Antonioni part rejoindre les sirènes baba-cool au-delà de l’Atlantique, quand Mai 68 a gagné l’Amérique et construit sa lutte contre le rigide Nixon. Sur les traces d’Easy rider, son Zabriskie point reprend là où il l’a laissé son éloge de toutes les libertés. Liberté de l’amour charnel, liberté d’emprunter, de hurler, de manifester, liberté de narguer la police, liberté des drogues douces, liberté de s’enfuir n’importe où. Grands espaces, longues jambes nues, doux psychédélisme et jeunesse perdue. Après l’entrée en matière, un peu foutraque, où le spectateur tarde à savoir qui suivre, une love-story se dessine entre Daria Halprin, danseuse en semaine et actrice le dimanche, et l’artiste maudit Mark Frechette, qu’on ne reverra plus que dans l’excellent Les hommes contre, avant qu’il ne parte s’inscrire au tristement connu club des 27. Mais en 1970, c’est encore l’insouciance, c’est l’heure des orgies dans les rocs, des survols du désert immense, de Pink Floyd et ses clips brutalement insérés. On repère immédiatement le film culte, l’œuvre d’une génération, comme l’était avant lui son ainé en Harley – mais de même, le montage maladroit, la relative vacuité du récit, en font un nouvel objet d’adoration lui aussi un peu vain. Peut-être après tout est-ce une règle du genre.