Avis sur Le Chevalier du stade

Mieux vaut ne pas se fier au titre Français horrible ! Il s'agit d'un beau film méconnu sur l'histoire vraie du plus grand athlète nord Américain...interprété avec grande conviction par un étonnant Burt Lancaster !

Un biopic vintage, sans aucune objectivité. Une hagiographie filmée et portée par un Burt Lancaster peu inspiré.
Tout est conçu à la gloire de Jim Thorpe pour consolider son statut de héros de la nation. On est presque dans le culte de la personnalité. Avec un tel défaut majeur difficile de d'intéresser à l'histoire arche-balisée.
Non seulement c'est grandiloquent mais en plus c'est d'un ennui total.

Un biopic très arrangé à la sauce hollywoodienne pour rendre Jim Thorpe bien plus sympathique auprès du public de l'époque. En réalité Jim Thorpe a eu 3 femmes et 7 enfants et n'était qu'à moitié indien, sa mère était d'origine irlandaise. Mais bon, Hollywood ne se souciait guère de la véracité de leur biopic à l'époque. Tout comme il ne se souciait non plus de la véracité de leurs castings. Faire passer Burt Lancaster pour un indien, l'idée nous fait encore rire de nos jours ! D'indien, il n'y en a qu'un dans tout le casting de ce film, le rôle de Little Boy, joué par Jack Big Head, un véritable joueur de football de l'époque. L'ironie du film est qu'il prône l'intégration des natifs indiens dans la culture américaine populaire, alors que la réalité était tout autre. Vu comme ça, on ne s'étonnerait pas que la communauté indienne de l'époque ai refusée de participé à cette farce clownesque qui relève plus de la propagande que du septième art.
Mais malgré l'aspect très bancale de cette production aux relents patriotiques, qui semble avoir été monter par une équipe de marketing des studios, le film fini quand même par devenir intéressant, mais il faudra attendre les 2/3 du film pour voir le héro sombrer dans la dépression et vivre une descente aux enfers. Michaël Curtiz, n'épargne pas son personnage, qu'il va finir de rendre profondément antipathique. Une vision qu'il ne partageait apparemment pas avec Lancaster qui témoigne d'un tournage très houleux avec le réalisateur.

Un très bon film pour peu qu'on s'intéresse à Jim Thorpe, un des plus grands athlètes et sportifs du XXème siècle. Burt Lancaster l'incarne à merveille et montre qu'il sait lui aussi faire de l'athlétisme puisque, en dehors des sauts, il lance, fait des haies, court et se débrouille plutôt pas mal. Un biopic de qualité qui relate une grande histoire du sport mondial.

On ne reviendra pas sur le formidable éclectisme de Michael Curtiz qui l'amène ici à relater la vie tourmentée de Jim Thorpe, champion Olympique d'origine indienne du pentathlon et du décathlon aux Jeux de Stockholm en 1912. Si Curtiz emprunte tous les chemins traditionnels de la biographie filmée, allant de l'ascension du héros à sa chute en passant par sa renaissance, il dresse de manière très fine en préambule au destin tragique de Thorpe convaincu de professionnalisme et obligé de rendre des médailles olympiques, un constat sans appel du sort réservé aux Indiens après leur définitive reddition et absorption par le modèle capitaliste. Ces lycées modèles censés faciliter l'intégration des jeunes indiens dans la nouvelle société qui les attend, marque de la culpabilité du massacre perpétré depuis trois cent ans, sont la façade trompeuse d'une ghettoïsation qui se met doucement en place. Combien de marginaux exploités et alcoolisés pour quelques avocats sortis du rang. Jim Thorpe en sera sans doute le meilleur exemple que ses formidables dons n'arriveront pas à extirper de son destin tracé par ses origines. Curtiz dans un style classique qui n'évite pas toujours les poncifs montre fort bien cet aspect important de la vie de Thorpe qu'il aurait été coupable de passer sous silence. Burt Lancaster est certes un peu âgé pour le rôle surtout dans la première partie se passant sur le campus mais paradoxalement sa gaucherie peut-être due à ce décalage temporel montre bien les difficultés à s'intégrer de Thorpe qui ne le quitteront jamais. Un beau film de Curtiz et une excellente prestation de Lancaster entouré du très humain Charles Bickford et de la très fragile Phyllis Thaxter.