Sylvie Verheyde, remarquée en 1997 par son premier film, "Un frère" , qui évoquait les révoltes entre une soeur et son frère au sein d'une minuscule cellule familiale, revient avec conviction sur grand écran, bien décidée à refaire parler d'elle avec ce troisième film. "Stella" , c'est l'histoire d'une petite fille pauvre, évoluant dans un contexte social peu enthousiasmant et une situation familiale déstructurée et qui, en rentrant au 'lycée' (en classe de 6ème), va devenir l'incarnation d'un statut en soif de progrès. S'instruisant par bonne volonté, cherchant le contact malgré les coups durs, la petite Stella, farouche mais éduquée avec des principes forts, va être entrainée dans un tourbillon de vie et d'amour qui sera, plus qu'une école de la vie, un aboutissement et un épanouissement, la lumière vers un espoir, une autre destinée que 'serveuse dans un bar' , dixit sa mère. Sylvie Verheyde a tout compris ; son histoire, peu originale, elle la filme comme il faut, caméra engagée dans le corps de son héroïne battante, à la recherche des perceptions de la gamine dans un milieu hostile, ou captant dans l'air quelques morceaux de grâce suspendus. Il n'y a jamais d'excès ni de misérabilisme, juste un conte à hauteur d'enfant, parfois très dur (la scène d'attouchement se devine avec malaise), parfois très cru au point de ressembler au "Darling" de Christine Carrière (2007), en version enfantine cependant. "Stella" n'est pas un film joyeux, la gaîté n'est pas de tous les instants, mais si la cinéaste passe par la grisaille, la décadence et la violence d'un milieu que l'on ne choisit pas, c'est pour mieux composer sa note d'espoir, tintant parmi les sons furieux et vomitifs du réel. Stella, c'est une petite démone en forme d'humaine, ou bien un ange, c'est selon les moments. Une petite rebelle en tout cas, qui cogne et qui jure à qui défie son innocence et moque son inculture. On sent dans "Stella" le besoin de parler d'un passé, et même si le film n'est pas obligatoire