On est tous un peu lents d'esprits - surtout moi. Alors que j'ai vu le nouveau Pixar Rebelle il y a déjà une semaine, courant comme un jeune maternelle dans les salles obscures pour admirer le nouveau dessin-animé dans la vogue, j'ai quand même mis sept jours à réfléchir dessus et à analyser qualités et défauts, ne sachant pas quoi penser d'un film que j'attendais depuis plus d'un an et qui finalement m'aura plus que déçu. Faut quand même dire que depuis deux/trois mois la promo de Rebelle faisait plus que flipper : des roux partout, avec des sourires idiots, des bandes-annonces avec de l'humour que je ne comprends pas et que je qualifierai pour le coup d'humour (roux) simple. Le plus étonnant dans cette drôle d'affaire c'est le nom de la production qui a réalisé le film : Pixar. Auteur de certains des plus grands films d'animations depuis dix ou quinze ans (les Toy Story, Le Monde de Nemo), entre un Cars 2 qui avait refroidi plus un l'an dernier, et une préquelle teen movie à Monstres & Cie pour l'an prochain, on est en droit de se demander une chose : est-ce que Pixar deviendrait Disney ? Oui et non. Car on corrigerait plutôt cette phrase par " Pixar devient le Disney d'il y a cinq ou six ans ". Le Disney de La Ferme se Rebelle, le Disney de Chicken Little, le Disney de Frère des Ours, le Disney de Volt. Alors que pendant ce temps, c'est l'inverse qui semble se produire chez la prod du bon vieux Walt : entre un Raiponce mieux que d'habitude (j'ai pas trop aimé - mais le film a fait l'unanimité donc disons que je ne suis pas trop films de princesses), et un Monde de Ralph pour noël qui s'annonce démentiel, ou encore avec l'annonce du nouveau PDG de Disney du nouveau rythme de deux Pixar et un Disney par an, on est en droit de se demander : est-ce la fin ? J'aurais tendance à dire "oui". Si Pixar excelle encore dans l'animation, on ne trouve plus du tout ce qui faisait le charme de leurs précédents films : une minime torture psychologique, de l'humour pour tout le monde, un sens du détail à toute épreuve.
Rebelle est visuellement très beau - des décors magnifiques, des visages aux expressions humaines, des plans cartoon excellents - mais voilà, on a presque l'impression que Pixar a préféré la forme au fond, l'image à l'écriture tant le film repose sur une histoire assez banale, aux thèmes féministes honorables mais qui se perd dans des réflexions plus ou moins niaise sur la place de la femme - non pas que ce que dise le film soit faux, mais que le tout soit amené avec un côté un peu enfantin, si bien qu'on voit tout d'un coup se dégager un flot de bons sentiments absolument insupportables. Si Pixar a toujours fait des fins heureuses, elles n'ont jamais ou presque été niaise. Ici ça l'est. Câlin final, retournement de situation au dernier moment, plan final où tout le monde y va bien... Du cliché, et même pas au second degré. Pixar pour le coup fait pale figure face à son concurrent Dreamworks, qui dans le même genre, avait livré l'incroyable et innatendu Dragons il y a deux ans, qui déjouait les clichés pour finir avec une fin assez étonnante, le tout était mené avec un rythme orgasmique et laissait partager la magie que Rebelle n'arrive jamais à effleurer. On s'ennuie, on entend les gosses rigoler dans la salle quand les trois triplets roux font des bêtises bien lourdes. On peut aussi livrer un petit hommage à Patrick Doyle et à sa très bonne bande-originale, avec l'un des meilleurs thèmes principales composés pour un film de l'année pour le moment. Malgré des qualités techniques, le nouveau Pixar ne vole pas très haut : histoire banale et expédié, tsunami de bons sentiments insupportable, humour gamin - tout ce qu'on aime pas dans le cinéma d'animation est enchaîné à une vitesse qui nous ferait regretter Volt. Rien que ça.