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    La Bande à Picsou : n'ayez pas peur du reboot, bien au contraire
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    "La Bande à Picsou" fait peau neuve et nous entraîne dans de nouvelles aventures, grâce à un "reboot" diffusé tous les dimanches sur Disney XD. De quoi hérisser les plumes des fans de la première heure ? Loin de là.

    DISNEY XD

    Quiconque a sacrifié sa grasse matinée du dimanche matin (et celle des ses parents) pour vibrer au rythme des aventures de La Bande à Picsou, au début des années 90, n'a sans doute pas manqué de grincer des dents lorsque le reboot de la série a été annoncé. Sans tomber dans le passéisme, il faut quand même avouer que les dessins animés diffusés à la télévision, c'était un peu mieux avant. Aux belles heures du Disney Club par exemple, lorsque la qualité primait sur le rendement. Présentée lors du dernier Festival d'Annecy, cette nouvelle version est actuellement diffusée sur Disney XD, et il ne faut vraiment pas en avoir peur. Bien au contraire.

    LE CANARD ET LA MANIÈRE

    Entre la première et la deuxième mouture de la série animée, trente ans se sont écoulés. Et c'est peu dire que les personnages ont changé, non sans nous faire peur lorsque nous avons découvert le rendu visuel de cette Bande à Picsou 2.0. Loin de leurs prédécesseurs, dont l'animation était plus riche, plus ronde, plus soignée et plus proche de ce qui se faisait à l'époque chez Disney, en matière de longs et moyens métrages (dont Le Prince et le Pauvre, Mickey et le haricot magique), les héros ont aujourd'hui des traits plus anguleux, qui évoquent un coup de crayon plus rapide. Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer le Picsou de 1987 et l'actuel.

    Disney

    Il en va de même pour Donald Duck. Ou de ses neveux, Riri, Fifi et Loulou, dotés de visages plus ronds que d'habitude, alors que les couleurs de leurs tenues respectives sont moins éclatantes. Les néophytes n'auront peut-être pas de mal à s'y habituer, les aficionados si. Mais on s'y fait très vite, malgré des mouvements un peu raides par moments. Car rien n'empêche nos héros de changer légèrement de style, comme tous ces super-héros passés entre les mains de divers illustrateurs au fil des époques. Il faut juste laisser nos souvenirs dans un coin de notre tête, pour qu'ils ne parasitent pas (trop) le visionnage. Surtout qu'il n'y a rien de gratuit, ni de fainéant dans ce ravalement de façade, qui se retrouve également dans le ton.

    Dès le générique, qui reprend des visuels de Carl Barks, créateur des personnages, comme vous pouvez le constater dans le diaporama en haut de cette page, La Bande à Picsou nouvelle orchestre en effet le mariage entre la bande-dessinée classique et le dessin animé moderne. Pas forcément sur le fond, puisque même sans être à destination des plus petits (oui, les adultes peuvent grandement apprécier !), il y a encore du bon sentiment, Disney oblige. Et nous sommes loin de la folie d'un Rick & Morty ou d'un BoJack Horseman, qui ne sont sans doute pas les modèles avoués de ses créateurs. Sur la forme, en revanche, c'est autre chose, car cette première saison se révèle trépidante, si bien que son esthétique fait vite corps avec son rythme.

    EN SUIVANT RIRI, FIFI ET LOULOU

    Mieux : non content de revenir à zéro, le récit se paye le luxe de refaire les fondations, en tissant un fil rouge qui lui permet de mettre une nouvelle mythologie et un univers entier sur pattes. Le terme de "reboot" n'est ainsi pas usurpé, et nombreux sont les mystères qui seront résolus (ou pas) au gré des épisodes, et notamment celui qui entoure la mère de Riri, Fifi et Loulou, confiés à Balthazar Picsou par Donald, dans le pilote. Trois jeunes canards qui apparaissent vite comme les grands gagnants de cette relecture.

    Hormis leurs couleurs de pull, saviez-vous vraiment faire la différence entre Riri, Fifi et Loulou avant ? Non, n'est-ce pas ? Il en va tout autrement ici, puisque chaque caractère est bien défini, de l'intelligence du premier à la timidité du troisième, en passant par le sens de l'aventure du second. Et chacun ne manque pas d'occasions pour briller au sein des épisodes, et notamment le 7 et son histoire de stage chez l'équivalent de Mark Zuckerberg de Canardville, ou le 8, qui voit les personnages séparés en petits groupes au sein d'une pyramide.

    DISNEY XD

    Un trio qui se transforme bien souvent en quatuor lorsque la jeune Zaza vient se greffer à eux. Quasi-anecdotique dans la série de 1987, la petite-fille de Mamie Baba prend ici une place plus importante grâce à sa curiosité, son énergie et son sens de l'aventure, qui lui permettent de participer à celles de Picsou, Riri, Fifi et Loulou. Et même de se révéler plus fûtée que les trois Castors Juniors face aux dangers qui les guettent régulièrement. Le traitement réservé à la cane illustre d'ailleurs bien ce que le reboot offre aux personnages secondaires.

    On regrettera quand même que Flagada Jones soit sous-exploité, alors que son potentiel comique est indéniable. Pour le moment, le pilote de choc nous est surtout montré de façon parcimonieuse et mystérieuse, surtout dans l'épisode 6, situé en Asie : à peine son hydravion posé, il se sépare de la petite troupe pour aller rendre visite à une amie perdue de vue et ne revient qu'à la fin du récit, en donnant l'impression d'avoir affronté plus de périls qu'Indiana Jones dans l'intégralité de ses quatre films. Mais nous n'en saurons pas plus, ce qui s'avère frustrant.

    Géo Trouvetou est également trop en retrait à notre goût, mais il n'en est heureusement pas de même pour les autres, et notamment les guests : Archibald Grispou est aussi retors (et radin) que dans nos souvenirs, les Rapetou ont du mal à mettre leurs plans à exécution pour cause de bêtise, et la chance de Gontran Bonheur est toujours de la partie, le temps d'un épisode qui compare sa vie à celle de Donald, qui assure brillamment le côté burlesque de la série. Et il y a même la sorcière Miss Tick, dont l'ombre diabolique plane sur cette première saison.

    DISNEY XD

    Pour mieux affronter Picsou et tenter de lui dérober son célèbre sou fétiche (le premier qu'il a gagné et qui lui a donné l'envie de devenir l'homme le plus riche du monde) par la suite ? C'est fort probable, car la saison 2 a d'ores et déjà été commandée par Disney XD. Des nouveaux épisodes dont on ne sait actuellement pas grand chose et que l'on imagine bien être diffusés au deuxième semestre de cette année. Tout en restant sur les fondations solides qu'elle nous a déjà présentées, la série pourra en profiter pour corriger les quelques défauts cités plus haut, et continuer de s'appuyer ses forces, et notamment son humour, les voyages qu'elle nous permet de faire, sa vivacité. Et son héros.

    Car la vraie star de La Bande à Picsou, comme son titre le laisse entendre, c'est bien évidemment lui : le canard le plus riche (et avare) du monde, le plus grand boss de toute la ville, le plus puissant de tout Canardville... Bref, la série serait rebaptisée Picsou et sa bande que nous ne serions pas choqués, tant l'oncle de Donald Duck occupe le premier plan et brille autant que l'or dans lequel il aime prendre des bains, par son intelligence, sa sagesse et sa soif de trésors, à l'origine de chaque nouvelle intrigue dans laquelle nous nous laissons facilement entraîner. Composée de neuf épisodes, la saison paraît d'ailleurs trop courte au vu de l'enthousiasme qu'elle suscite. Surtout quand retentit son célèbre générique, dont la chanson est quasi-inchangée. Woo Hoo !

    Si vous avez chanté et/ou dansé au son de cette vidéo, c'est que la nostalgie au coeur de ce reboot fonctionne à plein régime. Mais La Bande à Picsou de 2017, ça n'est pas que ça, car un mélange quasi-miraculeux opère entre tradition et modernité, humour et aventure, hommage et nouveauté. Assez pour donner envie de voir et revoir les épisodes en DVD et Blu-Ray, ne serait-ce que pour profiter du doublage original qui plaira aux fans de séries, puisque David Tennant y fait usage de son plus bel accent écossais en Picsou, aux côtés de Danny Pudi de Community (Riri), Ben Schwartz de Parks and Recreation (Fifi) ou Kate Micucci de Scrubs (Zaza).

    Comme l'auteur de ces lignes, vous risquez fort d'en redemander. Voire d'espérer que Myster Mask, autre star du Disney Club évoluant dans le même univers, ait aussi droit à son reboot. Un souhait qui pourrait bien être exaucé, si l'on en croit l'annonce de l'arrivée du personnage dans La Bande à Picsou, faite lors du dernier Comic-Con de San Diego. Aucune précision n'a encore été apportée sur ce cross-over, qui devrait avoir lieu dans la saison 2, et qui expliquerait pourquoi Flagada Jones, allié du super-héros, disparaît aussi souvent. Mais, pour patienter, vous êtes attendus à Canardville en compagnie de Donald, Riri, Fifi, Loulou et Picsou, le dimanche matin sur Disney XD. Quitte à sacrifier votre grasse matinée et celle de vos enfants.

    Quand David Tennant et les stars du casting vocal chantent le générique (attention, vous risquez de regarder cette vidéo en boucle) :

    La Bande à Picsou découvre un trésor dans son générique...

    ... et rend hommage aux dessins de Carl Barks

    La Bande à Picsou affronte le Hollandais Volant dans son générique...

    ... comme dans la tableau signé Carl Barks

    Zaza, Fifi, Loulou et Riri à dos de Rhino dans le générique...

    ... comme sur le tableau de Carl Barks (avec Picsou et Donald en plus)

    Picsou plonge dans son or pendant le générique...

    ... comme dans l'un des célèbres tableaux de Carl Barks

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