A nouveau un biopic, genre très en vogue aux Etats-Unis depuis longtemps et qui a le vent en poupe en France grâce au triomphe de "La Môme". Celui-ci est d'une bonne qualité même s'il n'échappe pas au schéma classique de ce type de film : les débuts, l'ascension, l'apogée, la descente aux enfers de la célébrité dont on relate l'existence.
Ici, le choix de retracer la vie de Françoise Sagan est une idée judicieuse car, si elle a défrayé la chronique à cause de ses frasques et ses inconstances à partir des années 50, il faut bien avouer que l'on ne parle plus guère d'elle aujourd'hui. Ingratitude de notre époque qui a la mémoire de plus en plus courte... Alors, il est étonnant de redécouvrir la révolution qu'a incarnée cette femme libre, insouciante en apparence, affranchie de toute contrainte, bobo avant l'heure, vivant en communauté avant mai 68 et souvent entourée de pique-assiette, elle qui détestait vivre seule, et qui a brûlé sa vie par tous les bouts. Bien sûr, elle n'a pas été une mère exemplaire, elle se détournait des gens dès qu'elle s'en lassait, elle a été une adulescente gâtée qui a pu paraître irresponsable, elle s'est efforcée de s'auto-détruire avec tout ce qui lui tombait sous la main mais elle a su assumer tous ses choix en se fichant de que l'on pensait d'elle.
Quelle performance inouïe que celle de Sylvie Testud qui est crédible de bout en bout quel que soit l'âge de son modèle! Elle est parfaite à la fois étourdissante, virevoltante, émouvante, exaspérante, amusante, provocante. Sa déchéance, sa solitude, ses réflexions sur la vie, l'amour, la vieillesse et les confessions faites à son journal intime sont autant de moments réussis et très intenses. Il faut également saluer l'interprétation formidable de Jeanne Balibar en compagne de l'écrivain ainsi que la reconstitution parfaite des différentes époques sans que cela sonne faux. La réalisation par contre reste très impersonnelle mais Diane Kuris a peut-être voulu s'effacer devant son sujet...