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Nelly M.
81 abonnés
525 critiques
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4,0
Publiée le 3 mai 2009
Ce film intellectualisé risque d'embarrasser le grand public. Comme s'il lui manquait les codes d'accès. A moins d'avoir connu soi-même "le coup sur la tête" au propre comme au figuré. Avoir réchappé d'un accident brutal, cette rupture de rythme, l'effroi doublé de douleur, la confusion mentale entre pleurer, rire, faire des choses incohérentes, être hébété (coma, traumatisme sévère)... L'accidentée dont il est question fait partie d'une classe protégée en Argentine, son entourage s'active autour de sa crainte en laissant entendre qu'il la ménage, sauf qu'on n'est jamais certain d'avoir bien capté ce qui se joue derrière les attentions... Le film force sur l'opaque, meuble à outrance par l'agitation locale ou ces envies de dormir irrépressibles suite à un choc... De quoi se sentir floué d'avoir à gratter les images à partir de ce visage en gros plan, blond et soudain brun... Pour public averti seulement.
Lucrecia Martel n'est décidément pas une cinéaste facile. L'argentine creuse encore davantage son (exigeant) sillon avec La femme sans tête, une histoire chargée de symboles et assourdissante par le silence de son héroïne, soudain déréglée et déboussolée au sein de la bourgeoisie bien ordonnée de sa ville de province. Lucrecia Martel filme des vides remplis de non dits avec un savoir faire évident mais court le risque d'être prise à son propre jeu. La femme sans tête est parfois apathique et désaxée et semble perdre tout contact avec la réalité. Aux confins du fantastique, la réalisatrice parvient malgré tout à faire passer, comme en contrebande, un certain nombre de messages forts qu'is soient sociaux ou politiques (impossible de ne pas penser aux années de dictature argentine). Avec le même point de départ,en plein franquisme, Juan Antonio Bardem a réalisé en 1955 un chef d'oeuvre : Mort d'un cycliste. Le film de Lucrecia Martel en est une version abstraite et somnambule. Sans en avoir sa puissance romanesque et réaliste.
Toujours ces ambiances orageuses, ces moments troubles. Superbe film ! Ça reste un film "confidentiel" très mal distribué. Si un jour Lucrecia Martel est guérie du syndrome "cinéma d'auteurs français", si elle s'affranchit de la Femis, elle pourra nous raconter de véritables histoires.
Rien n'est à sauver de ce mauvais téléfilm argentin : ni le scénario, ersatz de Lynch, ni la mise en scène (des plans bavards, mal photographiés et cadrés), ni l'interprétation. Si certains pourront s'extasier face aux personnages dans les tranches de vie, les autres bailleront aux corneilles devant ce pensum ni fait ni à faire.
Autant l'avouer : je n'avais pas aimé "la ciénaga", le premier long métrage de Lucrecia Martel. Au point de ne même pas aller voir son suivant, "la niña santa". Autant dire que je n'attendais pas des miracles en allant voir "La femme sans tête", présenté en compétition au Festival de Cannes 2008. Finalement, j'avais tort. Tourné à Salta, la ville de naissance de la réalisatrice, ce film ne cherche pas à utiliser les charmes de cette cité du nord-ouest de l'Argentine et de sa région, sans doute la plus belle du pays. Au contraire, Lucrecia peint de façon plutôt féroce une bourgeoisie locale refermée sur elle-même, pour le meilleur ou pour le pire. Au départ, une femme de la bonne bourgeoisie de Salta, dentiste mariée à un médecin, heurte "quelque chose" dans la nuit avec sa voiture. Ce "quelque chose", était-ce un chien ou un être humain ? Plus tard, ses proches effacent-ils les traces parce qu'elle a vraiment heurté un chien et qu'ils espèrent qu'ainsi, elle abandonnera l'idée d'avoir tué quelqu'un ? Ou bien le font-ils pour "sauver" un élément de la bourgeoisie locale qui a réellement tué quelqu'un ? Rarement, les conversations à la sortie du film n'ont été aussi passionnées, chacun défendant sa thèse à coup de petits détails forcément décisifs. Ne serait-ce que pour pouvoir participer à ce débat, il faut voir ce film et le voir avec les yeux bien ouverts.
Début très déroutant, succession de scènes et de personnages sans aucune explication, le spectateur est perdue. Puis, l'histoire se met en place et petit à petit, le spectateur s'empare de celle-ci et le film devient passionnant. Film sur la perte soi, de repère il devient sur sur la fin une critique féroce de la bourgeoisie.