"I want my money back !". Cette citation célèbre de Margaret Thatcher, je l'adresse aux auteurs de cette bouse. La dame est peut-être de fer mais le film, lui, est en carton. Véritable entreprise de réhabilitation d'un des chantres les plus emblématiques et les plus controversés de l'ultra-libéralisme eighties, "La Dame de Fer" est une hagiographie qui s'adresse surtout aux fans nostalgiques de la Lady ou aux adeptes des think-tanks madelinistes. Tout cela ne serait pas si grave si le film était de qualité, mais là... Alors oui, Meryl Streep est formidable mais il en faut plus pour sauver ce film à la construction narrative proche de celle du récent "J. Edgar" mais en plus nul (ce qui n'était pas forcément gagné au départ) et qui navigue entre caricature (ah, les militaires anglais pendant la Guerre des Malouines !) et nunucherie (quelle jeune fille n'a jamais rêvé de se faire emballer en regardant la comédie musicale "Le Roi et Moi" ?). Avec une BO qui réussit le tour de force d'être à la fois pompeuse et sirupeuse, on nous oblige tour à tour à nous attendrir sur la mémère atteinte d'Alzheimer, à admirer le parcours de la jeune fille ambitieuse et dévouée à la grandeur de son pays, à saluer la droiture et le courage politique de la femme de pouvoir inflexible... Les auteurs lui ont concédé un défaut, toutefois, à Maggie : elle est un peu portée sur le scotch. Les millions de prolos qu'elle a enfoncés un peu plus dans la misère et l'alcoolisme seront ravis d'apprendre qu'elle partageait avec eux ce léger penchant pour la bouteille. Détail qui tue, la seule fois où la parole est donnée à quelqu'un du peuple dans le film (un manifestant), c'est pour lui mettre dans la bouche des propos odieusement sexistes (en gros : "t'es une gonzesse, ta place c'est mère de famille, pas Premier Ministre"). C'est bien connu : tu critiques la libre entreprise, t'es une ordure de stalinien, tu critiques la social-démocratie, t'es un fumier de fasciste, eh bien tu critiques Thatcher, t'es un sale con de phallocrate ! D'ailleurs, on nous martèle bien pendant tout le film que Margaret Thatcher est une femme, comme si son sexe devait donner à sa carrière un caractère exceptionnel (ce qui, pour l'époque, est quand même un peu vrai, il faut l'avouer) mais surtout l'absoudre de tout commentaire qui ne serait point élogieux... Phyllida Lloyd, la réalisatrice de ce machin, avait précédemment commis "Mamma Mia". On ne s'étonnera donc pas de l'ambiance gentille voire niaiseuse qui habite "La Dame de Fer". Pour ceux qui préfèrent Renaud à ABBA et qui sont plus intéressés par le thatchérisme que par Thatcher, se référer à la filmo de Ken Loach des années 80/90.