L’interprétation est juste parfaire de chez parfaite : Vincent Lindon joue tellement bien les dépressifs au grand cœur qu’on a du mal à imaginer qui aurait pu tenir ce rôle à sa place. Audrey Dana, touchante comme elle l’était déjà dans « Roman de gare » de Lelouch et Firat Ayverdi tellement crédible en jeune réfugié obstiné qu’on se demande où Philippe Lioret à pu le dénicher… La mise en scène est d’une sobriété presque austère qui sert le propos, émouvant sans être jamais pathos, sur un sujet pareil c’est presque miraculeux ! J’y ai même décelé un tout petit et discret clin d’œil aux « Misérable » de Victor Hugo ! Les deux belles histoires d’amour de ce film ne sont pas des alibis juste là pour illustrer le propos, elles ont une place à part entière, tout comme l’amitié qui se noue entre Simon et Bilal, une amitié où une relation père-fils se dessine tout doucement en filigrane. Quant au propos de fond, le vrai sujet du film, le cœur de la polémique, il fait mal, il fait même très très mal ! On dit qu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir. Aller voir « Welcome » est presque un acte citoyen, c’est ouvrir les yeux… Les intimidations policières pour décourager les calaisiens de faire preuve de compassion (parce qu’il n’est question que de ça, de com-pa-ssion), les voisins qui se dénoncent entre eux, les méthodes de chasse aux clandestins, les magasins dont on interdit l’entrée,...Tout ça donne le tournis et, disons-le, lève le cœur ! Alors évidemment, c’est un film qui ne plaira pas à ceux qui veulent rester aveugles, d’ailleurs ils n’iront pas… Et ceux qui iront pourront dire de lui qu’il est manichéen, « droit-de-l’hommiste » et démago, que le problème est plus complexe que cela et que, ma foi, la fin justifie bien les moyens… Moi, je suis heureuse d’y être allée avec un kleenex dans ma poche, j'ai du sécher quelques larmes, quelques larmes de HONTE…