Hitchcock avait acquis une expérience phénoménale quand il a réalisé ce film, son avant dernier. Il a tellement renoué avec sa jeunesse qu'il situe l'action à Londres dans un milieu de grossistes en fruits et légumes, ce qui était le métier de son propre père. Pas de grands acteurs élégants et bien habillés ni de jeunes femmes sophistiquées. Non, les femmes, ordinaires, finissent nues, étranglées, une cravate nouée serré autour du cou, la langue pendante, et on les trimballe ensuite en camion de maraîcher comme de vulgaires sacs de patates. Le tueur, un blond souriant, est super sympa, serviable, et copain avec tout le monde, notamment avec le principal suspect qui n'a pas son charisme. Il est faux de dire que ce serial killer viole ses victimes. Il en est bien incapable et c'est bien à cause de cela qu'il tue. Le film est un mélange d'horreur, orientée pas gratuite, et d'humour, mais d'humour totalement anglais qui n'a rien à voir avec le rire à la française. On peut à ce sujet comparer Frenzy à "Peur sur la ville" film français d'Henri Verneuil avec Belmondo. Le tueur de Verneuil fout les boules, mais ces boules, si j'ose dire, sont aussitôt dégonflées par les pitreries de Belmondo. Le tueur de Hitchcock au contraire a un côté rigolard mais tout le monde garde son sérieux autour de lui. Les gags, sacs de patates, cuisine française de la femme du policier, son traités sans rire, à la Buster Keaton. Si vous n'avez pas peur d'avoir peur ou d'avoir la nausée, allez voir Frenzy, cela en vaut la peine.