J’avais bien aimé l’Inspecteur Lavardin. Sans m’enthousiasmer non plus, je lui avais trouvé un certain charme. J’attendais donc à peu près la même chose de Poulet au vinaigre : un polar honnête, à peu près divertissant.
Il n’en a rien été. En toute franchise, ce ne serait la présence de quelques interprètes efficaces, ce film ne présenterait pas beaucoup d’intérêt.
Le casting reste en effet l’attrait essentiel du métrage. Poiret, excellent dans le rôle de Lavardin, même s’il arrive très très tard (beaucoup trop tard en fait). Audran, une étonnante femme folle, épaulé par Lucas Belvaux, tout débutant. Michel Bouquet, Jean Topart, des acteurs bien choisis pour des rôles de bourgeois cachotiers. Et puis le charme de Caroline Cellier, et celui, étincelant, de la regrettée Pauline Lafont. Franchement, les acteurs font le travail, et le métrage vaut le coup de ce point de vue, ce qui est déjà bien, mais très insuffisant pour rattraper la faiblesse du scénario.
Pour tout dire, il n’y a pas d’enquête. Le film prend tellement de temps à s’installer, à faire venir son inspecteur, bref, à entrer dans le vif du sujet, qu’elle est bâclée en deux temps trois mouvements à la fin. Chabrol a voulu détailler la vie des notables du village comme il aime le faire, mais là il se plante, en baclant l’enquête, à l’inverse de l’Inspecteur Lavardin. En plus de cela, il faut reconnaitre que le rythme est spécialement mou, voire parfois soporifique, et cela malgré une ou deux scènes violentes et la nudité de Pauline Lafont ! On s’ennuie parfois royalement, et ça c’est très mauvais ! Plus lent qu’un épisode de Derrick, faut pas pousser ! En tout cas amateur de suspens et de grands mystères, vous serez sans doute déçus.
Visuellement c’est un peu pépérisant. Le film dégage parfois une ambiance de mystère plaisante, mais trop rarement. Chabrol n’exploite pas assez bien ses décors (même le parc à statues n’est pas aussi inquiétant qu’il aurait dû être), et surtout sa mise en scène est trop lancinante. Le film fait dater à bien des égards, et il manque de l’audace, de la vraie audace visuelle. On sent qu’il y a de la compétence (travelling de caméra par exemple), mais c’est trop pépère (la scène de l’incendie, pas fameuse, l’accident, pas terrible non plus), et cela se sent aussi dans une bande son fort quelconque.
Je ne vais pas le cacher, ma déception avec Poulet au vinaigre est réelle. Film mou, trop daté, il rate surtout de plein fouet sa partie enquête. Reste le casting étincelant, le plaisir, toujours, de revoir Pauline Lafont, mais ce n’est pas suffisant pour rattraper l’ensemble. 1.5