De Damiano le film le plus connu est Gorge profonde, et franchement, ce Story of Joanna est pourtant meilleur.
Ce qui séduit d’abord ici c’est le parti pris esthétique. Le film est élégant, dans une tonalité « film en costume » affirmée, et le résultat est plutôt séduisant. Certes le budget ne devait pas être énorme, mais ça reste convaincant, avec une mise en scène solide, et quelques très beaux passages qui sauront surprendre dans un film de ce genre (la scène de ballet). Elégant, le film est aussi inondé par la musique d’Albinoni, et le résultat est tout à fait convaincant, car la musique se mêle bien à l’esthétique visuelle, et elle apporte ce qu’il faut de romance et de passion. A souligner que, curieusement, les scènes érotiques ou pornographiques ne sont pas le point fort du film. Malgré quelques séquences pas mal qui révèlent aussi certaines obsessions récurrentes du cinéma du réalisateur, ça reste un peu faible, avec un peu trop de gros plans intempestifs, que compense, en partie, quelques originalités ou séquences rares dans du porno de ce genre, comme une séquence d’homosexualité masculine.
Le casting ne présente pas de grosses vedettes du genre, et l’interprétation n’est pas non plus mémorable. Peu de personnages, puisqu’il n’y a en fait à l’écran quasiment que Jamie Gillis et Terri Hall. Cette dernière est nettement au-dessus de Jamie Gillis, elle arrive assez bien à rendre les émotions de son personnage (scène du coupage de cheveux), face à un Jamie Gillis fadasse, peu expressif, pas vraiment convaincant.
Le scénario reste assez ténu, avec de vraies lenteurs, surtout dans la deuxième partie. Un format moyen aurait été aussi bien. On sent la volonté de creuser un peu l’intrigue, de ne pas juste enchainer des scènes de sexe, mais au final les bonnes intentions ne sont pas complètement remplies. Par certains aspects j’ai trouvé que Story of Joanna cherchait à retrouver un peu l’âme des drames hollywoodiens classiques, tout en le matinant d’un érotisme BDSM soft et de porno hard. Le mélange montre une certaine ambition, mais Damiano n’est pas un grand narrateur, et ça se traine souvent malgré une durée courte. Les scènes de sexe sans doute un peu trop étirées ne sont pas pour rien dans ce sentiment de lenteur.
En conclusion, The Story of Joanna est un film hard recommandable pour l’amateur du genre. Damiano affiche la volonté de ne pas rester uniquement dans du basique, et pour le coup il affiche des ambitions absentes dans Deep Throat. Pas assez abouti pour pleinement séduire, mais c’est vrai qu’on aurait ça de nos jours dans le genre, ce serait bien ! 3