Avis sur L'Orchidée noire

On a connu Martin Ritt plus inspiré. Ici, avec cette histoire de veuve qui retrouve goût en l'amour, il livre le minimum syndical au niveau de la mise en scène, comme s'il n'était pas convaincu par ce qu'il raconte. Il faut dire que le scénario souffre de faiblesses et n'a aucune originalité, étant bien naïf. Mais parce qu'il y a Sophia Loren, aussi resplendissante qu'insupportable et Anthony Quinn, formidable de sincérité, on finit par adhérer à cette histoire d'amour qui se voit bloquée par les enfants et non par les parents comme dans la plupart des films traditionnels. Une scène revient à l'esprit quand on repense au film : celle où Loren et Quinn improvisent une danse. En un seul instant, il n'y a plus qu'eux au monde et on croit dur comme fer à leur histoire.

Un superbe mélo où les larmes viennent à la fin, le couple Quinn/Loren est intéressant faute d’être passionnant car le sujet ne peut s’y prêter. En tous cas, les deux acteurs sont excellents. C’est un film profondément misogyne malgré l’initiative prise au dernier moment par Rose Bianco pour débloquer la situation. Martin Ritt adore ces scénarios difficiles pleins de problèmes humains. Sa mise en scène est propre et me convient particulièrement bien, de même que ses trouvailles comme le dîner au restaurant ou la petite séquence de danse par exemple. Quand je vois un film de Ritt, je me sens bien, j’ai l’impression de respirer le même air que lui et dans son oeuvre seul ‘’Paris blues’’ ne m’a pas convenu. Sur ses 26 films, 10 sont quasiment invisibles et c’est bien dommage. ‘’L’orchidée noir’’ est original car son entrée sur un enterrement de gangster nous entraîne inévitablement vers un règlement de compte, aussi la surprise est de taille lorsqu'on en découvre son contenu, d’autant que Anthony Quinn opère dans un registre que je ne lui connaissais pas. Le scénario se prête à de belles discussions entre amis.

La communauté italienne de New York. Un veuf et une veuve pour une histoire d'amour compliquée par leur progéniture respective. Un mélodrame psychologique traité avec tact, genre dans lequel Ritt excelle. Belle direction d'acteurs, rarement Anthony Quinn et Sophia Loren ont-ils été aussi sobres et touchants.

Le quatrième film de Martin Ritt, « L’orchidée noire » sorti en 1958, est un mélodrame dans la tradition de ce que Vincente Minelli ou Douglas Sirk pouvaient proposer à l’époque avec plus de flamboyance visuelle mais aussi encore plus de distance avec la vraie vie. Le film produit par la Paramount devait avoir Anna Magnani dans le premier rôle aux cotés d’Anthony Quinn. Mais l’entrée de Carlo Ponti dans la production change la donne, celui-ci imposant son épouse Sophia Loren. La jeune actrice, arrivée depuis un an à Hollywood, va se révéler parfaitement à la hauteur, formant avec un Anthony Quinn surprenant, un couple tout-à-fait crédible confronté à la difficulté d’un veuvage réciproque qui ralentit durablement leur union en partie à cause des conventions sociales qui paradoxalement sont souvent convoquées par les plus jeunes. Ici, la fille (Ina Balin) d’Anthony Quinn qui accepte mal de voir son père cajolé par une autre femme alors qu’elle a jusqu’ici supplée à la disparition de sa mère sur les aspects pratiques du foyer. On l’a dit, les situations sont quelquefois confondantes de manichéisme ou de démesure sentimentale mais c’est le lot d’un genre dont il faut accepter les conventions en se laissant emporter par le jeu des acteurs qui donnent ici leur meilleur. Bien sûr « L' orchidée noire » aussi sympathique soit-il, ne constitue pas l’un des sommets de la riche carrière de Martin Ritt qui fera une bonne part de son parcours avec Paul Newman et Joanne Woodward au générique de ses meilleurs films, ensemble ou séparément.

A voir pour le couple Loren Quinn sinon rien de bien notable dans pour c'est histoire de famille recomposée.

Mélodrame social, un brin naïf et simpliste., comme d'ailleurs autres film de cette époque. Mais c'est tellement agréable y croire qu'on regarde ce film avec un réel plaisir, car la mise en scène de Ritt et les comédiens sont excellents, in primis un très grand et touchant Anthony Quinn. Et Sophia Loren, dans son rôle de veuve italo-américaine toute de noir vêtue, est somptueuse et crève l'écran.