Moyennement convaincu par « Les Triplettes de Belleville » il y a de cela (déjà!) sept ans , il est peu dire que j'ai été ébloui par cet « Illusionniste » d'une sensibilité comme il est aujourd'hui rare d'en voir sur grand écran. Quasiment muet de bout en bout et bien plus qu'un simple hommage à Jacques Tati, c'est le cinéma et l'art du dessin animé lui-même que Sylvain Chomet honore, tout apparaissant ici parfaitement dosé, parfaitement équilibré pour en faire un petit miracle d'émotions, l'humour et la mélancolie se mélangeant finalement de la plus merveilleuse des façons qui soient. Il n'était pourtant pas aisé de transformer Tati en personnage de dessin animé : Chomet relève superbement la gageure, tant nous retrouvons finalement aussi bien le créateur que l'on adore qu'un vrai personnage de fiction, l'admiration évidente du réalisateur pour ce dernier ne se transformant jamais en un hommage maladroit ou occupant de manière trop appuyée le devant de la scène. Au contraire, malgré une évidente simplicité, on ne peut être que profondément touché par cette histoire simple mais pas simpliste, tant il est facile de se reconnaître dans chacun des deux personnages et leurs différentes réactions au fur et à mesure que le temps passe... Mais c'est aussi dans les détails que le film puise également sa force, que ce soit par des traits d'humour souvent présents qu'une envoutante poésie, le tout dans des paysages retranscrits admirablement et ne faisant que transcender l'indescriptible beauté de l'ensemble... Une oeuvre magique, nous faisant passer par toutes les émotions pour finalement nous faire sortir de la salle bouleversée : cela faisait bien un an et le fabuleux « Benjamin Button » de David Fincher que je n'avais pas ressenti cela. Merveilleux.
Les univers de Sylvain Chomet et de Jacques Tati étaient faits pour se rencontrer.Sur un scénario inachevé du second,le premier réalise un film d'animation adulte en 2D,d'une infinie tristesse.C'est un bel hommage à Tati qui est rendu,à travers ce magicien déguinguandé et solitaire qui ressemble tant à Mr.Hulot.Dans les années 50,où le rock'n roll fait fureur,les artistes de music-hall n'ont plus la côte,et doivent se retrancher dans des endroits reculés pour continuer à exercer leur profession.La vision de Chomet est un tantinet négative,entre un ventriloque alcoolique,un clown dépressif et donc un magicien désespérant de retrouver un public.Ses choix artistiques peuvent faire l'objet de débats.L'absence quasi-totale de dialogues,laisse certes,place à la poésie,mais oblige le récit à rester très classique,voire ennuyeux.C'est dommage de dire ça,mais c'est la vérité,même si cela est contrebalançé en partie par la petite musique planante qui emplie nos oreilles de nostalgie.Les rapports entre le vieux saltimbanque et la jeune fille sont pudiques et sincères,mais leur rencontre n'est vouée qu'à être éphémère...Enfin,si Tati aurait sûrement apprécié cette version,il y aurait imprimé une note plus humoristique et moins plombante.
Après le succès critique et public de son premier film Les triplettes de Belleville (nommé aux César et aux Oscars), Sylvain Chomet revient avec ce nouveau dessin animé. Tourné en 2D on est bien loin de Avatar ou Shrek, ça change. Quelque chose de rétro, de chaleureux, d'authentique. Une très belle réussite tant sur l'histoire que sur le graphisme. Le scénario est de Jacques Tati et retravaillé par Chomet (également compositeur de la musique) et voulu par Sophie Tatischeff la fille du célèbre réalisateur. Je n'ai jamais adhéré à l'univers de Tati, ayant vu ses films très jeune, il faudrait que je les revois car ici à l'inverse, j'ai été totalement pris. Le héros lui ressemble, son nom est sur l'affiche et on voit même furtivement un extrait d'un de ses films. Plein de clins d'œils donc. L'histoire est très belle mais assez très sombre voir noire. Les personnages sont très attachants. L'émotion est là dès le départ et monte crescendo jusqu'au dénouement. Un très joli moment plein de poésie et d'humanité, loufoque, tendre et sensible tout en étant terriblement mélancolique. Aussi drôle que touchant. En un mot : formidable. Sans aucun doute l'un des meilleurs films français de l'année. Une très belle surprise.
Dommage que pour certains parents, animation = enfants. Ainsi, des pauvres bouts de chou s'ennuyant, pleurnichent et gâchent la vision de ce magnifique film qui n'a en effet pas grand chose pour séduire les petits mais tout pour séduire les grands. Cet hommage à Tati est extrêmement beau sur le plan esthétique et dans la description de cet homme qui, en toute pureté, aide une petite fille à devenir femme. Le magicien Taticheff est un Jacques Tati plus vrai que le vrai. La persévérance de cet homme face aux épreuves et la tristesse de sa vie en lien avec la fin d'une époque donnent au film un coté poignant qu'on ressent du début à la fin. Big up aux dessinateurs qui ont fait un travail admirable.
Beaucoup de tendresse, d'imaginaire dans ce film touchant et doté dune bande originale très agréable à écouter. Notre regard d'enfant se laisse bercer en regardant ce vieux magicien et cette fillette, l'un s'évanouissant peu à peu et l'autre découvrant et s'épanouissant. Un joli petit film !!
On s'immerge dans cet univers brulesque, mélancolique, aux couleurs passées. Malheureusement, on en sort trop souvent pcq le rythme s'essouffle et qu'on aimerait tant les entendre parler. Quelques longueurs qui plombent l'univers
Pour un film d'animation on retiendra tout d'abord de magnifiques dessins: couleurs appropriées, proportions et cohérences, une certaine fluidité. Un vrai plaisir de visionner jusqu'au bout le film. Vient s'ajouter un scénario simplement intelligent avec deux personnages attachants dans un univers tristement beau. Une réussite pleine de charme et de sensibilité.
La matériel de base est en or: un scénario de Tati jamais utilisé. Sylvain Chomet lui rend un hommage touchant et poétique. Techniquement c'est vraiment charmant. Malheureusement, comme les "Triplettes de Belleville" le côté nostalgie à la "c'était mieux avant" est vraiment casse pieds. Cet aspect est beaucoup moins présent, mais il parasite malgré tout tout le film. Alors oui la magie on n'y croit plus comme avant, la modernité bouscule les traditions plus humaines etc... Comme si tout ce qui était moderne était à renier. Ce qui est paradoxal pour ce type de film réalisé en partie sur ordinateurs.
Sept ans après Les Triplettes de Belleville, Sylvain Chomet revient avec L'illusionniste, adapté d'un scénario de Jacques Tati qui ne fut jamais tourné par le cinéaste. L'illusionniste raconte l'histoire d'un magicien dans les années 1950 qui peine à séduire à cause de l'arrivvée du rock n'roll dans les salles de spectacle. Il part en Ecosse où il rencontre une jeune fille à qui il fait croire que la magie rend tout possible. Si le film met du temps à démarrer et insiste trop lourdement sur des gags certes drôles (le lapin notamment), il finit vite par se faire très agréable et l'on se laisse porter par cet émouvant voyage en compagnie de cet homme se rendant compte qu'il est le symbole d'une ère révolue, à l'image des autres artistes vivant dans l'hôtel où il loge. Attention ! L'Illusionniste est certes adapté de Tati et le héros en a les traits. Cependant, il ne s'agit pas d'un film de Tati pour autant. Certes, le film n'a pas l'ironie propre aux films du cinéaste parce que Sylvain Chomet est aux manettes mais s'efforce de rendre le plus fidèlement possible hommage à l'artiste. Le film n'est pas gai, peut-être parce que Tati lui-même était dans une certaine mélancolie lors de l'écriture de son histoire et qu'il renonça finalement à la tourner car déjà désuète. Sylvain Chomet rend hommage à Tati mais ce film est le sien. Graphiquement, les traits des personnages sont moins caricaturaux que ceux des Triplettes, détail parmi d'autres qui m'avaient empêché d'être séduit par le précédent film de l'artiste, plus affinés et humains, quant aux scènes de paysage elles sont sublimes. Certes, il y a parfois l'utilisation d'effets 3D mais l'ensemble reste de la 2D faite main, ce qui est devenu suffisamment rare pour qu'on le souligne. Beau et triste, L'Illusionniste est un magnifique moment de spectacle et un plaisir des yeux permanent dont il serait dommage de se priver.
Hommage à Jacques Tati (écrivain du script) avec une ode au music Hall des années 50, un poème à la liberté, si ni le niveau de l'animation, ni l'humour n'égalent pas les Triplettes de Belleville on en ressort ébahi par l'émotion suscité par ce pêle-mêle entre le magicien et cette jeune fille qui découvre la vie.
On retrouve vraiment l'atmosphère de Tati dans cette douce histoire d'amitié qui vire malheureusement vers la désillusion... on en ressort comme les héros de l'histoire, forcément déçu.
Jacques Tati était avant tout un poète qui a su transcender son univers au cinéma. Ses œuvres sont en constant équilibre entre la grâce et l'esprit, l'humour et le burlesque. Le spectateur baigne dans un un monde de délicatesses et d'une certaine joie de vivre. L'adaptation en dessin animé de son dernier scénario n'arrive pas à réanimer le souffle de l'auteur. Malgré un choix graphique réussi et une animation parfaite, on ne se sent pas vraiment concerné par l'histoire de cet illusionniste. Le scénario est brumeux et lâche et l'intrigue se perd sans véritable rebond et l'atmosphère est plus triste que nostalgique. Bref,au bout de 20 minutes un ennui profond s'installe.
L'illusionniste est un film qui a de très grandes ambitions : reprendre un scénario de Jacques Tati, en essayant de reproduire la touche du maître et son univers si particulier. Le résultat est hélas très mitigé. L'image est superbe, intimiste et fourmillante de détails. Mais, le scénario est un peu creux, et il manque surtout le petit brin de folie des personnages de Tati. Comme si le réalisateur Sylvain Chomet avait été impressionné par l'ampleur du défi qu'il s'était donné, on a droit à un exercice sérieux et très appliqué, mais sans le côté burlesque de Tati (on sourit très peu dans ce film). Cela donne un spectacle un peu ennuyeux, surtout au début. Heureusement, cela s'arrange un peu par la suite avec quelques trouvailles visuelles, notamment dans le garage. Quant au clin d'oeil de la scène de cinéma, où apparaît furtivement un Tati en chair et en os, il traduit, plus que toute chose, le fait que Chomet n'a pas su s'affranchir de la tutelle du maître. Dommage ! Le film aurait sans doute gagné à être plus personnel. Et surtout plus drôle, sans perdre la touche de nostalgie qui est la sienne...