Un an : les secrets du tournage

Après avoir lu pour la première fois le roman Un an, de Jean Echenoz, Laurent Boulanger s'est dit plongé dans une atmosphère très particulière qui lui a immédiatement donné envie d'adapter le livre sur grand écran. " (...) j'étais définitivement hanté par le mystère particulier qui y plane, par cette sorte d'étrangeté ordinaire, par cette atmosphère de bars vidés, d'appartements vacants, de plages désertes - métaphore efficace de l'apparente amnésie du personnage, du vide étrange qui me semblait régner dans sa tête".

Dès sa première lecture, le parallèle avec le film d'Alfred Hitchcock, Psychose, s'impose également dans son esprit : "je pensais (...) à Janet Leigh en fuite réfugiée dans un motel, tout en redoutant d'une page à l'autre une transposition de l'épisode de la douche. Comme les violons menaçants de Bernard Herrmann dans le film d'Hitchcock, l'écriture terriblement précise d'Echenoz et ses disgressions désignaient à tout moment l'approche d'un événement cruel (...)".

Venu assister au montage du film, Jean Echenoz a eu la curieuse impression de voir se matérialiser sous ses yeux des scènes de son livre qu'il avait imaginé dans son subconscient lors de l'écriture du livre et que Laurent Boulanger avait retranscit en images. Il affirme : "[j'ai] parcouru, en images, certains des lieux, des décors que [j']avais pu déjà traverser en écrivant le roman. Alors même que les chemins et les étapes empruntés par le personnage diffèrent, dans le film, de ceux du roman. (...) Et puis aussi, parce que j'avais lu le scénario, je pensais vraiment que c'était une autre version, de l'affaire. Et quand j'ai vu le film, c'est ça qui m'a touché à plusieurs moments, il y avait des croisements très jumeaux".

Jean Echenoz a une façon particulière de travailler : il imagine ses livres comme des tournages. L'écrivain confie "Pour Un an, c'est comme si j'avais tourné caméra à l'épaule, en 16mm noir et blanc, avec une image un peu rayée et granuleuse, bref pas de première classe quoi".

Jean Echenoz a choisi d'achever son roman de manière ouverte, afin que chaque lecteur puisse avoir son interprétation propre. De ce fait, le livre peut être lu de nombreuses façons, qui restent toutes plausibles.

En choisissant d'adapter le roman, Laurent Boulanger a essayé de faire passer son interprétation du livre à l'écran. Son film est donc en quelque sorte sa propre lecture d'Un an : "Pour ainsi dire", déclare t-il, "c'est de la fin du roman que débute puis s'articule tout le film. C'est cette lecture particulière que je fais qui conduit et guide le fil de ces quelques mois dans la vie de Victoire que le film raconte".

Pour mettre un visage sur les personnages inventés dans Un an, Laurent Boulanger et Jean Echenoz ont choisi en premier temps de créér un casting imaginaire.

Ainsi, pour le personnage de Victoire, Claudette Colbert, Norma Shearer, Irene Dunne, Ingrid Bergman, Janet Leigh ou encore Pearl White ont été envisagées alors que pour celui de Louis-Philippe, les noms de Elisha Cook Jr. et de Fernandel ont été évoqués.