L’un des évènements les plus attendus de l’année… pour un film, au final, assez anecdotique. Non pas que "Prometheus" soit un mauvais film… loin de là ! Il commet juste l’erreur de ne pas tenir les promesses qu’il avait laissé entrevoir au cours des derniers mois. Il faut dire que le retour de Ridley Scott à la science-fiction (genre qui a fait sa renommée) avait été annoncé, dans un premier temps, comme un préquel du premier "Alien" (déjà réalisé par Ridley Scott) puis comme un film autonome qui partagerait l’ADN de son illustre prédécesseur et, surtout, qui était censé répondre à de nombreuses questions restées en suspens dans la saga originelle (l’origine du message de détresse reçu par le vaisseau Nostromo, une explication au mystérieux Space Jockey voire même une éventuelle apparition d’Alien sous une forme inédite). Et la première moitié du film, très riche en amorce et en clins d’œil (les voyages en hibernation, les extractions d’organisme par le ventre, la présence d’androïde, le retour de la Compagnie Weyland…), s’avère très rassurante puisqu’on imagine qu’on se retrouve sur la planète LV-426 avec la fameuse épave où les œufs d’Alien seront retrouvés et de certains organismes pouvant paraître familiers (dont une ébauche de facehugger). Mieux, Ridley Scott lève le mystère sur l’identité du Space Jockey (cet étrange squelette fossilisé découvert dans le premier opus) qui s’avère être un Ingénieur, un géant pâlot dont le peuple a créé l’humanité. C’est d’ailleurs ces Ingénieurs qui sont au centre de toutes les attentions du scénario, les protagonistes rêvant de percer le secret de la création de l’Humanité en les rencontrant. Dès lors, on ne peut qu’être frustré par le refus des scénaristes d’éclaircir certains points obscurs. A titre d’exemple, il faut se creuser pour imaginer les raisons de la colère des Ingénieurs à l’égard des Humains (visiblement dus à la présence d’un certain prophète barbu qui marchait sur l’eau) ou pour comprendre les motivations profondes de l’androïde David. A l’instar du dernier "Spider-Man", les producteurs ont visiblement décidé d’en garder sous la pédale pour les futures suites… quitte à priver ce "Prometheus" de nombreux éléments scénaristiques qui l’auraient considérablement amélioré. Car, une fois sorti de la salle, on comprend qu’on ne se trouve pas sur la bonne planète, que le vaisseau des Ingénieurs n’est pas l’épave du premier "Alien"… et que donc, ce film n’apporte quasiment aucune des réponses prévues. Les fans seront donc immanquablement déçus et verront davantage dans ce "Prometheus" un vague remake de "Mission to Mars", avec ses questions existentielles et sa philosophie bon marché. Ce serait cependant un jugement particulièrement sévère auquel je ne me livrerai pas, n’étant pas non plus un fan inconditionnel de la saga "Alien". Car, Ridley Scott est loin d’être manchot et son "Prometheus" dispose de magnifiques atouts, à commencer par une photographie superbe (participant au réalisme saisissant du film), des effets spéciaux irréprochables, une mise en scène qui ne souffre pas de baisses de rythme, le caractère très abordable de son intrigue (dont on pouvait craindre les débordements métaphysiques) et des séquences particulièrement spectaculaires et souvent oppressantes. Quant au casting, on retrouve quelques-uns des nouveaux seconds rôles incontournables d’Hollywood parmi lesquels Noami Rapace en scientifique idéaliste (qui s’inscrit dans la lignée d’Ellen Ripley), le fantastique Michael Fassbender en androïde (qui n’a rien à envier aux Ash et Bishop de la saga originelle), l’empathique Idris Elba, le détestable Sean Harris ou encore la découverte Logan Marshal-Green. A l’inverse, Charlize Theron se contente du minimum syndical (un peu oublié, il est vrai, par les scénaristes ou par le monteur, son rôle semblant épuré de toute complexité) et Guy Pearce semble visiblement perdu avec ce maquillage de vieillard franchement ridicule pour une production de cette envergure. "Prometheus" restera donc comme un exemple rare de spin-off insatisfaisant parvenant, malgré tout, à être un film de science-fiction franchement réussie. Il y a cependant fort à parier que ce premier opus sera réévalué après la sortie de sa future suite (provisoirement baptisé "Paradise"). Mais il faudrait que les producteurs hollywoodiens pensent d’abord à livrer le meilleur film possible avant d’envisager une suite.