Avis sur Instants éternels

J'ai voulu le voir car d'après quelques images la photographie avait l'air assez géniale, notamment avec une utilisation de la lumière intéresante. Et puis bon, malheureusement cette lumière et cette photographie très stylisée (j'ai pensé parfois à du Sofia Copolla) c'est pas sur tout le film, c'est juste sur quelques plans par-ci par-là. Après, le film dresse le portrait d'une femme mais pas dans une très grande subtilité. En gros c'est une femme soumise à son mari qui la bat, qui la trompe, et puis elle c'est une victime qui ne peut absolument rien dire et rien faire. Elle trouve dans la photographie sa délivrance, mais même si ces passages là réservent de vrais jolis moments, ils sont distillés dans un film pas du tout mauvais, mais assez attendu et assez convenu. Bref, je m'attendais à mieux.

Reparti avec le prix du jeune public européen au festival nordique, ce film magnifique de Jan Troell est également un très beau portrait de femme. En suède au début du XXe siècle, Maria, femme au foyer d'un milieu modeste marié à un homme violent, volage et porté sur la boisson, se passionne pour la photographie. Le film bénéficie d'une reconstitution soignée, d'une image assez belle et des acteurs d'une rare justesse comme Maria Heiskanen bouleversante, Mikael Persbrandt impressionnant ou encore Jesper Christensen (Mr White dans Casion Royale et Quantum of Solace) touchant. Si le film souffre de quelques longueurs et qu'on pourrait lui reprocher un certain classicisme, qui n'a cependant pas été pour me déplaire, Instants Eternels est un film très émouvant et son classicisme rappelle que l'on ne fait plus de films de ce genre, ce qui est assez dommage car ce type de cinéma a ses qualités et on aimerait parfois en voir plus.