Nous sommes à l'époque où la Hammer commence à décliner. Tout en poursuivant sa série des Dracula, elle produit également d'autres films de vampires dans lesquels, conventions de l'époque, elle rend la violence plus explicite tout comme l'érotisme. C'est le cas dans les Sévices de Dracula avec les nudités quoique brèves, les décolletés féminins et la sensualité de certaines scènes et niveau violence, on a en pour notre argent, enfin pour un film Hammer de cette époque (visage brûlé par un coup de torche, ventre percé, décapitation). Le déclin étant en oeuvre au sein de la Hammer, les Sévices de Dracula (titre mensonger car Dracula n'apparaît nullement dans l'histoire) ne peut s'empêcher de comporter des faiblesses : le vampirisme que traitait la Hammer avec grand talent dans le Cauchemar de Dracula, le Baiser du Vampire ou encore les Maîtresses de Dracula, se retrouve mêlée ici à une histoire certes assez originale à la base mais qui n'apporte pas grand chose de nouveau aux habitués des films de vampires. On se demande pourquoi le personnage de Mircalla disparaît sans raison; l'opposition entre les deux jumelles est un peu trop facile et le film frôle souvent le ridicule, voire l'atteint comme avec le comportement parfois hystérique de la confrérie de chasseurs de sorcières. Il y a également quelques facilités scénaristiques : Maria qui parle dans son sommeil, laisse tomber la croix qui la protège, ne se réveille même pas alors qu'on la transporte et que le comte Karnstein et Fried parlent tout haut à côté d'elle, mais par contre, quand Gustav l'appelle doucement, elle ouvre les yeux ? En tout cas, le film est bien plus réussi que les Dracula qui sortaient à l'époque, également produits par le même studio.
Les points forts du film consistent en sa mise en scène efficace, à ses décors et ses costumes fastueux et variés, au grand talent de Peter Cushing en son habituel rôle de chasseur de vampires (ici plus cruel et radical que jamais) qu'il tenait dans le Cauchemar de Dracula, les Maîtresses de Dracula - ce qui n'est pas sans rappeler Vincent Price dans le Grand Inquisiteur - et aussi l'interprétation énergique de David Warbeck (Anton) en jeune premier. Citons aussi la délicieuse présence des deux jumelles (dont les interprètes ont posé pour Playboy) et également la très bonne d'idée de susciter le doute quant aux rôles des gentils tenus au départ ici par les chasseurs de sorcières barbares et radicaux jusqu'à un final manichéique à souhait. Au final, grâce à sa réalisation soigné, la prestation de ses acteurs principaux et à son scénario certes peu innovant mais bien écrit, les Sévices de Dracula reste un très agréable divertissement pour les amateurs du film de vampire "à l'ancienne".