Lui aussi acclamé comme un chef-d'oeuvre de thriller et d'ailleurs Caméra d'or cannoise en 2008, The Chaser entérinait à l'époque encore un peu plus la mainmise des réalisateurs coréens sur le genre. Cette fois, c'est le petit nouveau Na Hong-Jin qui surfe sur la vague des Park Chan-Wook (dont le triptyque sur la vengeance a probablement inspiré l'aspect pictural de ce polar aux teintes sombres et délavées) et autres Bong Joon-Ho (comment ne pas penser à Mother ou Memories of Murder en souriant des piques envoyées par The Chaser envers les services de police coréens). Bizarre, je ne partage pas totalement l'engouement pour le film, alors que les coréens ont souvent pour habitude de m'enthousiasmer, que j'aime le thriller et le traitement qu'ils en font, et que The Chaser, revendiquant clairement son appartenance au cinéma de genre, avait tout pour réaliser la combinaison gagnante. Si j'ai trouvé là un polar très efficace, dont les quelques deus ex machina sont sauvés par un gestion du rythme impressionnante pour un premier long-métrage, j'ai eu du mal à y voir quelque chose de plus. D'ailleurs, la totale indécision ressentie pendant le combat final souligne davantage l'absence de vision et de basculement nécessaire au propos que la multi-potentialité d'un univers où tout peut se produire, où n'importe qui peut mourir. Cependant, en ce dernier point mais aussi dans sa volonté de casser les codes du genre, bien souvent établis dans le cinéma américain et pour certains quelque peu éculés, The Chaser affirme fièrement sa nationalité. Pourtant, on a connu les coréens plus à l'aise dans la forme. La mise en scène me parait moyenne, parfois brouillonne et souvent un poil trop discrète. Mais vaille que vaille, Hong-Jin Na fait quand même passer la sensation d'impuissance au cœur du scénario, grâce à la photo terne qu'il a un peu emprunté à Chan-Wook, mais surtout à un sens du montage déjà très aiguisé qui met en place un cadre spatio-temporel qui possède une emprise assez forte. Ainsi The Chaser fait preuve d'idées intéressantes, qui en font quand même un vrai film d'atmosphère. Je ne parle pas de la pluie permanente, un peu trop insistante, mais plutôt de la répétition des plans sur une même impasse, un même lieu, qui enfoncent le spectateur dans une sensation d'évidence désespérée que les flics ne savent pas voir. Je pense aussi à la vacuité des rues, où les rares passants ne sont que des outils scénaristiques, laissant en temps normal place libre aux acteurs principaux qui paraissent seuls au Monde. Parallèlement, The Chaser tente de s'armer d'une force émotionnelle conséquente qui mise beaucoup sur l'écriture assez fine des personnages et quelques unes des plus belles scènes du film. C'est pourtant à ce niveau que sans trop pouvoir l'expliquer, je crois être passé un peu à côté. Voilà peut-être qui explique mon avis simplement positif, sans être enthousiaste. Avis qui doit donc à une vraie vitalité et l'appartenance à un courant cinématographique de qualité pour les plus, mais à un propos un peu maigre et une mise en boîte un chouïa décevante pour les moins. Solide, mais pas assez novateur pour surprendre, du moins pas totalement, The Chaser n'est pas le chef-d'oeuvre du cinéma coréen des années 2000, mais vient quand même s'ajouter à ses nombreuses réussites.