C'est sûr, il y a dans la mise en scène et dans la photographie des choses intéressantes : les lignes des gestes des personnages et la texture de l'image, tout spécialement, m'ont ravi le regard d'un bout à l'autre.
Je passe sur l'éloge des qualités visuelles et sonores pour en venir directement au point noir : l'histoire n'a pas eu à mes yeux quoi que ce soit de remarquable : si le thème est ô combien délicat et propice aux profondeurs, je suis d'autant plus intransigeant sur les propos banals, les lieux communs des discours/réflexions sur la guerre (j'ai l'impression de voir sans arrêt des films de guerre, surtout sur la SGM, à croire que les grands cinéastes en raffolent). Et malheureusement, ici, hormis Ivan, c'est tout ce qu'on a. Et ni les autres personnages, ni leurs relations, ne sortent des représentations canoniques de la guerre.
Du coup, toute la puissance est dans le personnage d'Ivan, son entêtement obsédé, sa témérité, quelques facéties ; et surtout, ce qui trouble et fascine, c'est la façon dont il est à la fois enfant (sensible, enthousiaste, énergique, fragile, aimant, apeuré, rêveur) et adulte-soldat (vaillant, entêté, fort de caractère, tenace, autoritaire, de bonne intelligence).
Oui, mais. Voilà : même ce côté double du personnage principal ne m'est apparût que comme l'incarnation un peu forcée des dualités qu'amène (et qui cause?) la guerre en général, chez le soldat comme chez le civil, et même chez l'humain (c'est la bonne vieille dichotomie bien/mal qui frappe à la porte...). Oh, c'est une chose passionnante que d'en voir une illustration particulière, certes, mais sur laquelle l'on a déjà tant focalisé (et ça ne date pas de la SGM) que ça me fait monter l'amertume aux commissures ...
Mais ne nous y méprenons pas : ça n'en demeure pas moins poignant et beau à plusieurs égards ; du reste, j'ai bien eu la sensation de voir un chef-d’œuvre ... seulement un peu sous-formé et démeublé.