Je ne peux que rejoindre les avis mitigés sur cette adaptation de Dr. Jekyll et Mr. Hyde. Le métrage n’est pas franchement passionnant. A mon sens ce mythe n’est clairement pas le plus simple à transcrire en muet. Par exemple Hyde est franchement moche ici, il ressemble presque à un loup-garou, mais il est pourtant séducteur. On peut éventuellement dans un parlant jouer sur le côté hypnotisant de la voix pour justifier qu’une femme tombe amoureuse du type le plus laid du coin ! Et puis Hyde n’est pas le méchant qui se prête le plus à des effets visuels. Il y en a bien quelques-uns ici, mais on sent que le film est plutôt anti-spectaculaire, et du coup en dehors de quelques rares transformations, on a l’impression d’assister surtout à un film bavard avec peu d’action.
Le métrage est en effet longuet, ou du moins le parait, car il repose principalement sur des échanges, des dialogues, et j’ai eu le sentiment que le film insistait beaucoup plus sur le rapport du héros aux femmes que sur la double personnalité du héros. Pas forcément très clair sur les motivations premières de Jekyll, et peinant un peu à montrer sa déchéance, le film parvient tout de même à offrir une fin bien faite. Malgré des longueurs, tout n’est pas à jeter non plus. Il y a quelques moments forts (notamment une transformation dans la dernière partie), et on a tout de même un peu de l’efficacité du roman.
Visuellement quelques séquences gothiques en extérieur (rues brumeuses et nocturnes) et des effets visuels pas mauvais (mais pas les meilleurs non plus) parviennent à peu près à garantir au film une ambiance appréciable. Malheureusement on a beaucoup plus d’intérieurs, et la mise en scène est assez plate. Problème récurrent du muet, le réalisateur pose sa caméra et est quasiment toujours à égale distance de ses acteurs ou alors il fait des gros plans sur les visages.
Il y a un certain problème de perspective, de profondeur (hormis pour quelques extérieurs), et du coup le sentiment d’être devant une pièce de théâtre saisit rapidement. Il y a un côté statique, et cela malgré quelques bonnes idées. Je ne doute pas que cela joue dans le sentiment parfois pesant du film, qui parait paresseux alors qu’avec une mise en scène plus dynamique, l’impression aurait sûrement pu évoluer positivement.
Le casting est correct. John Barrymore ne m’a pas séduit outre mesure, mais il a un certain charisme, et si sa prestation en Hyde est décevante, en Jekyll il n'est pas mauvais, Brandon Hurst reste la bonne surprise des seconds rôles, et dans quelques scènes il impose un physique marquant et un jeu aigre très appréciable. Martha Mansfield, jeune actrice promise à un brillant avenir, tronqué malheureusement, assure avec Nita Naldi la présence féminine du film. Même si j’ai apprécié les efforts de chacune, force est de constater que leurs personnages restent trop limités pour vraiment convaincre. Ce sont un peu des poupées vides, objets de l’amour de Jekyll et d’Hyde, mais c’est tout.
Cette version ne m’a donc pas vraiment marqué. Si l’ambiance est correcte, si quelques acteurs s’en sortent bien et s’il y a des séquences réussies, notamment le final, dans l’ensemble c’est tout de même tiédasse, handicapé par une mise en scène terne et des personnages peu écrits ou pas assez bien campés. 2.5, mais ça frôle le 2.
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