Avis sur Le Prisonnier du Caucase

On met un peu du temps pour pénétrer dans Le Prisonnier du Caucase, beaucoup de poésie se dégage de cette histoire ou un soldat Russe se rend compte que ses ennemis ne sont pas les monstres qu'on lui avait décrit. Un film simple et beau, un peu trop calme à mon goût mais intéressant à voir.

Avec ce film très particulier, il faut s’entendre . Sur le fond que cela soit l’histoire ou les décors naturels, c’est superbe, voir grandiose par moments. Sur le cinéma c’est du professionnalisme débutant, Bodrov a aujourd’hui acquis un talent de metteur en scène qu’il n’avait pas en 1996. De plus, il ne disposait pas d’acteurs professionnels ce qui fait que le jeu de Oleg Menchikov n’est pas du tout intégré à l’ensemble, il est à la fois magnifique et ridicule. Le grand intérêt est d’être transporté au bout du monde dans un petit village du Daghestan (Rechi) que la majorité des habitants ne quitteront sans doute jamais et ou nous n’irons jamais non plus. La guerre entre les tchétchènes et les russes est sobrement traitée avec son coté désespérant comme dans tout lieu ou manquent des chefs éclairés pour organiser la vie. Il n’y a aucun jugement ni aucun partis pris et la mort qui rode en permanence ne fait peur à personne. La fin claire ou mystérieuse appartient à chaque spectateur. C’est un film à voir non pour le cinéma mais pour tout ce qu’il apporte en enrichissements personnels.

Bodrov réactualise la nouvelle de tolstoï, qui faisait du caucasse le lieu ou pouvait s'incarner la puissance du patriotisme russe, et donc un lieu de lutte ou se noue et se denoue les destins de l'aristocratie nationaliste et zelé du 19ème. Mais Bodrov cherche d'abord à raconter l'histoire que tolstoï a développer sans méjuger du conflit encore n cours. Ce manque de point de vu (mais quoi de plus normal, nous sommes en 95), rappel en cela que le film date, et qu'il n'adhère plus qu'à son temps. Il y reste alors pourtant de trés impressionnantes qualités. D'abord l'écriture juste et la richesse du scénario, les rebondissement et l'incessantes efficacité d'un suspens qui joue de l'affrontement entre la fragilité des plans du quotidien, leur réalisme contrepoint d'une douceur des lumières et du montage, et un récit qui dégage un fort relent de barbarie et d'ironie. Bodrov en sage un peu facile montre comment l'absolue necessité de la violence pour simplement survivre à des situations contingentes, alimente des cercles infinis de morts et de vengeances. L'enchaînement implacable des causes et des effets alimentent le réalisme et la vraisemblance inconditionnée du film, jusqu'au bout pourtant Bodrov montre comment le sacrifice et le renoncement qu'il a engagé, sauve une partie du monde de l'effondrement. Née alors toute l'âpreté de ce que c'est qu'être humain, et des choix qui peuvent s'offrir. Bodrov nous fait alors croire à l'improbable, cet improbable qui pourtant connait ses réalités.

Dur d'imaginer qua'avant de réaliser des bouses comme "Nomad" ou "Running Free", Serguei Bodrov ait pu pondre une perle pareil. Tout en justesse, le réalisateur russe fait sobre mais efficace. ça transpire la peur, l'émotion et l'espoir. Spassiba M. Bodrov.

Dans ma critique de Nomad j'avais parlé du cas Bodrov. J'étais déjà plutôt attaché à ce réalisateur que je considérais même comme un incompris. Mais avec "le prisonnier du Caucase" qui est sans aucun doute sa meilleur oeuvre on peut vraiment dire que le monsieur est bien plus que ce que considèrent certains.
C'est dingue comme le monsieur peut filmer avec beauté n'importe quelle situation. J'ai été très surpris de ce côté là, on a plein de plans magnifiques dans le film. Par ailleurs il nous livre de très grandes scènes. C'est dingue qu'un film aussi méconnu puisse livrer des moments qui auraient tout pour être cultes. Je pourrais en citer plusieurs:
Tout d'abord les scènes où les deux prisonniers chantent. C'est juste beau quoi, il n'y a rien à dire, c'est réellement fort, on a des frissons et en plus de la force que ça peut avoir rien qu'avec le fait qu'ils chantent communément dans un instant dramatique on ajoute à cela la manière de filmer du réalisateur qui est très belle. Difficile de ne rien ressentir devant de telles scènes.
Ensuite nous avons quelques unes des scènes entre la jeune fille et le prisonnier. Leur relation est évoquée de manière très subtile et c'est ça qui marche. On sait que les deux s'aiment mais leur destin fait que ça ne va jamais loin. Et pourtant le film ne force pas là-dessus. Bon, je n'en dirai pas plus car sinon je spoilerai mais il y a en particulier une scène qui est très belle, simple certes, mais efficace.
Enfin toute la fin, avec notamment cet instant de ce joie comme si ça allait bien se terminer avant une autre retombée dramatique.
Une oeuvre bien trop méconnue, malheureusement. Pourtant très belle avec ses instants forts.

Libre adaptation de Hadji Mourad de Tolstoi, ce film de Bodrov baigne dans cette belle lumiere du Caucase. Scénario dense et subtile ou le réalisme du conflit montre à la fois la violence qui engendre la vengeance mais aussi l'humanisme de ses personnages ainsi que les liens qui pourraient se construire. Mais l'homme comme dans la tragédie grecque est victime du destin.

Un film lucide sur la guerre mais aussi plein d'espérance. Le ton de ce film humaniste est toujours juste. Le tout avec quelques paysages magnifiques.

Intimiste, brillant, émouvant, du beau travail d'auteur à l'état sauvage.

Un très beau film, sans fioriture, avec de magnifiques paysages (du Daguestan), de manifiques acteurs ... même si je n'ai pas compris pourquoi Christophe Alévêque était dans l'armée russe ;)

Ce film a été une révélation : découverte d'un autre monde, si différent , mais universalité des sentiments les plus forts : l'amour de son enfant, la pitié au final