Boxes : les secrets du tournage

Boxes est le premier long métrage cinéma réalisé par la comédienne et chanteuse Jane Birkin. Celle-ci est en fait déjà passée derrière la caméra en 1992 avec le téléfilm Oh pardon ! tu dormais..., huis clos sur le couple avec Christine Boisson et Jacques Perrin. Ce film était ensuite devenu une pièce de théâtre, mise en scène par Xavier Durringer, avec dans les rôles principaux l'auteur et Thierry Fortineau. Très engagée dans l'humanitaire, elle a également tourné deux courts métrages, l'un dans le cadre du projet lancé par Amnesty International Contre l'oubli (le segment Pour Maria Nonna Santa Clara, Philippines, 1991), l'autre faisant partie de l'opération de prévention sur le Sida 3000 scénarios contre un virus, Je t'aime moi non plus (1994), avec deux jeunes amants (Lou Doillon et Mathieu Demy) s'enlaçant sur l'air de la fameuse chanson de Serge Gainsbourg. Auparavant, Jane Birkin avait participé à l'écriture du scénario de Kung-Fu Master d'Agnès Varda (1987) et travaillé comme assistante de Jacques Doillon sur La Fille de quinze ans (1989).

Boxes est présenté en Sélection Officielle sur la Croisette, dans le cadre des hommages du 60e Festival. A noter que <_personnecpersonne3d_22_194122_ target="" nom="Birkin" prenom="Jane"> a elle-même fêté ses 60 ans en décembre 2006...

Jane Birkin revient sur la genèse de ce projet très autobiographique et précise ses intentions : "C'était il y a une dizaine d'années, je voulais écrire un film sur la crise d'une femme de 45-50 ans et de cette vertigineuse terreur : à quoi être utile quand on cesse de pouvoir avoir des enfants ? Qu'est ce qui va se passer ?Comment ça va se passer ? Est-ce que quelqu'un m'aimerait si je n'avais pas cet encombrant passé ? C'était une grande question pour moi (...) Quand j'ai décidé de faire ce film c'était aussi dans le même temps, ce moment précis où un homme vous trouve aimable, et qu'une adolescente rebelle le prend très mal, où les autres enfants trouvent que vous n'avez pas été claire sur les autres séparations, et finalement sur ce moment où tout le monde vous en veut de quelque chose (...) Je voulais que ce soit un film de filles et de femmes... Une question pour toutes les mères et pour outremer."

La dimension autobiographique du film est d'autant plus forte que Jane Birkin joue elle-même le rôle principal et qu'elle a choisi de tourner dans sa propre maison, en Bretagne.

Les rapports mère/fille constituent l'un des thèmes principaux de Boxes, et plus particulièrement, précise Jane Birkin, "l'éternelle question : " Avez-vous été une bonne mère ? "" La réalisatrice ajoute : "On veut être la mère la plus absolument proche de ses enfants mais à chaque génération, il y a les mêmes reproches (...) Je me critique pas mal dans le fim plus que mes enfants ne m'ont critiquée et elles ne m'ont pas fait plus de reproches que je ne me suis faits à moi-même. Si on a eu la chance de pouvoir dire à sa mère : tu as été une mère parfaite, et qu'elle se soit éteinte sur cette assurance-là... Il y a des gens qui sont très sûrs d'eux et qui pensent avoir fait tout formidablement bien mais je n'étais pas dans cette catégorie et beaucoup plus dans le questionnement : est-ce que j'ai bien fait ? Est-ce que j'ai toujours bien fait ? Est-ce que je n'aurais pas dû être beaucoup plus envahissante ? Est-ce que j'aurais dû " violer " des enfants qui souhaitaient être un peu secrètes ? Comme il est dit dans le film : " les enfants ne sont pas livrés avec le mode d'emploi ", donc c'est vrai que tu te débrouilles comme tu peux et c'est bien.

L'ensemble des personnages a été rajeuni d'une dizaine d'années par rapport aux personnes réelles qui les ont inspirés. C'est le cas notamment des trois filles d'Anna. Natacha Régnier joue ainsi le rôle de Fanny, un personnage qui correspond dans la réalité à Kate Barry, la fille de Jane Birkin et John Barry (ce père étant "interprété" dans le film par John Hurt). Lou Doillon, la fille de Jane Birkin et du cinéaste Jacques Doillon ("interprété" par Tchéky Karyo dans Boxes), joue quant à elle le rôle de Camille, un personnage qui correspond dans la réalité à Charlotte Gainsbourg, la fille de Jane Birkin et Serge Gainsbourg (et donc la demi-soeur de Lou Doillon...). Enfin, la jeune Adèle Exarchopoulos joue le rôle de Lilly, un personnage qui correspond dans la réalité à... Lou Doillon !

Dans un premier temps, Jane Birkin avait proposé à sa fille Charlotte Gainsbourg de jouer son propre rôle. Interrogée à ce sujet par Allociné en 2006, celle-ci expliquait : "Elle m'a donné à lire le scénario, que j'ai adoré. J'ai adoré son écriture, qui est vraiment particulière. Elle m'a demandé à l'époque si je voulais me jouer moi-même, et j'étais très gênée à l'idée de faire ça. Ce n'est pas du tout parce que je ne voulais pas travailler avec elle (au contraire, j'adorerais travailler avec elle), mais l'idée de me jouer moi dans une histoire si proche, ça ne me semblait pas possible."

Pour jouer le rôle de ses parents, Jane Birkin a fait appel à des comédiens qui lui sont chers. Le père d'Anna a les traits de Michel Piccoli, qui lui a donné la réplique dans Sept morts sur ordonnance, a déjà incarné son père dans La Fille prodigue, puis été son époux dans La Belle Noiseuse. Ils se sont aussi retrouvés sur les planches dans La Fausse suivante, mise en scène par Patrice Chéreau en 1985. La mère est interprétée par Géraldine Chaplin, qui fut sa partenaire dansL'Amour par terre et dans la série Les Aventuriers des mers du sud.

Le personnage d'Anna voit défiler dans sa maison les êtres qui ont compté dans sa vie, qu'ils soient morts ou vivants. Jane Birkin justifie ce choix audacieux : "Je me suis dit quand j'ai écrit le scénario qu'il n'y avait pas de raison pour que les gens morts ne reviennent pas, avec leurs reproches et aussi leur réconfort ; savoir que les morts ne vous quittent jamais, cela j'en suis absolument sûre. Que les morts puissent revenir et te dire : " ça va... Tu peux t'arrêter maintenant ". Juste cet apaisement... Les fantômes sont avec nous, et ils nous réconfortent, ils sont toujours là, même si nous ne pourrons plus jamais retrouver exactement le tracé d'un nez, d'un front, d'un joli cou... Nous en sommes privés à jamais comme toutes les personnes qui sont en deuil de leur mari, de leur père, de leur mère, de leur enfant. Je crois fermement qu'on porte les gens qui ont été si importants pour nous, ou peut-être est-ce eux qui nous portent..."

Une des scènes les plus troublantes de Boxes est un face-à-face entre le défunt Max et sa fille Camille, des personnages incarnés par Maurice Bénichou et Lou Doillon, et qui rappellent fortement Serge Gainsbourg et Charlotte Gainsbourg... Rappelons que Charlotte Gainsbourg fit ses débuts au théâtre au milieu des années 90 dans Oleanna, une pièce de David Mamet mise en scène par Maurice Bénichou...

Boxes est un projet que Jane Birkin porte depuis plus de 10 ans. Au départ, elle avait l'intention de confier le rôle de sa mère à sa propre mère, la comédienne de théâtre Judy Campbell. Mais celle-ci est décédée en 2004, avant que la actrice-réalisatrice ne parvienne à boucler le financement du film.

S'il est beaucoup question dans Boxes des trois hommes qui ont partagé la vie de Jane Birkin (John Barry, Serge Gainsbourg et Jacques Doillon), signalons l'apparition dans le film d'un autre compagnon de la réalisatrice : l'écrivain Olivier Rolin.

Avant d'être l'une des trois petites-filles de Michel Piccoli dans Boxes, Natacha Régnier a été l'une de ses trois filles dans Tout va bien, on s'en va de Claude Mouriéras.

La bande originale de Boxes est signée Frank Eulry, musicien qui avait collaboré comme arrangeur avec la chanteuse Jane Birkin sur l'album A la légère.

Pour les passages sous-titrés en anglais, la réalisatrice a fait appel à Andrew Litvack, spécialiste en la matière... mais aussi réalisateur de Merci... Dr Rey !, une comédie avec entre autres Jane Birkin.