En termes de plaidoyer anti-communiste, Soleil Trompeur est la parfaite antithèse du Satantango. D'ailleurs les deux films ont été tournés à peu près en même temps, témoignage du vent de liberté qui a amené certains cinéastes à procéder au rituel devoir de mémoire, pour exorciser les souffrances subies.
Au noir et blanc travaillé et grisailleux de Satantango s'oppose la mise en scène colorée un peu mécanique de Nikita Mikhalkov, à la gravité et au côté fleuve du film de Béla Tarr succède la légèreté et l'oisiveté de Soleil Trompeur, où la satire, les 30 dernières minutes exceptées, s'opère de manière plus douce, sous couvert d'un drame familial relativement académique mais suffisamment audacieux.
Tarr montrait le peuple, le vrai alors que Mikhalkov s'immisce dans une famille de la Nomenklatura russe.
Satantango était une ballade pessimiste au cœur d'un village hongrois ; Soleil Trompeur prend place dans les années 1930 et figure donc la croyance persistante dans l'ideologie communiste.
La force du film de Mikhalkov, c'est sa capacité à lier légèreté familiale (d'ailleurs, Bergman n'est jamais très loin) et pur catharsis politique. Pour le reste, Soleil Trompeur reste plutôt académique, dans sa mise en scène comme dans son contenu, et ce, malgré la présence de très belles scènes.
Le film pêche d'abord par la surabondance de ses dialogues. Inutilement bavard, il s'assimile d'abord, dans une première demie-heure pénible à une soupe guimauve et indigeste sur fond de stalinisme.
Heureusement, Mikhalkov se rattrape par la suite. Mais il n'en reste pas moins que la réalisation reste relativement pauvre et que le film peine à retranscrire de véritables moments d'emotion, même s'il y parvient à certaines occasions (le final notamment).
Les acteurs sont plutôt corrects sauf la petite fille, insupportable.
Mais je dirais que c'est un bon film à voir, parce qu'il propose une vision atypique et originale de la vie sous Staline.