J'avais adoré Adieu Philippine de Rozier, voici que je vois mon second Rozier en espérant voir au moins aussi bien qu'Adieu Philippine.
Ce qui est bien avec ce film (Du côté d'Orouët), c'est que c'est un film "rare", c'est rare de prendre son temps comme ça pour étirer des scènes sans enjeux narratif, qui ne développe rien, qui montre juste comment trois filles vivent ensemble en vacances. Difficile de dire si les dialogues ont été écrit, si c'est improvisé, si c'est joué, etc. Tant mieux, parce que tout sonne vrai du coup et Dieu sait que c'est dur de faire jouer une fille à une fille.
On regarde n'importe quel autre film et les filles ne se comportent jamais comme des filles, c'est foutrement agaçant d'ailleurs. Les filles sont juste des personnages un peu sages ou faussement délurées, ce qui n'a rien à voir avec ce qu'est une vraie fille.
Là on a trois vraies filles. Le film c'est une bande de fille comme on peut les voir, elles sont toutes aussi inintéressantes les unes que les autres, jolies, mais pas trop, juste ce qu'il faut pour être désirables sans être vulgaires, et elles en jouent de manière inconscientes tout le temps. Et oui, enfin on voit au cinéma des filles profondément insupportables.
Ils sont trop rares les cinéastes à mettre des vrais rôles de filles qui ne sont surécrit, surjoué, surtout. J'ai vraiment cette impression d'être avec ces trois filles pendant leurs vacances et c'était tout ce que je demandais.
J'ai trouvé que le film gagnais en intensité, mais que ça accouchait un peu d'une souris. C'est-à-dire que durant tout le film on sent qu'il se passe quelque chose. On voit ce pauvre mec complètement nul tenter maladroitement de se rapprocher des filles qui n'en ont rien à foutre. On voit le marin qui lui a plus ses chances car il sait se comporter avec les femmes, il sait qu'il faut les intriguer, leur proposer des trucs cool qui ne sont pas : "apprendre à ouvrir une huître", et réussir à intriguer une fille avec ses copines, c'est pas facile, elles ont le rire facile. On sent qu'il se passe un truc, sauf qu'en fait non, le film se termine avec une brutale mollesse. Ce qui est décevant. Ici pas de mélancolie sur la fin des vacances, pas de regrets, ou très vite, du coup ça ne prend pas.
C'est dommage le film prend le temps de montrer un mec cuisiner son poisson, mais ne prend pas le temps de s'offrir une fin digne de ce nom. Je pense que le film aurait pu se finir sur la fille dans le métro, un long plan fixe, rappelant que les vacances sont terminées et que la vie réelle reprend.
Et le sujet même du film empêche la mélancolie, elles sont insupportables ces filles, car c'est des vraies filles, avec tous leurs défauts et ce qui fait qu'on les aime, sauf que vu qu'elles sont tout le temps en groupe elles n'ont pas d'identités on ne peut pas s'attacher à elles individuellement.
La vie au ranch par exemple arrivait à parler du groupe de filles tout en parlant aussi de l'individu. Là l'individu fille est perdu dans le groupe. Je ne critique pas là le concept, parce qu'il marche durant tout le film pour moi, sauf à la fin ne fonctionne pas. Mais je persiste à dire que c'était une bonne idée de parler de ces pimbêches en groupe qui se moquent des garçons trop gentils, les méprisent un peu.
En fait ce que j'ai vraiment aimé c'est ça, le fait de réussir à mettre sur pellicule ce que c'est que la vie de vraies filles, sans artifice aucun. Seulement le film s'il va au bout de son concept en rate le final qui devrait avoir cette douceur amère qu'on les au revoir/adieux de vacances sur le quai d'une gare en ne sachant pas si l'on se reverra.
Du coup Adieu Philippine, c'était mieux et mon film sur les vacances préféré reste Conte d'été de Rohmer qui lui a réussi avec ses cinq dernières minutes à faire quelque chose d'extraordinaire et faire un crescendo mélancolique.
Limite j'aurai préféré que du côté d'Orouët se termine brutalement, sans réelle fin, ça aurait été plus marquant.
En somme, sympa, mais décevant.