag Day.

    Ogre d'Arnaud Malherbe (Fenêtre sur le cinéma français)

    Après le loup-garou Teddy l'an passé, c'est un Ogre franchophone qui vient faire frémir Deauville. Pour son deuxième long métrage après Belleville StoryArnaud Malherbe (créateur des séries Chefs et Moloch) jette son dévolu sur un monstre rare au cinéma. Et il le met sur le chemin d'une mère et son fils qui s'installent dans un nouveau village pour fuir un passé douloureux. Dans un premier temps, le film lance quelques pistes pour nourrir le fantastique mais les abandonne étrangement en route. Restent une ambiance digne d'un conte de fées par moments, et les apparitions saisissantes de la créature.

    La Fracture de Catherine Corsini (Première - L'Heure de la Croisette)

    On a coutume de dire que les films de la compétition de Deauville prennent le pouls de l'Amérique. Passé par Cannes en juillet dernier, La Fracture fait de même avec la France. Car il est question de cassure physique et sociale dans le nouveau long métrage de Catherine Corsini, inspiré d'une histoire qu'elle a elle-même vécue. La cinéaste nous entraîne dans un service d'urgences au bord de la saturation un soir de manifestation des Gilets jaunes, avec un couple (Marina Foïs et Valeria Bruni Tedeschi) et un manifestant blessé (Pio Marmaï). Un lieu clos qui se mue en théâtre dont les acteurs incarnent la France actuelle. Avec beaucoup de bruit et de colère, mais également un humour salvateur et une grande énergie. Même si elle se sert de quelques rebondissements plus dramatiques pour faire avance l'histoire, Catherine Corsini n'en abuse pas et tire pleinement parti de ses comédiens pour nous secouer avec une Fracture dont nous devrions reparler aux prochains César.

    JFK L'Enquête d'Oliver Stone (Les Docs de l'Oncle Sam)

    58 ans après les faits, l'assassinat de John F. Kennedy continue de fasciner beaucoup de personnes. Oliver Stone en tête, qui lui avait déjà consacré un long métrage il y a trois décennies et replonge dans l'affaire grâce à des documents récemment déclassifiés qui ont transformé "la théorie du complot en complot avéré", comme il est dit dans son documentaire. JFK L'Enquête étonne souvent et compte ainsi quelques séquences aberrantes où les rapports officiels sont contredits par des experts. Mais sa richesse est autant une qualité qu'un défaut. En plus d'une forme très classique, condense presque trop d'informations en moins de deux heures. Peut-être que la version longue, qui en dure le double, sera un peu plus aérée. Et encore plus riche.

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