Avec "Bloody Sunday" et "Vol 93", le réalisateur anglais Paul Greengrass est quasiment devenu le parangon du cinéma à mi chemin entre documentaire et fiction, avec passage obligé par la caméra à l'épaule. Dans "Green Zone", il s'attaque de nouveau à un très gros morceau : les mensonges de Bush et de Blair à propos des armes de destruction massive que l'on devait trouver en Irak et qui furent la cause de la 2ème guerre d'Irak, celle de 2003. Le scénario de ce film a été écrit par un américain, Brian Helgeland, qui s'est inspiré d'un livre écrit par Rajiv Chandrasekaran, lequel était à l'époque des faits le correspondant à Bagdad du Washington Post. On y suit un officier américain, joué par Matt Damon, chargé de rechercher ces fameuses armes de destruction massive et qui, ne les trouvant pas, commence à se poser des questions. Pour nous français, on retrouve sans surprise les magouilles du Pentagone et les manipulations de la presse. On n'est pas totalement surpris de retrouver une armée américaine en prise aux luttes intestines et presque toujours prêtes, par manque de psychologie, à commettre les erreurs les plus tragiques. On s'étonne plutôt de rencontrer un membre de la CIA parmi les "gentils". Quant à Matt Damon, c'est le héros positif qui, dans ce film finalement très hollywoodien, va presque arriver, avec ses petits bras et sa mitraillette, à changer le cours de la guerre. Tout cela peut se voir sans déplaisir; Là où le bât blesse, c'est que Paul Greengrass pousse cette fois ci beaucoup trop loin sa volonté de vouloir faire reportage de guerre. Pendant un bon tiers du film, on a droit à des scènes de batailles urbaines beaucoup trop hachées, la caméra ne fixe plus rien du tout ou, au contraire, trop de choses à la fois, on ne sait plus qui est qui, qui tue qui, c'est du grand n'importe quoi, on n'y comprend plus rien. Au point que Bayon, le critique de Libération, n'a pas compris, au final, que ce film dénonçait les mensonges de Bush et de Blair, vous voyez