Mon compte
    Pourquoi Angie Tribeca est la série la plus drôle du moment
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Deux ans après sa première enquête aux États-Unis, "Angie Tribeca" débarque en France, sur Warner TV, pour protéger et faire rire. Et tandis que la saison 2 débute, vous feriez mieux de jeter un oeil, car c'est la série la plus drôle du moment.

    TBS

    Le 17 septembre 2013, la chaîne FOX lance Brooklyn Nine-Nine, comédie policière emmenée par Andy Samberg, et qui semble bien partie pour être le successeur de Police Squad !, sous la houlette des créateurs de Parks & Recreation. Mais c'est finalement grâce à un autre membre de la série de NBC, l'actrice Rashida Jones, que la relève de Frank Drebin débarque sur TBS, le 17 janvier 2016. Deux ans plus tard, Warner TV remet les compteurs à zéro et lance la 1 en France, alors que la 4 débarquera aux États-Unis dans les prochains mois, pour permettre à Angie Tribeca de défendre son titre de show le plus drôle du moment. Si, si.

    Un brin d'histoire s'impose néanmoins, avant d'entrer dans le vif du sujet. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas au cinéma que Leslie Nielsen a créé son rôle le plus célèbre (avec celui du médecin de Y a-t-il un pilote dans l'avion ?) mais bien à la télévision, dans les six épisodes que compte la première et unique saison de Police Squad !, diffusée sur ABC en 1982. Une année qui voit donc la naissance du Lieutenant Frank Drebin, sous la supervision de David ZuckerJim Abrahams et Jerry Zucker, également appelés les ZAZ.

    Un trio qui a donné naissance à "l'humour ZAZ", héritier de celui des Marx Brothers, de Mel Brooks et autres génies burlesques, auxquels vient s'ajouter un goût immodéré pour la parodie, la gradation, le non-sens et le détail qui tue en arrière-plan, qui fait que l'on peut encore découvrir des choses dans l'un de leurs films après plusieurs visionnages. Des longs métrages parmi lesquels on compte notamment les Hot Shots !, le premier Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (mais surtout pas le deuxième) et la saga des Y a-t-il un flic... ?, dans laquelle Leslie Nielsen reprend son rôle de Frank Drebin, lieutenant qui doit autant ses arrestations à ses talents d'enquêteur qu'à ses gaffes de compétition, et dont la voiture passe partout. Vraiment.

    Un esprit dont les frères Wayans se sont emparés au début des années 2000 avec les Scary Movie, repris ensuite en main par David Zucker avec plus (l'épisode 3) ou moins de succès (le 4), mais Leslie Nielsen devant la caméra à chaque fois. Avec le décès de ce dernier, survenu le 28 novembre 2010 à l'âge de 84 ans, tout laissait penser que l'humour ZAZ appartenait désormais au passé. Jusqu'à ce 17 janvier 2016 et la diffusion du pilote d'une série créée par Steve et Nancy Carell. Un épisode qui ne tarde pas à rappeler de bons souvenirs à ceux qui ont grandi avec les Hot Shots ! et autres Y a-t-il un flic... ?

    Une jeune femme s'y lève aux aurores et fait des exercices... avant de remplir un sac à dos d'objets divers et variés (dont un marteau), d'éclater des ballons à coups de pieds, de saccager sa salle de bain serviettes en main et d'accrocher un arc à flèches à sa ceinture, sous sa veste de costume. En moins d'une minute, Angie Tribeca s'impose comme la fille cachée de Frank Drebin, et ce sentiment ne nous quittera plus pendant pendant vingt minutes. Pas plus que pendant les trois saisons qui suivent. Là où beaucoup de comédies actuelles reposent sur les improvisations de leurs acteurs ou sur des situations loufoques, la série fait renaître l'humour ZAZ sur petit écran. Et s'avère être l'une des plus drôles du moment, si ce n'est LA plus drôle.

    Ce jugement est bien évidement subjectif, mais nul ne pourra affirmer que le show manque de créativité, tant chaque épisode développe plus d'idées et trouvailles (parfois débiles, c'est vrai) que d'autres sur une saison entière. Le pilote regorge d'ailleurs d'exemples, entre la scène d'infiltration en tant que modèle nu d'un cours d'art plastique ; la poursuite qui n'essaye même pas de dissimuler la doublure acrobatique d'un Hayes MacArthur incapable de réussir une simple roulade ; ou les quelques running gags qu'il lance, à l'image du légiste (Alfred Molina) qui paraît toujours estropié d'une façon différente et du chien presque plus doué que ses partenaires humains. Sans oublier ce générique, qui apparaît dès l'épisode suivant, et parodie celui des Experts : Miami. Avec un cri tout particulier.

    Un cri dont l'origine change à chaque épisode, même si ce gag disparaît dans une saison 2 qui ne possède plus l'effet de surprise et déçoit pendant quelques minutes... mais se reprend très vite, et retrouve les qualités vues précédemment : un humour complètement barré, un goût toujours aussi prononcé pour l'absurde et les dialogues qui doivent faire s'arracher des cheveux aux traducteurs, et des guests de plus en plus prestigieux. Que James Franco apparaisse dans l'épisode 2 avant de faire un retour plus régulier dans la saison 2, ça n'est pas très étonnant. Pas plus que le passage éclair de Jon Hamm au début de cette même saison 2. Chris Pine en simili-Hannibal Lecter et - surtout - Natalie Portman dans la 3, en revanche, c'est autre chose.

    Et la preuve que la série a bien changé de dimension et qu'elle n'est plus la petite rigolote qui délire dans son coin, mais bien de celles qui comptent et où tout le monde se presse pour s'amuser, et nous avec. Mais elle n'oublie pas son côté policier dont elle semble, dans un premier temps, se désintéresser, avec des titres d'épisodes tels que "L'organistrice de mariage a fait le coup" ou "Le ventriloque a fait le coup", qui réduisent grandement la durée de vie du suspense. Il n'empêche que chaque investigation est menée jusqu'à son terme, avec un coupable dévoilé à la fin. Et qu'un fil rouge plus ou moins solide se tisse au gré du récit, la série atteignant son paroxysme lors du final de la saison 3, où toute l'enquête autour d'un tueur en série, menée pendant les épisodes précédents, aboutit à... Un twist que vous découvrirez lorsque Warner TV le diffusera.

    Mais sachez que si le dénouement revêt des allures de vaste blague, c'est avant tout d'elle-même que se moque Angie Tribeca, et de ses personnages, d'un sérieux papal alors qu'ils accumulent les gaffes et bévues. Et c'est aussi en cela que l'héroïne s'inscrit dans la lignée de Frank Drebin, toujours droit dans ses bottes pendant qu'il détruisait tout sur son passage au nom de la loi, là où le Jake Peralta de Brooklyn Nine-Nine fait aussi rire par sa capacité à faire le clown. Au même titre que ses collègues, l'inspectrice incarnée par Rashida Jones cherche à remplir sa mission avec un premier degré qui rend ses erreurs encore plus drôles, en créant un décalage entre son état d'esprit et le résultat. La preuve en images.

    Alors que la saison 3 s'est achevée sur un cliffhanger hallucinant, capable de remettre tout le show en question, la 1 débute sur Warner TV ce mercredi 7 mars, à raison de deux épisodes par semaine, et il y a de très fortes chances pour que la série vous captive autant qu'elle vous fera rire, avec ses intrigues policières mâtinées de burlesque, où les running gags sont aussi nombreux que les indices et le dispositif fréquemment déconstruit, comme lorsqu'une scène impliquant des sosies nous montre, à grands coups de ratages et faux raccords, toutes les possibilités pour réussi cet effet spécial.

    Pour toutes ces raisons, ainsi que les surprises qu'elle nous réserve et les rires qu'elle nous arrache à chaque épisode, nous vous recommandons plus que chaudement de vous plonger dans la série. En VOST si possible, et avec une bonne maîtrise de l'anglais, pour mieux comprendre les jeux de mots contenus dans les dialogues. Et notamment cette échange entre l'héroïne et son partenaire, qui parlent d'un suspect qui est "up to no good", ce qui l'on peut traduire par "préparer un mauvais coup"... jusqu'à ce que la caméra nous montre un panneau indiquant qu'il faut emprunter l'escalier et monter pour aller à une partie du lieu appelée "no good". Soit le genre de gag que n'auraient pas renié les ZAZ.

    Ça n'est pourtant pas le moment où Angie Tribeca fait le plus preuve de non-sens, mais c'est avec ce genre de coup d'éclat qu'elle s'affirme comme l'une des séries les plus drôles du moment, avec sa capacité à se démarquer de la concurrence comique qui sévit sur la télé américaine, sans donner l'impression d'être en pilotage automatique. Si vous jetez un coup-d'oeil au pilote et à la saison 1, il y a de très fortes chances pour que vous en soyez aussi convaincus. Et que vous attendiez la 4 avec une grande impatience. On en reparle dans quelques semaines.

    Angie Tribeca (Rashida Jones)

    Intelligente - Fouineuse - Bavarde - Fliquette

    Jay Geils (Hayes MacArthur)

    Soutien - Vrai - Câblé - Manquant

    Chet Atkins (Jere Burns)

    Exalté - Obstiné - Bouche bée - Poigne de fer

    Monica Scholls (Andree Vermeulen)

    Fûtée - Sexy - Culottée - Doctoresse

    DJ Tanner (Deon Cole)

    Sans limite - Sans filtre - Sans honte - Sans idée

    David Hoffman (Jagger)

    Poilu - Teigneux - Grandes dents - Vif

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top