Il paraît qu'on ne peut pas parler du nouveau film d'Erick Zonca sans citer le "Gloria" de Cassavetes, auquel il emprunte beaucoup. Pourtant, comme tout a déjà été dit à ce sujet, sautons la comparaison - passionnante à faire ceci dit - pour se concentrer un peu plus sur l'essence de ce "Julia", son style épuré et violent, et la construction vertigineuse d'un réçit qui se laisse glisser comme une peau de banane, faisant inévitablement tomber le spectateur dans un état d'étourdissement complet. Car la vitalité qui domine le cadre (expression du mouvement, B.O. mélancolique, dialogues percutants incrustés dans la bouche des acteurs, et mouvance justement des comédiens) impose à celui qui regarde une vive attention, pour l'embarquer finalement dans une histoire folle et sans fin, dans le destin d'une femme qui déraisonne, plonge et décide de se maîtriser. Le scénario, d'apparence grotesque et classique, est en fait d'une incroyable énergie, jouant des frontières et de la progression narrative vers un point culminant pour faire basculer le film dans le thriller avant qu'il ne soit totalement englouti dans le drame. Et c'est cette alternance savamment dosée qui fait de "Julia" un film immanquable ; la façon dont Zonca imbrique les problèmes d'une femme peu à peu délaissée et qui retrouve en l'enfant qu'elle kidnappe la matérialisation du désir humain, ainsi qu'un rôle purement maternel, et l'aspect ballade sauvage, sous tension, fondé sur l'illégalité du rapt. Cette sensation - car il s'agit avant tout d'un film de sensations, et non pas 'à sensation' - d'empilement de deux genres diamétralement opposés mais qui finissent par se rejoindre donne une force au film, une sorte de double vitrage, une épaisseur qui lui permet à la fois le rythme et le splendide. Certes, il ne suffit pas d'un bon scénario pour faire un bon film, mais Zonca nous prouve encore qu'il filme à merveille, saisissant dans le vif les pleurs hachurés de Tilda Swinton, son incontrôlable violence, ses gue