Bon, encore un road movie au scénario mincissime dont tout l'intérêt est dans la scène-fragment. Mais cette fois (ce n'était pas le cas dans le décousu Broken Flowers), JJ sait ce qu'il veut comme son principal personnage, totalement déterminé, à la limite de l'absolue résolution. C'est elle qui lie et tend le film. De ce côté on n'est pas déçu, surtout que Jarmush se moque bien du spectateur en impatience d'"action" dénouante quand enfin elle paraît devoir éclater : Isaach de Bankolé qui semblait ne pouvoir achever son boulot qu'au prix d'une prouesse à la Schwarzenegger s'en tire magiquement : "j'ai fait jouer mon imagination". Géant et tout simplement hilarant. La décontraction absolue après 1 heure 40 d'absolue tension. Bravo! Un film révolutionnaire à voir absolument.
J'ai aimé cette belle oeuvre cinématographique. Je comprends qu'on puisse être barbé soit par la lenteur, soit par la répétitivité du film. Le film se veut volontiers hermétique : entre les passages où le héros est mutique, et les dialogues décousus des gens qui le rencontrent, on peut sembler manquer d'explications bien claires. Et, pourtant, j'ai été séduit par cette mise en scène, qui à la fois répète certains motifs, mais en y appliquant des variations, un peu comme dans une fable finalement. Un vrai travail d'artiste. Beaucoup de plans intéressants, voire beaux, qui restent en tête. Et finalement, on est tenu en haleine par l'odyssée de cet homme, car quoi qu'on en dise, il avance, et atteint un but à la fin. Ca donne envie de se renseigner sur les différents lieux visités en Espagne, de se pencher sur le fond du discours de chacun des artistes ou personnages hors contrôle. Bref, un travail ma foi pas mal brillant.
Malgré toute mon estime pour l'oeuvre de Jim Jarmush, je dois dire que j'ai été déçu. On dirait un remake de Moondog, en plus ésotérique encore, et dont l'humour décalé passe moins bien. Il faut peut-être une culture cinématographique que je n'ai pas... Enfin, j'ai trouvé dommage de cantonner Isaach de Bankolé (que Jarmush aime beaucoup) dans un rôle si rigidifié. On est proche de la rigor mortis, avec ce visage d'une austérité absolue et ce personnage qui ne dort jamais, qui ne se déshabille jamais. Caricature certes, mais on a déjà vu ça, alors pourquoi? J'ai ressenti cela comme une injustice vis-à-vis de ce bel acteur.
Au bout de 5 mn, on consulte son voisin, on doute que le film a commencé, au bout de quinze on croit halluciner : non, ça n'est pas possible on ne va pas se payer deux heures d'Isaach de Bankole buvant son café??? 30mn: Si finalement !! Entre fou rire et dépression, on commence à déchiqueter méticuleusement sa boite de pop corn... 45 mn: on commence vraiment à avoir envie de tuer le réalisateur, foutre le feu au cinéma et découper son voisin en rondelles 1heure: ouf, de l'air, du mouvement, de la vie après ces acteurs au visage comme figé au botox. Ah, ça n'était pas fini? Je venais de revoir Night on Earth que j'adore, à l'opposé de celui-ci !
Les acteurs sont bons, les décors d'Espagne (Andalousie en particulier sont bien filmés) mais le film est, c'est vrai d'une grande lenteur et d'une absence d'action assez déroutante ! C'est un film absrait, c'est certain. Pour mon 1er Jarmush, je ne peux pas dire que je sois trés fan. Pas dégouté non plus.
Quand le mot OEUVRE CINEMATOGRAPHIQUE prend tout son sens! Enigmatique, puissant, beau... Je m'arrête là dans les adjectifs mais ce film reste dans mon esprit parce qu'il me touche, il m'intrigue, il me fait vibrer. C'est parce que je peux voir de temps en temps des vrais beaux films comme celui-ci que je suis heureux d'aller au cinéma!
Une expérience cinématographique plus qu' inhabituelle. En effet, c'est soit une grande claque, soit un film pédant et vide au possible. Deux visuellement magnifique, tout est travaillé, chaque point de vue, les ambiances. Un scénario court mais le plaisir est intense et les métaphores avec l'art sont multiples. Un ovni du cinéma, brillant.
Et dire que ce film aurait été vraiment bien si on nous avait donné à la fin toutes les réponses aux questions qu'on se pose pendant 2h. Et si on nous les donne pas, c'est parce que le scénariste lui-même ne les a pas. En gros un film abstrait, sans aucun fondement, vaguement sauvé par de jolies images, et une manière de filmer intéressante.