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    L'Age des ténèbres
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    2,5
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    99 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 11 octobre 2007
    Voilà un film étonnant : boudé par la critique (assassine), par le public (moins de 50 000 entrées en première semaine pour un auteur plesbiscité avec son précédent Les Invasions Barbares) malgré une bonne B.A. (drôle, inventive) et quelques noms (Emma De Caunes, Diane Kruger...). Au final, j'y vais en m'attendant au pire... qui ne se produit jamais. C'est un film beaucoup plus dur que prévu, parfois drôle mais souvent à la limite du tragique. Le personnage se démène tant bien que mal dans un univers qu'il ne comprend plus et se voit sombrer, sans espoir de retour au calme. avec une fin poignante, où le mal a besoin d'un électrochoc pour finalement disparaitre. A découvrir.
    carmillas
    carmillas

    21 abonnés 109 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 mai 2009
    Un très beau film qui fait penser à un Brazil des temps modernes, entre kitsch et noirceur. Une image et une BO très soignées accompagnent cette histoire à la fois drôle, désespérée et forcément troublante. Ceci dit, le caractère particulier du film peut en rebuter certains. Un immense bravo pour Marc Labrèche, dans une interprétation magnifique, très juste et mesurée. La réalisation est très efficace, les images provoquent facilement l'émotion. L'absence de communication, l'indifférence et la solitude sont ici traités avec une vision peut être un peu "too much", quelques gags ne passent pas forcément très bien, mais dans l'ensemble ce film reste une fable humaine et philosophique très intéressante et très belle.
    Alain D.
    Alain D.

    480 abonnés 3 193 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 mai 2020
    Mise en scène et écrite par Denys Arcand, cette comédie tragi-comique nous offre un bon nombre de scènes délirantes. Au Ministère, les séances de "reconnexion" et les clients à l'aide sociale valent vraiment le dérangement. Le film est une véritable douche écossaise entre la séquence chevaleresque à mourir de rire et les échanges douloureux de Jean-Marc avec sa mère.
    Au casting, outre la sympathique participation de Thierry Ardisson, Marc Labreche est tout à fait crédible dans son rôle d'homme lucide et déprimé, qui tente de se détacher de sa pauvre vie pour oublier la désintégration du monde. Ce premier rôle est bien secondé par la très belle Diane Kruger, et la fantasque Emma de Caunes.
    Avec ce film, le réalisateur Québécois établit un bilan sur l'état de notre société ; par la claire voyance de son personnage principal, il dénonce, beaucoup des troubles du monde moderne. Il nous offre également de belles images, dommage que son scénario soit aussi sombre.
    loulou451
    loulou451

    104 abonnés 1 503 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 janvier 2010
    Un film terriblement ancré dans son époque, emprunt de fatalisme et de désillusion, teinté de fulgurances et de cruautés. L'âge des ténèbres est effectivement dur, terrible, aliénant et vain. Denys Arcand vise au coeur de la cible et ne propose face à ce monde que la simple échappatoire, la fuite face à la machine humaine qui broie les hommes, leurs rêves et leurs ambitions. Le propos est juste, mais la solution paraît ici enfantine.
    Jean-philippe N.
    Jean-philippe N.

    103 abonnés 925 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 juillet 2014
    Un film qui ne pourra pas plaire à tous ceux - et ils sont nombreux - qui pensent que leurs petites vies misérables dans nos si belles sociétés que l'on nous vend comme étant parfaites sont leurs seuls choix d'existence, et qui n'ont par conséquence aucune raison de se remettre en question. Jusqu'au clash, quasi inévitable, quand il est trop tard...
    Stephenballade
    Stephenballade

    349 abonnés 1 235 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 7 juillet 2016
    Vous devez savoir une chose, c’est que si vous avez lu le synopsis avant de visionner ce film, eh bien vous en avez le résumé entier : du début jusqu’à la fin. Il ne vous restera qu’une petite poignée de minutes à découvrir… Ce qui revient à dire que le scénario tient en quatre lignes (ou presque), centré sur un pauvre type condamné à survivre dans la faune humaine enchaînée dans les obligations professionnelles, financières, et sociales. Si l’idée de nous dire que notre destinée ne nous appartient qu’à nous et à nous seul est un message plaisant en soi (et c’est là la seule utilité du film... encore que...), le traitement donne un film inintéressant sur un type inintéressant. Difficile de rester devant ce triste spectacle montrant un pauvre gars qui se réfugie derrière son imagination aux tendances misogynes que nous offre cette œuvre politiquement incorrecte qui se permet en passant le luxe de fustiger les services sociaux québécois. Je ne suis pas bien sûr que "L’âge des ténèbres" reflète vraiment la mentalité des québécois. C’est idiot, lent, ennuyeux, pas drôle pour deux sous spoiler: (sauf peut-être lorsque le personnage principal essaie de monter à cheval)
    , et en plus il n’y a aucune profondeur dramatique. Alors pour philosopher dessus… Il y a bien eu des efforts d’effets visuels mais… spoiler: la tête qui tombe fait bien trop moulage grossier dont je ne parlerai même pas de la base aux airs de petit biscuit pizza à la tomate pour apéro, ni du corps transformé en brumisateur pour vampire
    , c'est très mauvais. Du coup, même bien avant d’arriver à la fin, "L’âge des ténèbres" paraît interminable, si interminable qu’on n’en voit jamais la fin. Et ce n’est ni la beauté de Diane Kruger qui arrange quelque chose (bien que son joli minois soit très agréable à regarder), ni la présence de Donald Sutherland, et encore moins celles de Thierry Ardisson et de Laurent Baffie qui ont l’air eux-mêmes de se demander ce qu’ils foutent là. Même Bernard Pivot ne réussit pas à apporter ne serait-ce qu’un échantillon de culture, même si c’est vrai qu’il n’était pas censé en apporter vu qu’il n’est que pur produit de l’imagination de… comment il s’appelle déjà ? Ah oui : Jean-Marc Leblanc. Comme quoi, hein… cela reflète je crois le calvaire que j’ai connu en regardant euuuuh… ça. Ceci dit, pour ceux et celles qui trouvent leur vie de couple triste à mourir en étant devenu accessoirement un meuble invisible, eh bien visiblement vous n'êtes pas les seuls et c'est justement là que réside la seule utilité du film dont j'ai parlé plus haut : reprenez votre vie en main, tout le monde y trouvera son compte bon gré mal gré.
    Teddy Fernandes
    Teddy Fernandes

    54 abonnés 21 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 janvier 2013
    Un film de Denys Arcand. ♥ ♥ ♥ ♥

    C'est le premier film que je vois de Denys Arcand et je suis plutôt séduit dans l'ensemble. "L'âge des ténèbres" est une comédie amer qui est porté par un acteur bluffant Marc Labreche.

    Jean Marc est un homme qui s'ennuie profondément dans sa vie. Il a une femme qu'il a bien du mal a supporter, des enfants qu'il ne le voit même plus et un boulot, ou il se fait royalement chier. Alors Jean Pierre s'évade, en rêve il est écrivain, star de cinéma, un preux chevalier, toutes les femmes tombent sous son charmes, il a ce qu'il veut, quand il veut, mais à chaque fois ses rêves sont brisés par le dur retour à la réalité.

    Ah depuis le temps que je voulais voir un film de Denys Arcand, c'est chose fait. Je suis séduit par l'univers du réalisateur, ce film est une petite comédie géniale, j'ai passé un moment vraiment cool et fun.
    J'ai trouvé ce film étonnant, Arcand y fait une redoutable critique de la société avec un sacré cynisme, il fait rire et il fait réfléchir. C'est souvent drôle, très drôle même, parfois dur et toujours triste sans être déprimant. Le réalisateur a trouvé le ton juste pour que cette fable moderne nous fasse voyagé à travers des fantasmes et qu'on ressort du film avec un sourire aux lèvres alors que dans le fond ce n'est pas une comédie que l'on a vu, mais bien un drame. Le personnage principal est très touchant, il a ce côté monsieur tout le monde qui fait que l'on peut très vite s'identifier à lui. Il se démène tant bien que mal, pour pouvoir supporter sa vie, essaie de savoir ou c'est parti en vrille, on le voit sombrer petit à petit et la fin est terriblement poignante.
    Les personnages sont géniaux et terriblement bien interprétés. Je découvre une nouvelle facette de Marc Labreche, après l'avoir vu dans "Le coeur a ses raisons" que j'ai profondément détesté, il montre ici un immense talent aussi bien comique (Il est beaucoup plus subtil que dans la série citée au-dessus) que dans le drame. Le reste du casting est lui aussi excellent, on y trouve en autre, Diane Kruger, Emma de Caunes, Rufus Wainwright, Caroline Neron ou encore Macha Grenon, une actrice que je ne connaissais pas et qui m'a beaucoup séduit.

    Je me suis lancé bercé pour cette ambiance surréaliste, onirique et dramatique. Malgré quelques petites longueurs vers le milieux du film, Denys Arcand réussi un film simple et complexe à la fois, un film qui malgré son côté triste met de bonne humeur. En un mot j'adore.

    La bande annonce :

    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18741716&cfilm=111838.html
    ZZelig
    ZZelig

    12 abonnés 51 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 octobre 2017
    Il était à parier qu'un tel film déplairait, notamment par les traits et les travers qu'il pointe avec un humour caustique. Quand on regarde la critique française, on n'est nullement étonné de lire des articles plus désolants les uns que les autres concernant le nouveau film de Denys Arcand. Les pires critiques viennent des journaux dits de gauche comme Les Inrockuptibles ou Le Nouvel Observateur. C'est dire que le film mérite amplement d'être vu pour obtenir de tels « éloges ». Par ailleurs, il y a de quoi être surpris d'une réception aussi négative, ne serait-ce qu'en prenant concrètement appui sur le film. L'âge des ténèbres ne règle aucun compte, comme certains le croient, avec les services sociaux québécois. Piètre commentaire et Denys Arcand a tout de même plus de talent et d'ambition que cela : comme il est québécois, il est amené bien évidemment à parler de ce qu'il connaît le mieux : le Québec. Le film n'est pas une comédie simplette, ni une tragédie noire, mais il est bien à cheval sur deux registres, voulant faire rire quand le sujet est sinistre, et voulant remettre du tragique quand la situation tourne au vaudeville, façon subtile qu'ont les vrais artistes de ne pas verser totalement dans la complaisance. Autrement dit, la volonté ferme d'être critique tout en se gardant du ton grave et affecté de l'indignation (le pathos).

    Denys Arcand aborde quelque chose qui fait grincer des dents et c'est certainement cela que les critiques pointent avec hargne tout en faisant croire évidemment que c'est la forme du film qui pêche, voire en déformant sciemment son propos. Ce n'est pas par hasard si L'âge des ténèbres a une réception aussi médiocre que Je pense à vous de Pascal Bonitzer. Le film traite de ce sujet que beaucoup évitent et ne veulent pas aborder. Depuis au moins Le déclin de l'empire américain, le cinéaste traite du déclin de la civilisation occidentale. Et ce dès les premières images du film : « Le livre part de l'hypothèse que la notion de bonheur personnel s'amplifie dans le champ littéraire en même temps que diminue le rayonnement d'une nation, d'une civilisation. » dit un professeur. Plus loin, elle concluait, du moins provisoirement : « Les signes du déclin de l'empire sont partout. La population méprise ses propres institutions, la baisse de la natalité. Le refus des hommes de servir dans l'armée, la dette nationale incontrôlable, la diminution des heures de travail, l'envahissement des fonctionnaires, la dégénérescence des élites. Avec l'écroulement du rêve marxiste-léniniste, il y a aucun modèle de société dont on pourrait dire : "Voilà comment nous aimerions vivre". (...) Nous vivons un processus général d'effritement de toute l'existence. »
    Le déclin n'est pas la décadence. Le mot vient du latin declinare ("détourner", "éloigner", "écarter", "s'éloigner " etc.), et conserve, en relation avec le premier sens du verbe décliner, le fait de décroître (comme un arbre qui décroît par exemple). Il s'emploie pour signifier une perte de vitalité dans le sens figuré de perdre des forces, pencher vers sa fin. À ceux qui s'empresseraient d'y voir un quelconque nostalgisme ou passéisme (à la limite, pourrait-on dire, le retour en arrière n'est pas la régression) en lieu et place de leur présentisme qu'ils prennent pour le bien suprême, le cinéaste trace au contraire un constat grinçant de la situation actuelle.

    Dans son nouveau film mieux maîtrisé et mieux réalisé que Le Déclin de l'empire américain, Denys Arcand met dans la bouche de son personnage principal le mot de désintégration. Celui-ci paraît plus « technique » et le cinéaste s'est fait, entre-temps, plus désabusé. S'il pense toujours que l'être humain peut s'en sortir individuellement, il est nettement plus critique concernant la société en général. Il y a de quoi.
    L'histoire est simple. Un bureaucrate des services sociaux québécois, Jean-Marc Leblanc (Marc Labreche), marié à Sylvie Cormier (Sylvie Léonard), est père de deux filles. Sa vie l'ennuie et il s'imagine en comédien de talent, en empereur romain, en écrivain séducteur, poursuivi par une journaliste-people, Karine Tendance (Emma de Caunes), qui lui demande sans arrêt de la culbuter dans l'instant. Il se rêve ayant une maîtresse, une mannequin Véronica Star (Diane Kruger). Puis un jour, reniant ses rêves, il se résout à assumer son existence plus concrètement. Le sujet semble aller de soi mais comme d'habitude, c'est par le détour du contenu qu'un sujet atteint à sa réelle portée existentielle.

    Outre les prises d'otages à foison, le réchauffement de la planète (autre mot pour la croissance économique), les massacres de masse, les enlèvements en pagaille, les épidémies inconnues qui déferlent, la peur panique des microbes, les attentats qui dévastent le monde, le spectacle hallucinant de milliers de carcasses de vaches abattues, la profusion des terrorismes en tous genres, les femmes battues, les suicides et les dépressions en cascade, ainsi que, ne les oublions pas, les chiens et les vieux abandonnés sur le bord de l'autoroute en plein été ou dans leur appartement (l'ordre est au choix), on n'en finirait plus de dénombrer les fléaux qui s'abattent sur l'être humain et sa planète même si certains croient encore au progressisme comme au Père Noël. Il y a eu les curés, il y a eu les curés rouges, il y a maintenant les curés humanistes, de préférence festifs et rigolards, toujours prêts à se cacher derrière le rire automatique de convenance.

    Un œil sur le quotidien et son concret tout d'abord, le cinéaste ne manque pas de relever les conversations téléphoniques où hommes et femmes dévoilent impudiquement leur intimité, ne se rendant plus compte qu'ils viennent de rompre la frontière sacrée entre sphère publique et privée (la femme qui parle tout haut de ses hémorroïdes). Le film force souvent à peine le trait, histoire que ce dernier soit encore perçu avant de passer pour banal un jour prochain et d'être ainsi dilué dans le quotidien. Il montre par exemple Jean-Marc et deux autres employés obligés de fumer en cachette, activement surveillés par une patrouille anti-tabac et son chien policier. Les nouveaux flics travaillent pour votre bien et contre votre gré ! On n'oublie pas non plus la scène où la chef de service, Carole Bigras-Bourque (Caroline Neron) dénonce Jean-Marc à la direction pour avoir osé prononcer le mot nègre envers son collègue de travail noir William Chérubin (Didier Lucien), même si celui-ci proteste que le mot était employé dans l'expression « Travailler comme un nègre ». Les nouveaux délateurs sont des antiracistes notoires et visibles. Anecdote sans doute prophétique, on apprend que le mot nègre est un non-mot ( !) et a été rayé de la langue française !

    S'il n'y avait que cela dans le film, ce serait insignifiant mais Denys Arcand inclut tous ces éléments dans notre histoire contemporaine afin de dessiner un portrait inquiétant de l'avenir de notre société post-industrielle. À l'évidence, il sent bien que nous vivons une mutation anthropologique, structurelle. L'âge des ténèbres vise ainsi sans conteste la post-humanité que les sociétés libérales, de droite comme de gauche, que l'on veut faire advenir, un homme sans dialectique, sans ombre, ayant perdu le sens du tragique, mou et mobile, déstructuré, impuissant face à la cruauté, paralysé par les bons sentiments, dominé par son égoïsme infantile, à plat ventre devant la moindre innovation technique. C'est dire à quel point même ceux qui trouveraient cela banal ont déjà accepté le monde qui advient, c'est-à-dire sans s'étonner le moins du monde de sa venue et donc sans l'interroger concrètement. A la bonne heure, le film de Denys Arcand n'est pas un film-citoyen, de proximité, mais au contraire, il crée de la distance et veut vexer notre bonne humeur de façade. On le rapprochera d'un Marcel Aymé.
    L'âge des ténèbres croque avec drôlerie ces post-humains ou ces post-machines (on ne sait plus) avec leur oreillette Blue Tooth, toujours en grande conversation avec on ne sait qui, ou ces adolescents (dont notamment les deux filles de Jean-Marc) un casque de walkman sur les oreilles et ou une petite console de jeux dans les mains, sourds au monde qui les entoure (et bientôt réellement sourds tant les pathologies se développent dans ce domaine). Le film indique très bien comment la cellule familiale a éclaté et que l'individu, désormais de plus en plus livré à lui-même, atomisé, ne peut qu'imploser. Sur ce point, le cinéaste ne pouvait pas rater l'affligeante machinerie libidinale des speed-dating (pourquoi sont-ils là et pourquoi tant de gens y participent réellement et concrètement ?) ou les reconstitutions factices du Moyen Âge (ou d'une autre époque) totalement passéistes pour le coup, destinées non seulement à faire croire qu'on peut revivre une époque du passé, mais à pousser l'individu dans la grande roue du divertissement afin que celui-ci joue un rôle grotesque et oublie son être concret et réel. Être réel sans cesse repousser tel l'horizon mais dont un jour, le glas sonnera tragiquement.

    À travers tout cela, accumulant les symptômes flagrants, le film s'attaque avec entrain et ironie au paravent moraliste, aux représentations idylliques que le commun des mortels se construit (et qu'on l'aide à construire) pour éviter de se voir tel qu'il est. Et en remplacement de sa petite et pauvre vie. Il ne faut pas s'étonner outre mesure qu'une telle société qui ne cesse de fuir la réalité se réfugie dans l'irréalité festive. C'est pour cela d'ailleurs qu'elle recolore le réel de mille couleurs criardes et si elle parle tant et affiche si ostensiblement l'Ouverture sur Autrui, le métissage surdosé, la Fraternité intégrale, le rire obligatoire, c'est que toutes ces choses n'existent pas chez ceux qui les affichent et que le réel humanisme est en train de disparaître. Le film nous fait saisir à travers Jean-Marc nos faiblesses et défaillances face aux séductions du système qui a compris qu'il ne fallait plus réprimer mais amuser et sourire. Ou comment le monde réel disparaît derrière sa doublure joyeuse !

    Pour bien montrer le hiatus, la scène où l'on voit le motivateur hilare apprendre à rire aux bureaucrates en leur faisant faire des « Ah ah ! » en cascade, est ironiquement suivie d'une scène où la mère de Jean-Marc souffre dans des râles terribles en cascade. Voire aussi l'autre scène poignante où un homme raconte à Jean-Marc comment une moto l'a percuté et l'a écrasé contre un lampadaire, accident qui lui a fait perdre ses deux jambes. Et la ville de Montréal lui réclame la moitié du prix du lampadaire. Jean-Marc rappelle qu'un arrêté municipal stipule que lors d'un accident, toutes les parties concernées sont responsables de la dégradation du mobilier urbain. L'homme rappelle qu'il est victime et qu'il a perdu ses deux jambes. Doit-il payer en plus, lâche-t-il. « C'est comme ça que ça fonctionne. » répond platement Jean-Marc, impuissant.

    À cet égard, le film n'élude rien, témoin la scène où un médecin annonce à Jean-Marc son cancer, donnant un bon aperçu du ton caustique et néanmoins drolatique du film. Elle n'est pas belle la vie ?, pour singer une publicité. Car c'est aussi la vie. Il y a des moments savoureux, notamment une séquence où notre anti-héros se retrouve avec Diane Kruger sur le plateau de l'émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, où ce dernier annonce que celle-ci n'existe plus. Jean-Marc Leblanc n'en croit pas ses yeux et Thierry Ardisson lui fait remarquer que si on était en France, il y aurait des jolies filles dans le public, alors que là, au Canada, il n'y a que des bûcherons !

    Le film doit beaucoup à son comédien principal, Marc Labreche, qui parvient remarquablement à jouer l'homme ridicule autant que l'homme désabusé, tout en gardant encore un éclat de réelle humanité devant une situation pour le moins désespérée. Là, réside l'authentique sensibilité du film, dans ce que George Orwell appelait la « commun decency », la décence commune. Là, où le film prend aussi de l'épaisseur, c'est l'attention qu'il apporte aux personnages secondaires. La scène où Jean-Marc pleure devant le cadavre de sa mère sur le lit d'hôpital est d'une simplicité bouleversante, sans aucun pathos, filmé le plus simplement possible. On peut regretter que le cinéaste ne pousse pas plus avant le souvenir de cette mère disparue, ou n'élargisse pas le cercle de sa critique à d'autres domaines.

    Cependant, Denys Arcand mène son personnage dans des zones de plus en plus ambiguës, notamment quand celui-ci avoue à sa femme qu'il est prêt maintenant à la tuer, chose qu'il n'avait jamais envisagé auparavant. À un moment même, il cède à ses pulsions vengeresses en emboutissant la voiture d'un individu trop pressé. Il est somme toute logique qu'un homme qui a été sans cesse plongé dans le cycle vain du divertissement ou la machine à laver du rêve, qui n'a rien vécu de concret, finisse par détruire l'autre ou s'autodétruire quand ce n'est pas les deux à la fois.

    Ainsi, L'âge des ténèbres pousse son personnage avec courage vers la solitude, fuyant ce monde de leurres, afin de retrouver un accord avec soi-même. C'est en tout cas ce moment de solitude, de fracture qui fait que Jean-Marc acquiert une expérience existentielle singulière, plus seul mais plus libre face aux mouvements grégaires de toutes sortes. À l'abri des regards publics et de la complaisance où l'on ne cesse de regarder les autres nous regarder mais sans jamais être soi. Jean-Marc décide par exemple de quitter sa maîtresse virtuelle et comme celle-ci s'éloigne, robe flottant au vent, dans un bateau, un chanteur apparaît et entonne un bel air d'opéra. Subtilité du film, la séquence d'adieu paraissant trop belle, Jean-Marc se met alors lui aussi à chanter... faux pour remettre un aspect concret et maladroit, en un mot dissonant, dans ce tableau trop idyllique.

    À la fin, Jean-Marc se retrouve donc seul dans la maison de son père, au bord de la mer. Il se rend utile, aide un vieux couple et le dernier plan nous le montre en train de peler des pommes. Et ces belles pommes deviennent une œuvre d'art, une peinture (on peut penser à Cézanne). Certainement, il reste l'art... mais pour combien de temps serons-nous encore capable d'en regarder la beauté, d'en supporter l'altérité et donc s'en subir la blessure qu'il doit tracer irrémédiablement en nous ?
    surfnblue
    surfnblue

    51 abonnés 1 531 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 mars 2009
    Pour ceux qui ont vécu au Québec, la critique est tellement réaliste, vraie, pure, directe, affutée (...) que l'on est transportée de joie, hors du politiquement-correct étouffant qui nous oblige aux idées reçus et à la pensée magique.qc.ca

    Bref, un film à voir et à revoir pour tous ceux qui fantasment sur le Québec et son modèle de société.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 24 octobre 2007
    Après Le Déclin de l’Empire Américain réalisé en 1986 et Les Invasions Barbares en 2003, Denys Arcand nous invite une dernière fois dans l’univers impitoyable de la ‘société idéale’ de notre superbe civilisation. Toujours aussi caustique, le voilà qui passe à la moulinette nos fantasmes, qui ne parviennent même plus à nous consoler de la vie confortable et si chèrement payée de la dorénavant incontournable société de consommation.
    Comme dans les précédents opus, on ressent une certaine oppression au sortir de la projection. Quand en plus, il pleut dehors et qu’en rentrant à la maison on tombe sur des factures, on se surprend à envier le héros (qui lui a la chance de posséder une petite maison au bord de l’eau) : comme on aimerait aller se réfugier au bout du monde ! Faire des confitures … de la compote...
    selenie
    selenie

    5 324 abonnés 5 994 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 8 octobre 2007
    Quel ennuie ! Le début est pas trop mal, le personnage s'eenuie au boulot et chez lui (aussi !!!) dans sa vie et s'imagine en héros sexuellement fort dans des fantasmes bien tournées... Une comédie qui part très vite en com.dram. avant de terminer dans un mélo social sur la vie à 2 c'est pas facile surtout quand on vieillit !... Affligeant surtout quand le cinéastene sert plus quoi faire, le personnage s'enfuit dans une maison au bord de la mer... et c'est long et c'est lent et c'est chiant !
    brianpatrick
    brianpatrick

    66 abonnés 1 520 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 décembre 2009
    Une comédie sympa, l’histoire d’un rêveur.
    Flex07
    Flex07

    76 abonnés 1 705 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 31 octobre 2008
    Quelques bonnes petites idées, mais un manque de rythme flagrant, une efficacité inexistante et plus on avance plus on s'ennuie. Un gros navet.
    crapouillot
    crapouillot

    7 abonnés 49 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 janvier 2012
    Critique lucide et perspicace de nos sociétés modernes deshumanisées et sans âme.
    Angela Ki La
    Angela Ki La

    50 abonnés 586 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 juin 2011
    Jean-marc Leblanc a une femme qui touche plus que lui, des enfants qui l'ignorent, ses plus proches collègues ( une femme libéré et un noir) sont plus performants. Il déprime grave, et se refugie dans le rêve.
    Il devient grand fort, artiste collectionneur de femmes, chevalier en armure aussi, macho, prédateur. Bientôt il va se faire dévorer par la réalité qui est pire que la fiction comme tout le monde le sait. Bienvenu dans le déclin de l'homme blanc, déclin qui à le mérite d'être drôlissime.
    Critique à peine voilée du monde phallocrate occidental, et de son inéluctable décadence, et sa chute imminente. Lucide, féroce, décalé juste ce qu'il faut et très intelligemment observé et monté, on en redemande. Si tous les déclins pouvaient être comme ça!
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