The Killer est souvent considéré comme un des meilleurs John Woo, en tout cas un de ceux qui l’on fait connaître en Occident. Pas faux, d’une certaine façon c’est mérité, d’un autre côté, ce film possède aussi pas mal de tocs du réalisateur, assez énervant.
Le casting est inégal d’abord. Si Chow Yun-Fat est ici difficilement critiquable, face à un Danny Lee un peu plus cabotin mais solide lui aussi, en revanche Sally Yeh et quelques seconds rôles surjouent de façon assez agaçante. C’est décidément récurrent du cinéma asiatique, mais toutes les scènes ou l’actrice doit se montrer expressive elle en fait des méga-tonnes, et en plus c’est dommage c’est souvent des moments importants pour le film. Heureusement, Yun-Fat est rigoureux, et beaucoup plus sobre, et si son personnage n’est pas toujours d’une écriture très claire, c’est un héros intéressant qui ne manque pas d’un relief certain.
Le scénario part d’une idée intelligente, qui permet non seulement de donner de l’épaisseur au héros, mais aussi de nourrir une quête qui traverse tout le métrage et donne un fil conducteur à un métrage qui en a réellement besoin ! En effet, si l’on enlève le fil conducteur, on se retrouve, comme souvent chez John Woo, face à une succession de morceaux de bravoure, certes, mais dont le déroulé similaire et l’imbrication chaotique déçoivent un peu. Bon, rien de terrible ici, mais c’est vrai que Woo a toujours tendance à sortir de ses scènes par des fusillades, et au fond c’est un peu redondant même si c’est bien fait, et cela donne une narration, un récit saccadé. Néanmoins le rythme est là, l’action, le sérieux, c’est du bon film d’action plus intelligent dès que l’on gratte la surface.
Visuellement John Woo maitrise ses scènes d’action, c’est un fait, avec des effets de style précis (mais pas abusifs), des moments de bravoure certains, et The Killer est aussi séduisant par son ambiance qui frôle l’onirisme. La photographie est élégante, les décors bien choisis, et la bande son est réellement un atout charme de ce film qui distille, quand on cherche un peu, une mélancolie délicate. Néanmoins, je dois reconnaitre que le manque de variété dans l’action est un petit souci de The Killer. Beaucoup de fusillades certes, mais en alternance avec des effets pyrotechniques, des courses poursuites, des combats au corps à corps, le métrage aurait gagné en diversité et aurait sûrement un peu moins paru redondant.
Franchement, si vous aimez le cinéma d’action, The Killer reste une valeur sûre, et je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé, surtout que l’hommage que Woo disait vouloir rendre à Melville ou Scorsese est clairement perceptible dans le soin formel et l’ambiance. Mais il y a des ratés que j’ai eu l’occasion de souligner, et du coup The Killer n’est pas au summum du genre.