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    Nulle part, terre promise
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Nulle part, terre promise" et de son tournage !

    Prix Jean-Vigo 2008

    Nulle part, terre promise a remporté le en 2008 le très prestigieux prix Jean-Vigo, qui distingue chaque année un réalisateur français "pour son indépendance d'esprit et son originalité de style". La même année, le film a été présenté au Festival de Locarno.

    Un projet pas né de nulle part

    Nulle part, terre promise est né d'une commande d'Arte. La chaîne de télévision avait demandé à plusieurs réalisateurs européens de signer un court métrage sur le thème de l'Europe. Emmanuel Finkiel a alors eu l'idée de réaliser un film sur le parcours des immigrés kurdes jusqu'à Calais. Il a ensuite souhaité évoquer en parallèle le parcours d'autres personnages. Il lui a donc fallu au-delà de 25 minutes, durée maximim imposée par le projet d'arte. Les productrices des Films du Poisson Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez ont visionné un montage de 55 minutes qui les a enthousiasmés, ce qui a encouragé le réalisateur a faire de ce film un vrai long métrage.

    Revenu de "Voyages"

    Emmanuel Finkiel aura attendu près de dix ans pour réaliser un deuxième long métrage après son coup d'essai très remarqué, Voyages, en 1999. Il justifie ce délai et son choix de tourner dans un autre type d'économie : "après Voyages, en 1999, je n'avais pas envie de me jeter sur n'importe quel projet, tourner pour tourner, j'ai donc écrit des scénarios, un en particulier qui m'a pris 4 ans d'écriture. Le besoin de tourner a grandi, en même temps que celui d'avoir une prise directe sur la réalité à filmer. En fait, après 17 ans d'assistanat sur les films des autres, quand j'ai commencé à faire des films, j'ai ressenti la nécessité de m'éloigner du système classique de fabrication."

    Terra incognita

    Emmanuel Finkiel reconnaît la singularité de Nulle part, terre promise : "J'ai senti un rythme, une tension, qui commençait à se développer sans qu'on suive pourtant des personnages de façon classique. L'histoire des uns venait mettre en perspective l'histoire des autres. Les " creux " se remplissaient, se nourrissaient et venaient nourrir à leur tour chaque histoire. Se révélait en fait le potentiel d'un montage qui en entrelaçant des histoires au demeurant hétérogènes, arrive à créer organiquement une histoire nouvelle, plus large." Il précise : "Ce film est une tentative de description assez rigoureuse et précise d'un monde matériel, fait d'objets, de corps, de trajets géométriques, presqu'un film abstrait. Une écriture qui tient compte du caractère disparate et hétérogène du monde, un peu comme certains textes du nouveau roman. Il me paraît intéressant de rappeler ici qu'au cinéma, la continuité théâtrale n'est pas forcément la référence absolue, l'histoire n'est pas essentiellement le spectacle."

    Cinéma du réel

    L'un des grands défis d'Emmanuel Finkiel sur ce film était de ne pas s'appuyer sur un scénario. Il précise sa démarche : "C'était intéressant : transférer le rôle décisif depuis l'écriture vers l'enregistrement, depuis le scénario vers le tournage. Inverser le processus, ne pas partir du scénario, mais de l'angle de l'objectif. L'enregistrement de la réalité comme point de départ de la fiction. On peut alors tenter de filmer les phénomènes d'un monde non-asservi à l'histoire, en tant que ce qu'il est. C'est le plan - son cadre et le temps qui passe dedans - qui en définitive devient le plus important. Ce n'est pas nouveau, c'est le principe des frères Lumière quand ils plaçaient leur caméra sur le quai du train arrivant en gare de La Ciotat. Sauf que là j'ai introduit des personnages de fiction dans la réalité que filmait la caméra. Un peu comme si les mêmes frères Lumière avaient injecté des acteurs sur le quai de la gare parmi les vraies gens. Ce fut une manière pour moi de me dédouaner de la ligne narrative, de l'unité d'action, de l'idée du bon raccord. Bref de tout ce qui finalement contribue à réduire le monde réel en une simple scène de théâtre."

    Un film politique ?

    Si Nulle part, terre promise nous confronte à la réalité la plus brûlante, Emmanuel Finkiel réfute l'idée de film à thèse : "Ce n'est pas un film qui pense, mais qui ressent et tente de faire ressentir, la réflexion revient aux gens. S'il y a une éthique, elle se trouve dans l'approche cinématographique. Celle qui consiste à enregistrer les faits, puis à les organiser pour les restituer dans toutes leurs dimensions. Nous sommes à une époque du tout commentaire, où la réalité disparaît derrière les sous-titres. Là, il s'agit de montrer, d'enregistrer les phénomènes, de les saisir à travers une écriture affirmée propice au transport des sensations. Pour enfin les donner à voir et à ressentir grâce au montage. Rien de politique, mais rien de neutre non plus. Je pense à L'Amateur de Kieslowski : un gars à qui, un jour, on offre une petite caméra, filme la réalité qui l'entoure, devant son balcon, au pied de son immeuble, et finit par révéler les malversations des autorités et se trouver en position de critique du système. Il devient un paria parce qu'il a filmé les travaux en bas de chez lui. Il semblait innocent dans l'acte de captation de la réalité, mais en fait son film devient une arme redoutable, comme s'il jugeait le monde en le voyant."

    HD, l'âge d'or

    Emmanuel Finkiel confie que la possibilité d'utiliser une caméra HD a agi comme un "déclencheur". Il souligne : "L'avènement de la prise de vue en haute définition bouleverse aujourd'hui les données socio-économiques de la fabrication d'un film, et permet, me semble-t-il, de s'affranchir en même temps du système de fabrication et de l'anecdote fictionnelle qui gouvernaient en maîtres absolus. Et de placer le point de vue singulier du cinéaste comme fondateur du film. Je me suis libéré de tout ce que j'appellerais le cinéma autour du cinéma, tout ce que les gens ne verront pas sur l'écran. Une équipe légère et pas de projecteurs, pas de matériel de machinerie, tout ce protocole hérité de l'époque des studios, rien de ce qui vient s'interposer entre vous et ce qui vit devant la caméra. Grâce à la précision de la haute définition, on peut sans ajout d'aucun dispositif obtenir une grande précision de détail, on peut enregistrer la pupille des gens ! et travailler dans la perspective d'un grand écran."

    Vérités et mensonges

    En mélangeant réalité et fiction, Emmanuel Finkiel ne triche-t-il pas ? "C'est une sorte d'hyper tricherie à partir d'une hyper réalité, ce qui produit, je pense, quelque chose qui possède une certaine vérité (...) Je triche, disons, pour mieux restituer ce que j'ai vu, entendu et ressenti, pour mieux communiquer " ma réalité ", puisqu'en fin de compte, il s'agit de partager un moment de vécu avec le spectateur."

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