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    Cannes 2022 : on a vu le biopic sur Elvis, une possible Palme d'or et le nouveau film de Claire Denis
    Cannes 2022 par AlloCiné
    Cannes 2022 par AlloCiné
    Du 17 au 28 mai 2022, nos expert(e)s passionné(e)s replongent au cœur de la folie cannoise. Responsable éditoriale : Laetitia Ratane Journalistes : Brigitte Baronnet / Mégane Choquet / Thomas Desroches / Maximilien Pierrette Vidéo : Ando Raminoson / Arthur Tourneret / Julien Ceugnart

    Chaque jour, la Rédac' d'AlloCiné vous parle des films vus lors du 75e Festival de Cannes. Aujourd'hui, le biopic sur Elvis Presley, un sérieux candidat pour la Palme d'or et un projet anglo-saxon pour une réalisatrice française.

    Warner Bros.

    Le Festival touche bientôt à sa fin, mais le rock’n’roll fait gronder la Croisette. Après la présentation du documentaire sur David Bowie, Moonage Daydream, les décibels continuent de grimper avec Elvis. Ce biopic signe le retour de l’extravagant Baz Luhrmann à Cannes, neuf ans après Gatsby, le magnifique, qui avait fait l’ouverture en 2013.

    Du côté de la compétition, l’un des membres de l’équipe Allociné, Maximilien Pierrette, a eu un coup de cœur pour Leïla et ses frères, nouveau long métrage de Saeed Roustayi - qui avait marqué l’année 2021 avec son thriller La loi de Téhéran. La Française Claire Denis revient dans la compét’ avec Des étoiles à midi, un projet anglo-saxon porté par Margaret Qualley et Joe Alwyn. Elle n’avait pas présenté de film dans cette catégorie depuis 1988.

    Dans les sections parallèles, lumière sur un film colombien, A Male, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, mais aussi la nouvelle folie de Panos H. Koutras - le réalisateur de L’Attaque de la moussaka géante -, Dodo.

    Pour écouter l’équipe d’AlloCiné échanger et partager leurs impressions sur les films vus à Cannes, retrouvez notre podcast Spotlight, disponible sur toutes les plateformes :

    Elvis de Baz Luhrmann (Hors-compétition)

    Quand la musique est bonne… Baz Luhrmann est souvent dans le coin. Mais il va encore plus loin avec Elvis. Alors que Roméo JulietteMoulin Rouge ou Gatsby le magnifique marquaient les esprits (et les oreilles) grâce à leurs bandes-sons et fêtes endiablées, le réalisateur australien signe ici un biopic. Sur une véritable icône, cool et rock. Et il fallait bien toute la maestria du cinéaste pour parvenir à capturer l'énergie scénique du King, qui infuse dans le film dès ses premières images ébouriffantes. Presque trop, car cette tornade de sons, images et musiques laisse craindre un épuisement au bout des 2h40 que dure le récit, raconté par Tom Parker (Tom Hanks), manager trouble d'Elvis. Heureusement, le rythme se calme un peu, quand apparaît Priscilla (Olivia DeJonge), même si leur histoire d'amour n'est pas aussi importante que ce que le long métrage nous dit. Car Baz Luhrmann paraît davantage focalisé sur la mise en parallèle de la carrière du King et l'Histoire des États-Unis dans les années 60-70, dont il a été l'un des catalyseurs. Un point de vue intéressant en forme d'écrin pour laisser Austin Butler briller de mille feux : le jeune acteur est tout simplement phénoménal dans la peau d'Elvis, dont il parvient à capturer la gestuelle au point que l'on se demande parfois si les images que l'on voit proviennent du film ou d'archives. Les fans du cinéaste seront ravis, et ils pourront assister à l'une des performances les plus dingues de ces dernières années. Maximilien Pierrette

    Leila et ses frères de Saeed Roustaee (Compétition)

    Âgé de 32 ans, Saeed Roustaee a déjà réalisé trois longs métrages. Dont La Loi de Téhéran, l'un des films les plus remarqués de 2021, qui a visiblement tapé dans l'œil du comité de sélection du 75ème Festival de Cannes. Car le réalisateur iranien débarque directement en Compétition sur la Croisette, alors que son compatriote Asghar Farhadi fait partie du jury. Et il serait très étonnant qu'il ne reparte pas avec un prix sous le bras grâce à Leila et ses frères. Soit l'histoire d'une famille qui se déchire à cause d'une crise économique liée aux actions de Donald Trump contre l'Iran, et dont la fille essaye de trouver une solution tout autant que maintenir un semblant de cohésion. Sur le papier, il y avait de quoi avoir peur de ce film de 2h45 projeté en fin de festival. Il n'en est rien. Si la mise en place est un poil lente, on ne s'ennuie jamais devant la vivacité des dialogues et de la réalisation, qui repose sur diverses oppositions : hommes contre femmes, parents contre enfants, capitalisme contre valeurs familiales… On pense évidemment au cinéma d'Asghar Farhadi, pour la manière que Saeed Roustaee a de se servir de l'intime pour évoquer son pays en général. Mais le cinéaste prouve l'étendue de son talent avec ce drame porté par un casting en or, plein de répliques qui fusent et qui se termine par l'un des plus beaux plans de fin vus depuis le début du festival. Palme d'or à la clé ? Ce ne serait pas pour nous déplaire.

    Stars at Noon (Compétition officielle)

    Claire Denis n'était pas revenue en compétition à Cannes depuis 1988 ! La voici de retour avec Stars at Noon, film en langue anglaise, avec Margaret Qualley (remarquée dans Once Upon A Time in Hollywood, et héroine de la série Maid sur Netflix) et Joe Alwyn (découvert dans Un jour de la vie de Billie Lynn). L'intrigue se passe dans les années 80, en pleine révolution nicaraguayenne. Stars at Noon raconte l'histoire de deux amants, pris au piège de ce pays pour différentes raisons que l'on va découvrir, et surtout pris au piège de leur passion amoureuse. On retient avant tout de ce film ces deux acteurs, dont l'association fait des étincelles. Margaret Qualley y est, comme toujours, magnétique. Joe Alwyn, qui remplace Robert Pattinson, initialement convoité pour ce rôle (mais retenu par le retard pris par The Batman), séduit aussi. Ce couple fait clairement écho à ceux que l'on pouvait trouver dans les films d'espionnage dans les années 40. Stars at Noon joue clairement sur ces codes, en installant une tension et un suspense. Ajoutez à cela la moiteur du pays, une langeur dans la mise en scène, et une musique jazzy signée Stuart Staples de Tindersticks, et vous aurez une idée du charme qui se dégage de ce film. Sortie : prochainement. Brigitte Baronnet

    A Male de Fabián Hernández (La Quinzaine des réalisateurs)

    Pour son tout premier film, le Colombien Fabián Hernández pose sa caméra sur les quartiers difficiles de Bogotá. Les gangs et leurs règlements de compte font la loi. Dans cet univers sans pitié où le plus fort se fait respecter, Carlos tente de trouver sa place. Le jeune homme vit dans un foyer, loin de sa mère en prison et séparé de sa sœur, qui se prostitue. Son souhait ? Être réuni avec sa famille pour les fêtes de Noël. Mais les émotions et la mélancolie n’ont pas leur place dans la rue. Pour se faire respecter, Carlos doit s’affirmer davantage comme un homme, un “vrai”. Film réalisé avec peu de moyens et un jeune acteur - Felipe Ramirez -, A Male s’intéresse à la figure masculine et son pouvoir autoritaire sur les plus faibles. Celui qui tire sur la gâchette est celui qui règne sur le monde. Le long métrage dépeint le portrait d’un personnage sensible et perdu, tiraillé entre la raison et ce que la société attend de lui. Peut-on réellement survivre en renonçant à la violence ? C’est la question que pose A Male, qui transforme un marginal attachant en véritable héros de cinéma. Thomas Desroches

    Dodo de Panos H. Koutras (Cannes Première)

    Présenté en sélection Cannes Première, Dodo signe le retour du réalisateur grec Pános H. Koútras (L'Attaque de la moussaka géante, Xenia) qui propose un film dans la lignée de sa filmographie à part et décalée. Dodo raconte comment cet oiseau, disparu il y a 300 ans, va réapparaître au sein d’une famille dysfonctionnelle au bord de la ruine. Planqué dans leur résident luxueuse aux environs d’Athènes, le couple Mariella - Pavlos espère retrouver leur statut social en célébrant l’union de leur fille Sofia avec un riche héritier. Mais l’apparition de ce dodo dans leur jardin et l’irruption d’invités inattendus à quelques heures du mariage vont entraîner les personnages dans un tourbillon fou d’évènements rocambolesques, de révélations bouleversantes et de remises en question nécessaires. Ce pitch original permet à Pános H. Koútras de rassembler des personnalités fortes venues de toutes les couches sociales avec des parcours de vie différents. Ce choc des identités va permettre de nouveaux liens, l’émergence de secrets mais aussi apporter une certaine quiétude à l’une de ses héroïnes, dont l’attachement particulier à ce dodo va nous plonger dans un conte revisité et inspiré d’Alice au pays des merveilles. Si la part de poésie dans certaines images et les interventions d’un très joli et très drôle dodo sont réussis, on est moins convaincu par les dialogues assez soapesques de personnages archétypaux. Mégane Choquet

    La Montagne de Thomas Salvador (Quinzaine des Réalisateurs)

    Huit ans après Vincent n'a pas d'écailles, premier film de super-héros français, voici La Montagne. Le second long métrage de Thomas Salvador, qui s'offre donc la Quinzaine des Réalisateurs pour son lancement. Après des super pouvoirs liés à l'eau, l'acteur et metteur en scène change d'élément pour privilégier l'air. Celui des Alpes que son personnage, un ingénieur parisien, découvre et aime tellement qu'il décide de tout plaquer pour installer un bivouac en altitude. Comme dans Vincent n'a pas d'écailles, Thomas Salvador incarne un homme en marge. Dans un récit où le fantastique s'immisce par petites touches et vient renforcer la poésie qui se dégage de ces magnifiques paysages de montagne. Assez pour excuser des longueurs et un rythme proche de celui du héros, peu enclin à laisser transparaître ses émotions. Ce long métrage qui prône le retour vers la nature demande donc un peu de patience au spectateur, mais celle-ci finit par être récompensée et confirme le talent singulier de son auteur. Maximilien Pierrette

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