Avec son adaptation de la série éponyme, diffusée entre 1966 et 1971, sur l’une des chaînes américaines, Tim Burton présente, en 2012 et comme à l’accoutumée, un univers décalé, lugubre, sombre.
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Le scénario bien ficelé entraîne le public dans un monde où le réel danse avec l’irréel. De surprises en surprises, il voit sa curiosité comblée. Complètement immergé dans le quotidien tortueux d’une famille à la richesse décadente, il attend impatiemment le dénouement de l’histoire. Les effets visuels atypiques et les tons de couleurs adaptés à l’atmosphère laissent pantois. La lumière et les ombres prennent une importance. Bruno Delbonnel a effectivement eu pour mission de refléter le style des années 1970. Toujours à la hauteur de son talent, Johnny Deep incarne avec élégance et perfection le vampire égaré, torturé, persécuté. Dark Shadows est, par ailleurs, la huitième collaboration de Tim Burton avec l’acteur. La prestation d’Eva Green est tout autant époustouflante. Diabolique, terrifiante, elle rentre dans la peau de la sorcière des temps modernes avec une aisance remarquable. Espiègle, sournoise, capricieuse, vicieuse, ambitieuse, amoureuse, dangereuse, cruelle, ses traits de caractère offrent aux spectateurs un mélange explosif. Dans son habit de grande méchante au cœur délaissé, elle illumine l’écran, subjugue, effraie. La relation ambiguë entre les deux anciens amants est délicieuse. Un effet comique maîtrisé se dégage de leurs échanges.
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Cependant, Helena Bonham Carter, connue et appréciée pour les rôles obtenus ces dernières années, notamment dans Big Fish (2003), Harry Potter (2007), Sweeney Todd (2007), ou encore Alice aux Pays des Merveilles (2010), déçoit. Fade, lisse, son personnage, qui au départ pouvait receler du potentiel au niveau de la personnalité, ne trouve finalement pas de légitimité. Le maquillage, le costume, la couleur des cheveux, sa présence dans la maison, ne surprennent pas, n’apportent rien. La fin vient également ternir la richesse et le potentiel du projet. Le côté humoristique plaisant est souillé par quelques éléments décevants de la chute, presque risibles, au regard de leurs inutilités. Le fantastique se débride et dépasse la frontière qui aurait fait du film un véritable chef d’œuvre.
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Les amateurs du genre, ainsi que les admirateurs du travail des comédiens sollicités, ou du réalisateur, seront indéniablement satisfaits par ce mélange entre passé, présent, romance, vengeance, mystère, intrigue, humour, sang, magie, pouvoir.
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