J'adore le kitsch des films de science-fiction des années 60. Bon, je préfère quand même ceux des années 50, mais c'est purement personnel. Je disais, donc, que j'adore les films des années 60, les séries b poilantes, les séries z fauchées et nanardesques qui te montrent des extraterrestres colorés comme dans un bon vieux cartoon. Et je dois bien le dire, le travail des couleurs est ici très honorable. Esthétique, le film joue bien sur son aspect pictural, notamment dans la fusée qui les amène sur Mars, un beau spécimen d'expérience visuelle. Cela démontre, à mon humble avis, un certain goût de la mise en scène, et de l'alliance des couleurs. Le résultat, étonnant, est véritablement détonnant. Bon, je dois quand même reconnaître que le film a plutôt bien vieillit; pourtant, les effets spéciaux ont pris un sacré coup de vieux, mis à part ceux du gros ver de terre bien vert. L'on peut également compter de bons décors et des maquillages plutôt convaincants, encore que les costumes n'arborent qu'une infime crédibilité. Ensuite, j'ai relevé de drôles d'effets de mise en scène, entre le psychédélique et le what the fuckest des années 60. D'une certaine manière, il peut-être considéré comme l'un des films précurseurs de ce que l'on a pu faire dans les années 70, avec, notamment, le "2001" de Kubrick, sorte de pièce fondatrice du genre dans la forme qu'on lui connaît aujourd'hui. Concrètement, "Les Premiers Hommes dans la Lune" est un film très ancré dans son époque : du fait de la coexistence pacifique de Khroutchev, américains et russes ne se pourchassent plus, avançant la main dans la main. Bon, c'est un peu excessif comme vision, tant la Guerre Froide faisait encore, à l'époque, des siennes, mais c'est plutôt courageux de la part des scénaristes, rappelant quelques peu une vision un poil Star Trekienne. L'oeuvre témoigne également du désir du royaume-uni de s'interposer entre les deux grandes puissances de l'époque, celles sus-citées. Il est également amusant de voir que même si l'époque n'est plus la même, le message du film reste terriblement d'actualité : la réflexion sur la guerre, bienvenue, est extrêmement bien exécutée, tirant un parallèle inventif et pertinent avec le génocide indien. Tout est transposé sur Mars avec une réussite certaine, témoignant de la lucidité des scénaristes.Néanmoins, l'écriture n'est pas exampt de tous défauts. Premièrement, l'équilibrage du rythme est très mal dosé. La première partie, amusante, est véritablement intéressante, mais complètement plombée par une dernière demi-heure inintéressante et mollassonne. Et c'est dommage, parce que la note s'en ressent gravement, au final. De plus, le dernier axe manque de cohérence, de logique; tout s'enchaîne sans réel sens, si ce n'est l'envie pressante de conclure l'oeuvre. Là est donc l'aspect le plus regrettable de l'oeuvre; du reste, il y aura de quoi se satisfaire sans problème. Entre des acteurs convaincants, un très beau jeu des couleurs, une esthétique soignée, et une mise en scène convenable, il n'y aura guère d'éléments pour renier l'expérience. Il reste une chose à signaler : il est très amusant de se rendre compte de la vision que les hommes des années 60 avaient de la Lune, avant que la télévision ne nous montre comment ce serait pour nous qu'évoluer sur la Lune. D'une certaine manière, cela crée des incohérences avec la réalité; ils sont plus dans une approche Jules Vernienne de la planète, que dans celle scientifique actuelle; en même temps, comment auraient-ils pu savoir qu'il y a un problème d'apesanteur, sur la Lune? La question est : le savaient-ils, à l'époque? A noter, en dernier lieu, un savant fou lourd, inutile et rébarbatif, qui ne trouve de réel sens, et de véritable utilité que dans la conclusion de l'oeuvre, pas trop mal foutue. A voir pour les curieux, pour ceux que cela n'embête guère que de visionner un film vieux de plus de 50 ans.