Mon compte
    Quand les Américains copient les Anglais... Et se plantent !

    Depuis des décennies, les Américains s'acharnent à produire des remakes de séries britanniques. A l'exception de quelques belles réussites, ces tentatives se soldent souvent par de cuisants échecs. La preuve en images !

    Fox / NBC

    Ce n'est pas un secret : les Américains sont avides de remakes. Depuis des décennies, ils en produisent jusqu'à plus soif. Et s'il y a bien un pays qui les attire particulièrement lorsqu'ils cherchent des petites perles, c'est bel et bien la Grande-Bretagne. On ne compte plus le nombre de projets d'adaptations de séries britanniques lancés aux Etats-Unis, le phénomène se répétant tous les ans avec une constance parfois déconcertante. Pourquoi "déconcertante" ? Tout simplement parce que, dans la plupart des cas, ces projets se soldent par des échecs cuisants.

    Pilotes avortés, déprogrammations, saisons réduites à peau de chagrin en cours de route, annulations au bout d'une saison... Ces adaptations finissent rarement par devenir des hits. Les raisons en sont multiples. Parfois, l'essence de la série originale - ce qui faisait justement son charme - a disparu.

    Parfois, le concept ou l'humour n'est pas adapté, ou mal, à la culture américaine. Fréquemment, les chaînes américaines ne laissent pas vraiment le temps à ces séries de s'installer ou ont mal anticipé sur la durée, cherchant à étirer des concepts sur 22 épisodes alors que les britanniques, qui n'ont pas les mêmes moyens de production ni les mêmes pools de scénaristes et qui ne sont pas soumis à la dictature des annonceurs, se contentent toujours de saisons courtes.

    Plus de 40 ans de remakes

    Loin d'être nouveau, ce phénomène dure même depuis 45 ans. Dans les années 70, les réussites de Sanford and Son (adaptée de la britannique Steptoe and Son), All in The Family (adaptée de Death Us Do Part) ou encore de Three's Company (adaptée de Man About the House) ont allumé la mèche et braqué les yeux des producteurs américains sur le petit écran britannique.

    Mais, depuis ces adaptations à la mode seventies, la consommation télévisuelle a énormément changé tout comme les moyens d'information. Aujourd'hui, il y a toujours plus de chaînes et de plateformes, les shows traversent les océans, sont disponibles partout dans le monde très rapidement et les amateurs de séries savent que telle ou telle série en vaut la peine très en amont. En somme, les séries peuvent très vite émerger en dehors de leur pays.

    Alors pourquoi ne pas regarder l'original au lieu de faire un probable copié-coller sans charme et sans originalité ? Pourquoi persister à répliquer une oeuvre que certains Américains connaissent déjà et qui risque de subir les éternelles comparaisons avec son original ? Surtout quand la barrière de la langue n'est même pas un problème, Américains et Britanniques parlant l'anglais (oui, oui, il paraît).

    Futures réussites ou futurs échecs ?

    E4

    On comprend d'ores et déjà pourquoi les projets de nouveaux remakes peuvent faire grincer les dents et susciter la controverse chez les Britanniques mais aussi chez leurs fans outre-atlantique, comme ce fut le cas au moment où la cultissime Le Prisonnier avait été remise au goût du jour.

    Dernièrement, c'est le remake de Misfits, prévu par Freeform avec Josh Schwartz et Stephanie Savage aux manettes, qui interroge. N'oublions pas qu'il y a encore peu, les Américains voulait leur propre Black Mirror avant que la série ne soit reprise par Netflix, qu'un remake de Luther a été désiré et qu'une version US d'Utopia a également été envisagée avant d'être abandonnée. Dommage, puisque cette dernière, signée David Fincher, aurait pu donner quelque chose de nouveau...

    Cette envie de capturer les concepts britanniques est parfois telle que certains se voient remaker plusieurs fois de suite. C'est le cas de L'hôtel en folie (quatre tentatives), mais aussi d'Absolutely Fabulous, dont les deux tentatives d'adaptation n'ont jamais abouties. Et en 2014, le projet de remaker The It Crowd, déjà tenté en 2008, avait de nouveau été considéré au grand dam des fans de la série d'origine.

    Des exceptions qui confirment la règle ?

    Bien évidemment, les exceptions existent et certaines adaptations récentes ont réussi leur pari, avec un mélange de qualité et de bonnes opportunités. Ces séries ont eu le mérite d'exporter le concept d'origine en l'adaptant à la culture américaine et, dans le même mouvement, le public a adhéré. C'est le cas de The Office, House of Cards, Shameless, Queer As Folk ou encore, mais dans une moindre mesure, de Wilfred, Being Human, Getting On ou récemment Mistresses qui ont toutes connu plusieurs saisons.

    En comparaison de ces rares succès, l'expérience est globalement peu concluante. C'est dommage de le constater au vu de certaines de ces adaptations qui, loin d'être mauvaises, ont simplement manqué de chance. Et c'est tout aussi triste d'apprendre que certains créateurs britanniques, invités à participer au remake américain de leur propre série, ont parfois été bloqués dans le processus artistique par des networks ou des producteurs.

    C'est d'ailleurs ce qui fait tout le sel d'Episodes, la comédie britannico-américaine dans laquelle deux scénaristes anglais sont invités à Hollywood pour adapter leur série à la sauce américaine. So long my friend...

    Luther doit-il être adapté aux Etats-Unis ?

     

    Broadchurch

    En Grande-Bretagne : Un peu partout dans le monde, Broadchurch a fait son petit effet et, sans surprises, vu surgir des avatars plus ou moins bien réussis... Aux Etats-Unis : Mais, la chaîne Fox a fait fort en recréant presqu'à l'exactitude le show d'origine, castant même David Tennant dans le rôle principal de Gracepoint. On ne sait toujours pas pourquoi le créateur de la série originale, Chris Chapnall, a accepté le "challenge". La série a d'ailleurs été annulée. Elle est à découvrir en ce moment sur France 2 et les audiences ne sont pas vraiment au rendez-vous.

    The It Crowd

    En Grande-Bretagne : L'hyper geek The It Crowd, qui a révélé Chris O'Dowd au grand public, a duré quatre saisons. Aux Etats-Unis : Pas assez satisfaits de caser des geeks un peu partout dans leurs séries, les Américains ont tenté de produire un remake en 2007. Richard Ayoade y reprenait son rôle et Joel McHale partageait aussi l'affiche. La série a été commandée puis abandonnée mais, NBC n'a pas lâché son idée : elle a ensuite commandé un nouveau pilote produit par Bill Lawrence (qui n'est jamais devenu une série).

    Suspect n°1

    En Grande-Bretagne : La mythique série originale avec l'inspecteur Helen Mirren a duré six saisons et offert, à la mode anglaise, seulement 15 épisodes. Aux Etats-Unis : Même s'ils s'étaient déjà plus ou moins emparés du concept avec The Closer, les Américains ont produit leur remake officiel en 2011 avec Maria Bello. Malgré le talent de cette dernière, la formule n'a pas convaincu le public. Une seule saison et puis s'en va.

    Teachers

    En Grande-Bretagne : Avant de dégommer les zombies de The Walking Dead, Andrew Lincoln était l'un des enseignants de Teachers, une autre série emblématique créée par nos voisins anglais. Alors forcément... Aux Etats-Unis : Les Américains ont voulu leur propre Teachers et l'ont eue en 2006. Enfin, un temps seulement. La comédie avec Justin Bartha et Sarah Shahi a été annulée après six épisodes, là où la série originale avait duré 4 saisons.

    Skins

    En Grande-Bretagne : La politiquement incorrecte Skins a marqué toute une génération et été un vrai catalyseur de talents (Nicholas Hoult, Jack O'Connell, Dev Patel, Kaya Scodelario...). Aux Etats-Unis : Transposées à Baltimore, les aventures débridées des Américains de Skins ont essuyé plusieurs polémiques. Plus édulcorée que son original mais tout de même développée par le même créateur, cette dernière a été attaquée par le Parents Television Council puis abandonnée par ses sponsors. Un miracle qu'elle ait tenu 10 épisodes !

    Life on Mars

    En Grande-Bretagne : Lancée en 2006, Life on Mars a été très bien reçue par la critique. Il faut dire que son histoire (de nos jours, un flic se réveille en 1973) avait de quoi passionner. Aux Etats-Unis : Pour surfer sur ce succès, la chaîne ABC adapte le show deux ans plus tard. Plutôt réussie, malgré un final décevant, Life on Mars dégringolera prodigieusement dans les audiences en l'espace de quelques épisodes.

    La pire semaine de ma vie

    En Grande-Bretagne : En 2004, les Anglais imaginent la pire semaine que pourrait vivre un couple avant son mariage. Le concept est brillant, décalé et so british. Du coup, le monde entier décide de l'adapter (même nous !) Aux Etats-Unis : Dès 2005, la Fox tente sa chance puis abandonne. L'idée est finalement reprise en 2008 avec Worst Week. CBS veut produire une saison de 22 épisodes - là où sa grande soeur avait produit trois saisons de seulement quelques épisodes - quitte à essouffler totalement le concept avec des gags à gogo. Ca ne loupera pas.

    The Inbetweeners

    En Grande-Bretagne : En trois saisons, The Inbetweeners a su capturer toute l'essence d'une adolescence morne et, bien sûr, gênante... Aux Etats-Unis : Déjà tentée en 2008 par ABC, l'adaptation américaine se concrétise en 2011 sur MTV. Une nouvelle fois, le public n'accroche pas et seule une saison sera produite...

    Coupling

    En grande-Bretagne : Classique de la sitcom anglaise, Coupling a répandu, quatre saisons durant, un petit charme particulier, une indécence très difficile à copier et un humour à la Steven Moffat.. Aux Etats-Unis : Alors que la série est alors déjà diffusée sur BBC America, NBC, qui cherche un remplaçant à Friends, produit le remake et en confie les rênes à Moffat. L'échec est cuisant. Selon Moffat, NBC n'aurait cessé de vouloir intervenir sur tout...

    La Onzième Heure

    En Grande-Bretagne : Portée par le grand et international Patrick 'Star Trek' StewartLa Onzième Heure et ses quatre petits épisodes, avait-elle vraiment besoin d'un remake ? Aux Etats-Unis : CBS et Jerry Bruckheimer ont estimé que oui et lui ont donc offerte un remake avec Rufus Sewell dans le rôle principal. Rien de scandaleux mais rien de vraiment formidable non plus.

    Absolutely Fabulous

    En Grande-Bretagne : Comment le dire ? Edina et Patsy sont aussi imbibées qu'inimitables, so Absolutely Fabulous. Aux Etats-Unis : Et pourtant, à deux reprises, un remake américain a été tenté. La première fois, par Roseanne Barr, la seconde par Christine Zander et Jennifer Saunders (la créatrice et star de la sitcom originale). Les deux n'ont jamais vu le jour. Ouf !

    Femmes de footballers

    En Grande-Bretagne : Ceux qui se sont délectés devant l'exubérance des Femmes de footballeurs d'ITV, savent à quel point c'est son outrance et son kitsch qui faisaient partie de son charme. Pour respecter l'oeuvre d'origine, il fallait donc y aller à fond, en mode 100% soap. Aux Etats-Unis : Malheureusement, Football's Wives, adapté au foot américain, n'a pas passé le stade du pilote. Dommage, on aurait bien aimé voir Lucy Lawless, Gabrielle Union, James Van der Beek et Eddie Cibrian se tirer dans les pattes...

    Et alors ?

    En Grande-Bretagne : Populaire en Angleterre, As If racontait le destin de six copains. Chaque épisode suivant le point de vue de l'un d'entre eux. Aux Etats-Unis : Si la série originale a duré quatre saisons, son adaptation US a tenu... deux épisodes avant qu'UPN ne la déprogramme.

    Birds of a Feather

    En Grande-Bretagne : La sitcom Birds of a Feather, qui racontait l'histoire de trois femmes, a duré presque 10 ans sur la BBC, connu un revival en 2014 et une adaptation sur les planches. Un grand succès en somme. Aux Etats-Unis : Intitulé Stand by your Man, le remake de la FOX avec Rosie O'Donnell et Melissa Gilbert avait séduit la critique. Malheureusement, le public n'a pas suivi et seuls 8 épisodes seront diffusés.

    Blackpool

    En Grande-Bretagne : Chantante et décalée, Blackpool, la minisérie musicale avec David Morrissey et David Tennant aurait franchement pu se passer d'un remake. Aux Etats-Unis : Et pourtant, trois ans plus tard, CBS tentait le pari en lançant Viva Laughlin!, pourtant adaptée par Peter Browker, le créateur de la série originale. Hugh Jackman et Lloyd Owen n'ont pas su convaincre et le show est déprogrammé au bout de 8 épisodes...

    Gavin & Stacey

    En Grande-Bretagne : Adorée par la critique anglaise dès son lancement en 2007, Gavin & Stacey suit l'histoire d'un couple qui vit une relation longue distance. Trois saisons ont été produites. Aux Etats-Unis : Les Américains ont tenté trois fois de l'adapter ! NBC en 2008, ABC en 2009 et, seule la FOX a passé le cap de la commande en 2013 avec Us and Them. Malheureusement, la série avec Jason Ritter et Alexis Bledel a ensuite été annulée... avant même d'être diffusée. Dommage...

    Cracker

    En Grande-Bretagne : Série policière centrée sur un psychologue criminel qui aide la police de Manchester (campé par Robbie Coltrane, futur Hagrid d'Harry Potter), Cracker a duré trois saisons, de 1993 à 1996. Aux Etats-Unis : Dans sa version américaine, le héros est cette fois incarné par Robert Pastorelli et l'on y découvre également un jeune Josh Hartnett. ABC diffuse une dizaine d'épisodes en 1997 sans beaucoup d'enthousiasme...

    Free Agents

    En Grande-Bretagne : La comédie noire Free Agents n'a duré qu'une saison dans son pays d'origine. Aux Etats-Unis : Pas du tout nécessaire, son remake américain a été annulé au bout de quatre épisodes, malgré la présence d'Anthony Head (qui reprenait son rôle de patron obsédé), pêchant à capturer la mélancolie qui se dégageait de l'original.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top