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    Invisible Man
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Invisible Man" et de son tournage !

    Les monstres Universal

    Le personnage de l'Homme invisible fait partie intégrante de l'univers cinématographique des monstres Universal, à l'instar des figures légendaires de Dracula, du Loup-garou, de la créature de Frankenstein, de la Fiancée de Frankenstein, et de la Créature du Lac Noir. Si ces personnages tristement célèbres ont traversé les époques, c'est qu'ils sont atemporels et incarnent de nombreuses peurs et angoisses, au carrefour entre les découvertes scientifiques et la force éternelle de l'amour et de la mort. Avec Invisible Man, le studio inaugure une nouvelle approche de ces créatures mythiques. Une approche qui met à l'honneur des réalisateurs et scénaristes audacieux dont les idées renouvellent les enjeux des personnages.

    Elisabeth Moss et l'invisibilité

    Elisabeth Moss a déjà eu affaire avec un homme invisible avant Invisible Man. En 1993, encore jeune comédienne, Moss a prêté sa voix à la fille d'un petit gangster ayant volé un costume capable de le rendre invisible dans Batman, la série animée.

    Armie, Alexander et Oliver Jackson-Cohen

    Armie Hammer et Alexander Skarsgard ont été considérés pour le rôle d'Adrian Griffin avant que Oliver Jackson-Cohen (The Haunting of Hill House) ne soit finalement choisi.

    Une production Blumhouse

    Invisible Man est supervisé par le producteur Jason Blum, des célèbres Blumhouse Productions. "Il s'agit du tout premier épisode d'une nouvelle génération de films 'Universal Monster'", déclare-t-il. "Universal en prépare d'autres, mais Invisible Man est le premier. C'est donc stressant et excitant à la fois". Le producteur de plusieurs gros succès du studio – la saga American Nightmare, SplitGlass et Get Out – explique que les Monsters ont toujours beaucoup compté à ses yeux. "Notre société est adossée au studio depuis longtemps", ajoute Blum. "La relation privilégiée d'Universal avec le cinéma d'horreur remonte aux films de monstre des années 1930 et 1940. Cet héritage occupe une place majeure au sein du studio. J'ai eu un rendez-vous avec la PDG Donna Langley et elle souhaitait donner un nouveau souffle aux Monsters. Étant donné qu'on nous a souvent comparés à cette époque de l'histoire d'Universal, c'était une association assez logique".

    Leigh Whannell réinvente l'Homme invisible

    Le personnage de l'Homme invisible imaginé par H.G. Wells obsède Leigh Whannell (Saw) depuis l'époque où il séchait l'école pour voir en secret les films de monstres Universal à la télévision. S'il apprécie autant le personnage, c'est que son histoire, contrairement à tant d'autres, n'a pas donné lieu à d'innombrables versions. "Quand on fait un film sur un personnage extrêmement populaire, on est sur la corde raide", souligne-t-il. "Vous n'avez qu'à interroger n'importe quel réalisateur ayant signé un film de la saga Star Wars pour connaître le degré de pression qu'il a subi en s'attaquant à un tel monument ! Avec l'Homme invisible, je me suis senti libre. Bien entendu, les gens connaissent le personnage, mais j'avais le sentiment qu'il faisait un peu figure d'outsider parmi les méchants du cinéma d'horreur. C'était exaltant de me demander ce que j'allais pouvoir faire vivre au personnage et dans quelle mesure je pouvais enrichir sa personnalité".

    Le point de vue la victime

    Tandis que le personnage créé par HG Wells était un scientifique qui basculait vers la folie, Leigh Whannell s'intéressait davantage à ce qui obsédait cet être maléfique. Au cours de son rendez-vous chez Blumhouse, il a compris qu'il fallait renverser le point de vue. "J'ai eu cette idée de manière spontanée, sans vraiment y réfléchir", confie-t-il. "J'ai suggéré que si on faisait un film sur l'Homme invisible, on devrait adopter le point de vue de sa victime. Par exemple, une femme qui réussit à échapper à son mari violent en pleine nuit et qui découvre ensuite qu'il s'est tué, sans y croire vraiment, surtout lorsque de mystérieux phénomènes commencent à se produire".

    Les violences faites aux femmes

    Leigh Whannell n'a pas élaboré dix versions différentes de cette histoire. La trajectoire d'une victime harcelée par l'Homme invisible s'est imposée presque immédiatement. "J'ai fini par accepter l'idée qu'on n'avait pas forcément besoin de passer des semaines à se creuser la tête dans l'espoir de trouver quelque chose de mieux. Avec le recul, quand je repense au scénario, je sais que je voulais évoquer ces femmes victimes de violences qu'on ne prend pas au sérieux – qui tentent de prouver que quelque chose d'affreux leur est arrivé sans parvenir à en convaincre qui que ce soit."

    Des personnages féminins forts

    Deux fidèles partenaires de Leigh Whannell ont décidé de l'accompagner dans cette nouvelle aventure : Jason Blum, créateur et patron de Blumhouse Productions, et Kylie du Fresne, de la société australienne Goalpost Pictures. Ces deux structures avaient collaboré avec le cinéaste pour Upgrade – et Blumhouse avait produit la saga Insidious écrite par Whannell. Autant dire que Blum et Kylie du Fresne avaient envie de renouveler l'expérience. La productrice, qui produit des séries et longs métrages dans son pays depuis plus de 25 ans, a été séduite par l'approche du parcours de la protagoniste. "Leigh a un talent fou pour écrire des personnages féminins forts", dit-elle. "C'est ce qu'il a fait dans la saga Inisidious. Il sait créer des femmes mémorables si bien que je n'ai pas été étonnée du tout que sa relecture du mythe de l'Homme invisible adopte un point de vue féminin."

    Terroriser le spectateur

    Selon le producteur Jason BlumLeigh Whannell excelle à terroriser le spectateur. "Au fond, il n'y a pas tant d'angoisses différentes que ça, mais ce qui l'intéressait en s'attelant à Invisible Man, c'était de jouer sur toutes les formes de peurs qu'on peut imaginer et sur la suggestion plutôt que sur les effets de manche". Selon Elisabeth Moss (Cecilia), le film joue délibérément sur les codes du cinéma d'horreur. "Quand l'armoire à pharmacie s'ouvre et se referme, on s'attend à ce quelqu'un soit là", déclare la comédienne. "C'est la même chose lorsque la porte du réfrigérateur s'ouvre. On a pris un vrai plaisir à échafauder les effets de suspense. Comme lorsqu'on allume une lumière dans une pièce sombre et qu'on se rend alors compte que cette forme suspecte qu'on croit apercevoir dans un coin est … un portemanteau !"

    Elisabeth Moss

    Quand Leigh Whannell a achevé le scénario, il savait qu'il lui fallait une actrice exceptionnelle pour être à la hauteur du rôle. "Lorsqu'on a affaire à un personnage qui perd les pédales, c'est toujours très délicat pour un comédien. C'est facile d'être dans l'excès et de surjouer. Il me fallait quelqu'un qui puisse camper un personnage dont la raison vacille… mais de manière réaliste". Son choix s'est porté sur Elisabeth Moss, deux fois lauréate du Golden Globe, dont le jeu authentique et sans concession est palpable dans Mad Men et The Handmaid's Tale. "Dans The Handmaid's Tale, on ne voit qu'elle et elle réussit à vous faire croire au monde parallèle où évolue son personnage", souligne Whannell. "Si on ne croyait pas à ce personnage majeur, la série ne tiendrait pas du tout la route. Je savais qu'elle pouvait jouer cette forme de descente aux enfers sans excès. Elisabeth est la garante de l'authenticité. Si elle avait le sentiment qu'une scène ne fonctionnait pas ou sonnait faux, elle avait du mal à la jouer. On a formé une bonne équipe".

    Un rôle physique

    Elisabeth Moss et le Leigh Whannell partageaient la même vision du film et du personnage. "Lizzie m'encourageait à revoir les dialogues et le scénario. Et je la poussais à adopter un jeu plus physique. Elle a fait pas mal de choses très difficiles". Comme, par exemple, tourner en plein hiver, à 3h du matin, sous des trombes d'eau générées par des machines à pluie. La comédienne était trempée tandis que le reste de l'équipe était au sec, à l'abri sous des tentes, et portait des gilets bien épais. "On s'est tous les deux poussés dans nos retranchements respectifs", ajoute le réalisateur. "On a fait un vrai travail d'équipe en la matière. Quand on dit 'Action !', Lizzie se donne à 100%". Pour Elisabeth Moss, il s'agit du rôle le plus éprouvant de sa carrière. "Il m'a fallu dix minutes pour comprendre le point de vue de Leigh, et à quel point ce projet était moderne et ancré dans notre époque", affirme l'actrice. "J'adore la manière dont il a renversé le mythe de l'Homme invisible.

    Relations toxiques

    Grâce au tournage d'Invisible ManElisabeth Moss a pu réfléchir aux relations qui peuvent s'avérer violentes ou toxiques. Elle explique : "Pour Leigh Whannell et moi, c'était important d'imaginer des rapports qui ne soient pas seulement violents d'un point de vue physique, mais émotionnel et psychologique. Ces rapports peuvent être tout aussi dévastateurs. J'espère que ce film permettra à tous ceux qui en ont souffert de se sentir mieux représentés et soutenus. En tant que femmes, nous avons le sentiment de nous émanciper et d'incarner une génération qui n'hésite plus à prendre la parole, mais je crois qu'on juge parfois sévèrement celles qui ne mettent pas fin à des relations toxiques".

    Incarner Adrian, l'Homme invisible

    Scientifique aussi riche que brillant, Adrian Griffin, PDG de Cobalt, est charmant, séduisant et violent. Il est obsédé par Cecilia et ne songe qu'à la dominer… et rien ne l'arrêtera pour la récupérer. Il est campé par Oliver Jackson-Cohen (Luke dans The Haunting of Hill House). Avec ce personnage, l'acteur voulait évoquer le narcissisme et le comportement propre au sociopathe qui aboutissent à la réussite. "Ça le rend fou de savoir que Cecilia pourrait le quitter… que quelqu'un ose le défier de cette manière. Il a un besoin compulsif et pathologique de la dominer et c'est, fondamentalement, ce qui l'anime". Oliver Jackson-Cohen explique qu'il a passé pas mal de temps en répétitions pour mettre au point ces rapports de domination. "Il n'y avait que Elisabeth MossLeigh Whannell et moi", dit-il. "On voulait montrer comment ce type de relation s'installe, et comment certaines personnes se remettent en couple avec un conjoint violent tout en étant conscientes des risques. Car ces gens exercent une forme de magnétisme."

    Effets visuels

    Le superviseur effets visuels Jonathan Dearing, à la tête de Cutting Edge, a rejoint l’équipe de Invisible Man, après avoir collaboré avec Leigh Whannell sur son dernier thriller. “Quand on a travaillé ensemble sur Upgrade, je me suis rendu compte qu’on avait la même approche des effets visuels”, déclare Jonathan Dearing. “On considère tous les deux que les effets visuels doivent soutenir des choix de mise en scène tournés avant tout vers le réalisme”. Pour ce film, si l’option 100% réaliste n’était pas envisageable, ils cherchaient ensemble une stratégie permettant d’ancrer les effets visuels dans la réalité. “On partageait l’ambition de produire des effets visuels aussi crédibles que possible. On ne voulait pas être tentés de créer un univers complètement étrange, qui brouille la frontière entre le fantastique et la réalité”.

    Créer un costume invisible

    Les équipes de Odd Studios ont fait un travail remarquable sur le costume de l'Homme invisible, qui constituait un défi de taille. “On a mené beaucoup de recherches sur les techniques d’invisibilité qui existent aujourd’hui”, raconte Alex Holmes. “Elles existent à petite échelle : par exemple, on peut détourner la lumière autour d’un objet, ce qui le fait disparaître puisqu’il ne renvoie plus la lumière vers nous. On trouvait que cette idée n’était pas assez cinématographique. On a plutôt choisi une idée en rapport avec l'optique : un costume constitué de centaines de mini-caméras qui filment ce qu’il y a autour d’elles, tout en projetant un hologramme de ce que filme la caméra opposée. Une caméra située à l’arrière du costume filme ce que se passe derrière, mais l’image qui est ainsi filmée est projetée sous forme d’hologramme sur le devant du costume, exactement à l’opposé. Du coup, tout ce qui se situe derrière la personne portant le costume est projeté devant lui, ce qui le fait disparaître”.

    Créer un costume invisible, possible dans la vraie vie ?

    À partir de cette idée, la post-production a pu créer des effets remarquables avec des hologrammes et des objectifs de caméra qui s’allument, pour créer des centaines de petits yeux sur le costume. “On a consulté des experts de CSIRO [the Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation in Australia] et des universités”, souligne Alex Holmes. “Les scientifiques nous ont expliqué que ce qu’on proposait était faisable en théorie, mais qu’il faudrait encore une vingtaine d’années de développement pour y arriver. C’était parfait : on voulait justement que cette technologie ait l’air inaccessible aujourd’hui mais néanmoins plausible”.

    Les décors

    Les décors créés par Alex Holmes détournent le genre et déjouent les attentes du spectateur. “On ne voulait pas tomber dans l’esthétique prévisible du cinéma d’horreur”, explique le chef-décorateur. “On a abordé le film comme un thriller réaliste. On ne voulait pas de papiers peints, de couleurs voyantes ou d’espaces confinés et oppressants. Leigh Whannell souhaitait aussi qu’on amène de la lumière. On voulait faire un film d’horreur baigné de lumière naturelle. Il n'y a pas de créature tapie dans l’ombre, mais quelqu’un qui est présent sans l'être vraiment. Comme le représenter à l'écran ? En éclairant l’espace”.

    San Francisco en Australie

    Invisible Man se déroule à San Francisco, mais le thriller a été tourné à Sydney. “Sur le plan du tournage, un de nos plus grands défis a consisté à repérer des lieux à Sidney susceptibles d'évoquer San Francisco”, explique Kylie du Fresne, “en particulier pour la maison d’Adrian. Il fallait qu’elle ait une architecture singulière et qu’elle ait l’air de se situer aux alentours de la Silicon Valley”.

    L’antre d’Adrian, l'Invisible Man

    Le département des décors savait que, pour des questions de budget, la propriété d'Adrian devait être un décor réel. Cette maison devait être éloquente sur la personnalité obsessionnelle, autoritaire et implacable du scientifique. Ils ont fait appel au régisseur d’extérieurs Edward Donovan pour les aider à trouver ce lieu : “On a demandé à Ed de chercher des maisons avec une architecture brutaliste, avec des formes marquées, monolithiques et dures… une sorte de prison de luxe”, raconte Alex Holmes. L'équipe a passé plusieurs mois à chercher cette maison. Finalement, la propriété d’Adrian a été tournée dans plusieurs lieux différents. “L’intérieur de la maison a été filmé à Pebble Cove, à environ deux heures et demi de route de la côte sud de Sydney. C’était la première fois qu’une équipe de tournage filmait dans cet espace verdoyant sur le littoral. La maison est en béton avec un superbe parquet en bois construit à partir de poutres qui ont échappé à un incendie au château de Windsor”, raconte Kylie du Fresne. Dovecote, une autre demeure d’exception, a été choisie pour l’extérieur de la maison d’Adrian. Cette dernière est censée se situer en dehors de la ville, en bordure d’océan, dans un espace ouvert mais hautement sécurisé. “Par chance, nous l’avons trouvée juste à côté de Pebble Cove. Au moment où on a commencé à filmer, la maison a remporté le prix australien de la Maison de l’année”, explique Kylie du Fresne.

    Le labo d'Adrian

    Les régisseurs ont cherché longtemps avant de dénicher le lieu dans lequel filmer le laboratoire d’Adrian. “Tout à coup, on a trouvé le garage d’un riche propriétaire qui possède huit voitures”, raconte Alex Holmes. “Il y avait des bandes de lumière LED hallucinantes au plafond et sur les murs. Cela faisait penser à un univers de science-fiction tout en étant réaliste. J’y ai ensuite ajouté des pièces sécurisées et des espaces climatisés pour les expériences scientifiques. Pour apporter de l’intensité et donner une impression ‘dernier cri’, j’ai peint les murs en noir brillant. Je me suis inspiré de laboratoires d’université que j’ai visités, et j’en ai fait une version sur mesure pour un homme riche”.

    Le costume de l'Homme invisible

    L'accessoire le plus difficile à concevoir pour le chef-décorateur Alex Holmes a été le cintre sur lequel repose le costume. “Un cintre pour un costume qu’on ne voit pas”, résume Holmes. “Il devait avoir l’air d’un objet de science-fiction tout en étant très fonctionnel… pas comme un accessoire de super-héros. Après en avoir parlé avec un des experts en physique, on s’est dit que ce serait intéressant que, lorsque Cécilia pénètre dans la pièce où se trouve le costume, elle aperçoive un iPad au mur dans lequel elle se voit entrer dans la pièce… du point de vue du costume ! Elle se voit en temps réel, comme si elle était filmée, sauf qu’elle ne voit de caméra nulle part". La scène a été retravaillée en conséquence. Leigh Whannell a réécrit et reconstruit la scène pour l’adapter à cette nouvelle idée”, précise Alex Holmes.

    L’hôpital psychiatrique

    L’asile psychiatrique dans lequel Cecilia est confinée est à la fois brut et réaliste, et rappelle un hôpital public qui a subi l’usure du temps. “On a même ajouté des vieux bouts de scotch au mur, pour évoquer les affiches qui ont dû y être accrochées”, raconte Alex Holmes. “On a trouvé une ancienne usine de cosmétique et on l’a transformée en asile. Il y avait un éclairage au néon et une palette de bleus et gris très institutionnelle. Ensuite on a ajouté pas mal de détails pour aménager ce lieu en un véritable institut psychiatrique hautement sécurisé”.

    Le volant à gauche

    Comme le tournage se déroulait à Sydney, l’équipe a eu un nouveau défi à relever en matière de voitures : “Il n’y a pas beaucoup de voitures avec le volant à gauche en Australie”, explique Alex Holmes. “On a dû être très inventifs”. De faux volants ont parfois été utilisés. Les voitures avec le volant à droite étaient utilisées pour filmer l’arrière du véhicule, tandis que celles avec le volant à gauche étaient réservées pour filmer l’avant de la voiture. “On devait faire du recyclage et métamorphoser les voitures qu’on avait déjà utilisées avec un film en vinyle”, avoue Alex Holmes. “Sans compter qu’on avait des cascades à exécuter avec ces voitures. Enfin, certaines scènes nécessitaient des décors de grande ampleur : le commissariat de San Francisco, les restaurants, l’hôpital psychiatrique, les rues de la ville… On avait besoin de beaucoup de main d’œuvre pour mettre en place ces vastes décors”.

    Fusion entre acteurs et techniciens

    Le tournage dans des espaces étouffants a influé sur tous les choix de caméras et d’éclairages du directeur de la photo. "Filmer dans des lieux exigus est toujours délicat, car les équipements techniques dans le cinéma nécessitent généralement de la place", remarque le directeur de la photographie Stefan Duscio. "Mais j’ai aimé relever le défi de filmer Elisabeth Moss dans un grenier sombre, où elle était éclairée uniquement par la lampe torche qu’elle tient à la main. J’ai donc compté sur Elisabeth pour s’éclairer elle-même, ou plutôt pour ne pas le faire. Et je me suis recroquevillé dans un coin du grenier avec la plus petite installation technique possible et une caméra à la main. Alex Holmes a conçu un environnement génial qui nous a permis de travailler tout en se sentant dans un espace étouffant et encombré".

    L’influence de la technologie

    Les producteurs ont apprécié l’ouverture d’esprit de Leigh Whannell qui a accueilli nouvelles idées et technologies et cherché comment les intégrer au film : "Par exemple, on a utilisé une nouvelle caméra à 360 degrés que j’étais en train de tester", déclare Jonathan Dearing. "J’avais décidé de moderniser mon matériel et je voulais me familiariser avec ma caméra, car je me sers de ce genre d’équipement sur les tournages pour obtenir rapidement des images HDR et même des plans panoramiques des décors". Tout en visionnant des plans précédemment tournés avec le réalisateur, le superviseur effets visuels a montré à Whannell comment il pouvait tourner autour de l’image sur sa tablette pendant le repérage des lieux de tournage. "J’ai montré à Leigh à quel point c’était génial de pouvoir visionner de manière interactive tout ce qu’on voulait", explique Dearing. "Il a adoré ces plans et ce dispositif high-tech et on a cherché à s'en servir comme d'un point de vue."

    Contraintes d’espace et effets visuels

    Le défi principal en matière d'effets visuels consistait à faire disparaitre le travail de Luke Davis, doublure d'Oliver Jackson-Cohen, en costume vert derrière la performance de l’Homme invisible. C’était particulièrement difficile quand Luke Davis se trouvait devant un autre acteur ou un autre élément dont les équipes ne pouvaient pas contrôler le mouvement. La méthode la plus simple pour ce travail est d’utiliser un dispositif de motion-control. Cela permet de filmer le décor nu pendant une même prise et de faciliter le "nettoyage" qui intervient ensuite. Malheureusement, l'équipe des effets visuels n’a pas toujours pu recourir à cette technique, notamment en raison de contraintes spatiales. Ainsi, dans la scène où l’Homme invisible poursuit Cecilia dans le grenier, le dispositif de motion-control ne passait pas dans cet espace confiné.

    Scène décisive et peinture

    Au cours d'une scène décisive, Cecilia jette un pot de peinture sur une échelle qui semble vide, depuis une ouverture dans le plafond du grenier. On découvre alors la silhouette de l’Homme invisible à seulement quelques mètres d’elle. Au départ, Leigh Whannell voulait que cette scène démarre avec l’ouverture qui forme un point lumineux dans la pénombre, puis dans un mouvement régulier, la caméra se serait placée du point de vue de Cecilia au moment où elle renverse la peinture sur l'Homme invisible. “Leigh voulait tourner la scène en plan-séquence”, explique Jonathan Dearing. “Mais sans le motion-control, on n'aurait pas pu garantir le résultat. On n’était pas sûr de bien voir l’arrière-plan initial, ce qui aurait pu faire rater la scène”. Après plusieurs essais au Steadicam, qui ne fonctionnait pas non plus dans l’espace confiné du grenier, Leigh Whannell a accepté d’utiliser une caméra fixe. “Cela nous a permis de nous concentrer sur l’effet de la peinture projetée sur le costume”, estime Jonathan Dearing. “On avait confectionné un costume sur mesure pour cette scène où on aperçoit sa texture unique lorsqu’il est recouvert de peinture. Le tournage s’est passé sans encombre et l’équipe des effets visuels a terminé le travail sur ordinateur”.

    Inspirations cinématographiques

    Il est impossible de penser à un film où l’héroïne semble perdre prise avec la réalité sans faire référence aux classiques d'Hitchcock comme Pas de printemps pour Marnie ou Les Oiseaux. Mais Stefan Duscio et Leigh Whannell ont puisé dans d’autres sources d’inspiration moins évidentes. "On a passé des jours, au début de la prépa, à regarder des films dont nous aimions le suspense et le ton", déclare Duscio. "Par exemple, Prisoners et Sicario de Denis Villeneuve, ainsi que A Ghost StoryPersonal Shopper et L’Exorciste. Ils n'ont pas tous un rapport évident au film de Leigh mais ils ont tous été une source d’inspiration, quand nous tentions de déterminer la tonalité d'Invisible Man. J’ai toujours été fan de Roger Deakins [chef-opérateur qui a notamment éclairé Sicario et Prisoners, NdT] et j’admire la force et la puissance de narration de ses images", poursuit-il.

    Mise en scène

    Invisible Man se concentre en grande partie sur Cecilia et sa plongée dans la folie : il fallait donc montrer sa terreur et souligner qu'elle finit par s’en servir comme d’une force. "On était très intéressés par le point de vue extrêmement paranoïaque de Cecilia. On a filmé exprès des espaces vides, en laissant la caméra s'attarder dans les recoins des pièces. On l’a également cadrée de manière inhabituelle pour suggérer que quelqu’un se tient dans le hors champ", commente le chef-opérateur Stefan Duscio. Parfois, Duscio s'attache à un élément inattendu du cadre, au-delà d’un personnage situé au premier plan. "Cette technique peut sembler étrange ou inhabituelle dans sa composition mais notre but est de créer une tension constante. On espère aussi que ça permet d’attirer l’attention du spectateur pour chercher à déceler le moindre mouvement ou indice de la présence de notre prédateur dans les recoins de chaque plan."

    Tourner dans le noir

    Une grande partie du film – de la séquence où Cecilia s’échappe de la maison d’Adrian à sa découverte dans le grenier et à son attaque brutale à l’hôpital psychiatrique – a été tournée de nuit dans l’obscurité. "J'apprécie de tourner dans le noir même si je trouve cela difficile", déclare Stefan Duscio. "On doit donner à la scène une ambiance sombre tout en continuant à raconter l'histoire avec clarté et précision. Il est très facile de trop – ou pas assez – éclairer dans une telle situation et on doit faire des modifications très subtiles au niveau de l’éclairage ou du choix des caméras pour trouver la bonne exposition de façon naturelle. Leigh Whannell et moi avons établi un story-board ou prévisualisé au maximum les séquences les plus complexes, pour me permettre de communiquer clairement à mes équipes ce que je voulais". Et pour filmer avec des effets de lumière et d’ambiance différents, la nouvelle caméra grand angle ARRI Alexa LF (large format) s'est avérée le bon choix.

    1917 et Invisible Man

    Pour filmer avec des effets de lumière et d’ambiance différents, la nouvelle caméra grand angle ARRI Alexa LF (large format) s'est avérée le bon choix. Il se trouve qu'elle a aussi permis au directeur de la photographie de mieux cerner le style de Roger Deakins. "Je crois bien qu'il s'agit du deuxième film tourné avec ce dispositif après 1917. On a eu la chance que la société ARRI, à Munich, nous ait donné un prototype d’Alexa mini LF juste à temps pour le tournage. On a utilisé cette caméra plus légère pour tourner les nombreuses scènes d’action, notamment les longs plans à la Steadicam et les prises de vue à l'épaule, mais aussi les scènes en motion-control et la course-poursuite en voiture", confie Stefan Duscio. Grâce à la nouvelle caméra grand angle, Duscio et Leigh Whannell ont découvert tout un éventail de possibilités en matière de formats d’objectifs, permettant des images époustouflantes avec plus de profondeur et une meilleure résolution. "Ça nous a aussi permis de filmer des plans au plus près de nos acteurs, tout en laissant un vaste champ autour d’eux", dit-il.

    Les déplacements de l'Homme invisible

    La production a eu recours à une multitude de techniques pour filmer les déplacements de l’Homme invisible. "Quand les rapports entre acteurs et les mouvements de caméras étaient complexes, on utilisait généralement un système de capture de mouvements ARGO pour créer des déplacements de caméras qu’on pouvait reproduire", explique le directeur de la photographie Stefan Duscio. "On tenait à obtenir des prises parfaites des acteurs, des interprètes en combinaison verte et des arrière-plans. Heureusement, Leigh Whannell et moi aimons la façon dont la caméra de motion-control crée une gestuelle austère et artificielle. On a étudié ça et essayé de le reproduire lors de notre travail habituel avec la Dolly, afin d’harmoniser les deux styles de cadrage".

    De Matrix à Invisible Man

    Ce qui rend les cascades d'Invisible particulièrement impressionnantes, c’est qu'à chaque fois que le personnage éponyme entre en scène, on a l’impression que la vie de sa victime potentielle est en jeu. Pour mener à bien cet aspect du thriller, Leigh Whannell a fait appel au chef cascadeur Harry Dakanalis, dont la trentaine d’années dans le métier lui a assuré une expérience solide et inégalée. Quand on sait que l’un de ses tout premiers films a été la saga Matrix des Wachowski, on comprend que l'homme puisse partager ses connaissances avec Elisabeth Moss et le reste des acteurs. "Les cascades que j’ai réalisées dans Matrix restent les plus mémorables et difficiles de ma carrière. Lana et Lilly Wachowski m’ont appris que l’imagination est sans limites et qu’il faut suivre son instinct quand il s’agit des acteurs. Travailler avec Leigh a été une expérience elle aussi fantastique. Dès le début, on a été sur la même longueur d’onde. Tout au long du projet, il nous a laissés explorer chaque scène et nous a donné le temps nécessaire pour tester les chorégraphies qui allaient se retrouver à l’écran".

    Cascades

    Elisabeth Moss est pour ainsi dire dans toutes les scènes d'Invisible Man. Il a donc fallu que l’actrice et sa doublure cascade Sarah Laidler travaillent étroitement avec le chef cascadeur pendant la prépa et tout au long du tournage. "En général, on répétait les scènes d’action à fond avec Sarah et Luke Davis, la doublure de notre Homme invisible, jusqu’à ce que la scène prenne forme", déclare Harry Dakanalis. "On faisait ensuite découvrir à Elisabeth comment la séquence allait se dérouler et à quel rythme pendant en moyenne trois à quatre heures de travail. C’était suffisant pour qu’elle puisse être synchrone avec la caméra. L’étape suivante était le tournage, avec la doublure de l’Homme invisible qui se mesure à elle et qui lui résiste tandis qu'elle l’attaque en se fiant à son instinct plutôt qu'à des gestes effectués machinalement. Très en amont des répétitions, on a découvert que les réactions spontanées d’Elisabeth s’avéraient beaucoup plus intéressantes que ses gestes chorégraphiés. Et on s’est tenu à cette démarche pendant tout le film".

    Musique hitchcockienne

    Benjamin Wallfisch (Blade Runner 2049, Ça), a été engagé pour imaginer des sonorités bien particulières pour Invisible Man. D'emblée, le réalisateur a clairement spécifié ce dont il ne voulait pas. "Je ne voulais surtout pas d'une musique démonstrative, avec des cordes très présentes, pour bien souligner les moments où on est censé avoir peur", dit-il. Prenant en compte la volonté du cinéaste de, selon ses propres termes, "laisser beaucoup de liberté au spectateur", le compositeur précise : "Il s'agissait d'utiliser les silences par souci de rythme si bien que, lorsqu'on entend de la musique, les sonorités prennent un relief très particulier. On croit qu'on va entendre la musique, mais elle ne vient pas – comme un écho à la présence invisible d'Adrian Griffin. Je tenais aussi à restreindre l'instrumentation aux cordes. Si bien que les musiciens devaient donner la pleine puissance à leur interprétation sans l'appui d'un orchestre au grand complet. C'était aussi un hommage à l'une de mes idoles, l'immense Bernard Herrmann, et à son chef-d'œuvre composé pour Psychose. Une manière d'évoquer la dimension hitchcockienne du film".

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